[Interview] Ibrahima Lissa Faye, journaliste:  » la maison de la presse est hypothéquée et accaparée par des politiques »

Le président de l’Apel, l’Association de la presse en ligne, Ibrahima Lissa Faye, membre actif de la Coalition de l’association de la presse (Cap) lance un appel à tous les Sénégalais de venir rallier à leurs cause et interpelle l’Etat du Sénégal à respecter ses engagements pour une meilleure condition de travail des journalistes. Accroché par Senego,  le directeur de publication de Pressafrik a, par ailleurs, défendu les patrons de presse soulignant qu’ils sont plus peinés par cette situation.

 

Des reformes sont prévues par la Cap sur la publicité et la maison de la presse….

Il faut qu’on sache les statuts des agences qui gèrent ces publicités. En outre il faut réguler le contenu de la publicité, la publicité qui agresse, la publicité mensongère, il y a un tas de problèmes qui affecte les médias. Elle mérite d’être reformée, car il y a une loi en 1980 sur la publicité.

En ce qui concerne la maison de la presse, aujourd’hui elle est hypothéquée et accaparée par des politiques qui font la pluie et le beau temps. Cela ne peut pas continuer (il insiste). Il faut qu’elle revienne aux professionnels des médias; comment elle doit être gérée. Récemment lors du dernier conseil des ministres, il y a eu un nouveau décret sur le statut de la maison de la presse. On verra d’ici peu quelles sont les reformes apportées.

Que répondez vous à ceux qui disent que tout ce bruit, c’est pour recevoir l’aide à la presse?

Nous sommes contre l’aide de la presse telle qu’elle est distribuée. C’est vrai que cet argent règle une partie des problèmes, mais ce n’est pas au centre de toutes les questions. L’aide de la presse est une goutte d’eau dans la mer. Il faut qu’on arrête de tirer sur les patrons de presse. Ils sont plus peinés par cette précarité. S’il y avait pas de patrons de presse, il n’ y aurait pas d’entreprises de presse. Il faut que tout le monde s’y mette; s’il y a gain de cause, tout le monde va y trouver son compte. On ne se bat pas seulement pour les patrons de presse, ni pour les journalistes, ni pour les photographes. On se bat pour toute la corporation.

Quelles sont vos attentes sur cette marche du 03 mai ?

Nos attentes… les journalistes, les techniciens, les reporters photographes, tous les citoyens épris de justice sociale viennent nous rejoindre à cette marche pour que l’Etat se penche sur les problèmes de la presse et qu’on trouve une solution. Il faut consolider les acquis de la presse et permettre aux acteurs du métier de profiter pleinement. Et il faut arrêter de jeter la pierre aux patrons de la presse, cette marche est pour l’ensemble des acteurs du métier.

Qu’avez vous tiré des visites auprès des chefs religieux notamment chez Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké et Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine ? 

En fait! ce sont des citoyens, de hautes autorités qui sont partis les voir pour les prévenir du danger qui guette notre pays, car la presse est laissée à elle même. Une presse précarisée, c’est une démocratie en danger. Il fallait y aller pour alerter tous les citoyens, la société civile, les chefs religieux, les corps diplomatiques et le gouvernement. Cette visite a été une première étape. Maintenant il reste cette marche, aujourd’hui, qui va clôturer un ensemble d’action. Et on verra si nos revendications seront prises en compte: le vote du code la presse, la gestion de la maison de la presse et le respect de la loi.

Le code de la presse sera bientôt étudié par l’Assemblée nationale a révélé le président de la République, est ce une pré-victoire pour la Cap?

On ne peut considérer que c’est un combat qui a été gagné. Le code, à lui seul, ne suffit pas. Car il s’accompagne de treize (13) décrets d’application et sans ces décrets le code est vain. Ce que nous voulons; c’est que le code soit voté et qu’on se penche rapidement sur les décrets d’application. Il est temps que les journalistes aient un avenir meilleur…

La maison de la presse et le Cesti ont organisé à la même heure de la marche un panel sur le dialogue intergénérationnel, regards croisés, cela ne justifie pas que cette question est loin de faire l’unanimité de la presse?

C’est une politique pour semer la zizanie dans la tête des acteurs de la presse. C’est pourquoi ce panel a été organisé à la même heure que la marche. Les étudiants du Cesti ont été conviés à la manifestation. Les écoles et toutes les entreprises de la presse ont été invités. Les gens sont beaucoup plus concernés par l’avenir de la presse, ce n’est qu’une diversion. Ceux qui iront là bas ont le droit. Et ceux qui seront à la marche sont aussi responsables. Ce sont de vrais militants à la cause de la presse pour que cette situation change…

 

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