Ils ont «tué » la République, qu’ils creusent à présent leur «tombe» (Par Bacary Domingo MANE)

Ils dansent, exultent, poussent des cris de joie, parfois narguant la victime sans défense, et exhibant le scalp à la chevelure poivre et sel. La République est à terre, leur ennemi juré, n’échappera pas à leurs crocs, limés pour l’occasion, pour mieux arracher la chair fraîche et saignante. Les vautours ont volé son cœur pour l’achever.

La scène est ahurissante. Les vampires ont formé un cercle autour du feu consumant, flamme après flamme, leur «proie». Un concert de cris à chaque crépitement du feu de camp, suivi de salutations à l’endroit du chef qui a béni leur présence à la veillée satanique. Pendant ce temps, la victime se bat contre la mort. La viande fraîche et tendre de la République aiguise leur appétit insatiable. Ce qui explique leur impatience à attendre que l’âme de la victime se détache de son corps, pour assouvir leur faim de loup.

Le rituel se déroule loin des regards mais sous la supervision du maître des lieux à qui l’on a confié la garde de la République. C’est un demi-dieu qui règne sur ses sujets soumis et protégés, quel que soit le degré de la faute commise. Ce sont des cris de joie, ponctués de murmures et de silences. Intrigant ! La ruse du Diable est en train d’opérer, en prenant possession de ces corps inoculés du sang de l’orgueil, de la vanité et de la cupidité.

Dans le creux de la nuit, l’écho des murmures sombres raconte au peuple presqu’endormi, l’histoire des coffres vides du TRESOR. La Cour des Comptes aligne les désillusions dans un rapport de 55 pages. La vérité dévoilée fait froid dans le dos.

Les travaux de la Cour ont permis de relever des discordances sur les données de l’amortissement, de l’encours de la dette publique et des disponibilités bancaires ; des anomalies constatées dans les surfinancements ; des pratiques impactant la trésorerie de l’Etat ; – des manquements dans la gestion des dépôts à terme (DAT) ; un reliquat de l’emprunt obligataire (Sukuk SOGEPA) de 2022 non versé au Trésor public ; – une dette garantie non exhaustive ; une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire ; des déficits budgétaires supérieurs à ceux affichés dans les documents de reddition ; un encours de la dette supérieur au montant figurant dans les documents de reddition[1].

Celles et ceux qui ont toujours prétendu servir la République, se sont, hélas, servis d’elle. Parfois avec une violence inouïe qui en dit long sur le degré de leur cupidité. L’argent du peuple est pillé, pour alimenter des comptes bancaires, des paradis fiscaux ou des caves tenues loin des regards des membres de la famille. Ils sont riches, subitement riches et plus rien ne leur résiste. L’opulence créée à coups de détournements, de surfacturations et de commissions indues, fait le lit de l’ostentation et de l’arrogance.

Sous le ciel étoilé de leur cupidité, le peuple pris au piège du discours mielleux, regarde, impuissant, un horizon obstrué, à la recherche d’une seconde chance. Les veines de la République sont rompues par leur quête permanente de jouissance, son sang précieux est versé pour arroser des festins d’égarements.

Ils ont «tué » la République, qu’ils creusent à présent leur «tombe» à ses côtés. Ils doivent avoir le courage d’assumer leurs actes.

Bacary Domingo MANE (Mondeafrik.com)