ITIE 2023 – Thialy Faye aux députés : »Faites parler les chiffres pour le peuple »
Le Comité national ITIE Sénégal a organisé, ce mardi à l’Assemblée nationale, un atelier de présentation du 12e rapport ITIE couvrant l’année 2023, accompagné des données marquantes du premier semestre 2024. Devant une assistance composée de députés, notamment le président de la Commission Énergies et Ressources Minérales, ainsi que de représentants de la société civile, des médias et de partenaires techniques, le président du Comité, M. Thialy Faye, a livré un discours engageant et empreint de responsabilité.
Prenant la parole pour la première fois dans l’hémicycle, M. Faye a salué l’accompagnement constant de la coalition « Publiez Ce Que Vous Payez – Sénégal » (PCQVP), du programme PASC, et de l’ensemble des parties prenantes engagées dans la promotion d’une gouvernance extractive fondée sur la transparence, la redevabilité et l’inclusion. Il a rappelé que depuis l’adhésion du Sénégal à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) en 2013, le pays a franchi d’importantes étapes vers une meilleure gestion de ses ressources naturelles.
Le président du Comité national est revenu sur les performances du Sénégal lors de la dernière validation ITIE en 2021, qui lui avait valu un score de 93 sur 100, qualifié de « très élevé » par le Secrétariat international. Il a ensuite insisté sur les enjeux liés à la prochaine validation prévue en juin 2025, selon la norme ITIE 2023, bien plus ambitieuse que les précédentes. Cette nouvelle norme intègre notamment des exigences liées à la lutte contre la corruption, à la transparence des propriétaires réels des entreprises et à la prise en compte des défis de la transition énergétique.
Ce contexte exigeant justifie, selon M. Faye, la tenue de l’atelier au sein même de l’Assemblée nationale, un lieu hautement symbolique où se joue le contrôle démocratique. Il a exhorté les parlementaires à s’approprier les résultats de l’ITIE et à s’impliquer davantage dans le suivi et l’orientation des politiques publiques extractives. Car, a-t-il souligné, les données collectées, aussi précises soient-elles, n’ont de véritable impact que si elles suscitent un débat citoyen et conduisent à des actions concrètes.
Le rapport présenté met en lumière plusieurs avancées notables, dont l’amélioration de la divulgation des revenus extractifs, le renforcement de la participation de la société civile et une attention accrue à la transparence environnementale et sociale, à travers des initiatives de terrain comme la visite des communautés riveraines de GCO à Diogo. Cependant, il pointe également certaines faiblesses : des insuffisances dans la communication autour des plans de réinstallation et de réhabilitation environnementale, des écarts de perception entre entreprises et populations sur les niveaux d’indemnisation et les impacts sur la santé et le cadre de vie, ainsi qu’un besoin pressant d’instaurer des cadres de dialogue permanents pour prévenir les conflits.
Thialy Faye a insisté sur le fait que les enjeux du secteur extractif ne se limitent pas à des considérations économiques. Ils touchent profondément aux dimensions sociales, environnementales et intergénérationnelles du développement. Il a ainsi appelé à une mobilisation collective, où parlementaires, société civile, entreprises et communautés œuvrent ensemble pour faire des ressources naturelles un véritable levier de développement durable, plutôt qu’une source d’inégalités.
In fine, le président du Comité national ITIE a invité les députés à porter la voix des citoyens dans toutes les décisions liées au secteur extractif et a réaffirmé la volonté de son institution de travailler étroitement avec le Parlement pour consolider les acquis et renforcer la gouvernance dans un esprit de transparence, au service du peuple sénégalais.
