La Société des journalistes (SDJ) de l’Agence France Presse (AFP) a lancé un cri d’alarme concernant la situation critique des reporters à Gaza. Ces derniers, pigistes et collaborateurs de l’AFP, sont confrontés à la famine et à des conditions de vie extrêmement précaires, selon un communiqué publié lundi.
Des journalistes au bord de la famine
D’après la SDJ, l’AFP travaille avec une pigiste texte, trois photographes et six pigistes vidéo à Gaza, qui constituent quasiment les seuls reporters encore présents sur place. Leur situation est décrite comme dramatique, marquée par la malnutrition et l’extrême pauvreté. « Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir », avertit la SDJ.
Le témoignage de Bashar, collaborateur de l’AFP depuis 2010, illustre la gravité de la situation. « Je n’ai plus la force de travailler pour les médias. Mon corps est maigre et je ne peux plus travailler », confie-t-il. Bashar vit dans les ruines de sa maison avec sa mère, ayant perdu quatre de ses frères et sœurs ainsi que la famille d’un de ses frères. Il a récemment rapporté que son frère aîné était décédé des suites de la faim.
Des conditions de travail inhumaines
La SDJ souligne que les salaires versés par l’AFP sont insuffisants face à l’inflation galopante et à la pénurie de biens essentiels. Les commissions sur les transferts d’argent atteignent 40%, obligeant les reporters à se déplacer à pied ou en charrette. Ahlam, une autre journaliste de l’AFP, témoigne : « À chaque fois que je quitte la tente pour couvrir un événement, réaliser une interview ou documenter un fait, je ne sais pas si je reviendrai vivante ».
Le manque de nourriture et d’eau est le principal problème, selon la SDJ. « Pour la première fois, je me sens vaincu », a écrit Bashar, ajoutant : « Je souhaiterais que M. Macron [Président français] puisse m’aider à sortir de cet enfer ».
Ahlam, quant à elle, affirme : « J’essaie de continuer à exercer mon métier, à porter la voix des gens, à documenter la vérité face à toutes les tentatives pour la faire taire. Ici, résister n’est pas un choix : c’est une nécessité ».
Un appel à l’aide internationale
La SDJ conclut son communiqué en soulignant le caractère inédit de la situation : « Depuis que l’AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim ».
Selon la Fédération internationale des journalistes, au moins 229 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza depuis octobre 2023, beaucoup d’entre eux étant victimes de frappes israéliennes. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) décrit cette période comme l’une des plus meurtrières jamais enregistrées pour la profession. L’armée israélienne mène une guerre dévastatrice à Gaza depuis le 7 octobre 2023, ayant causé plus de 58 700 morts et 140 485 blessés. Le blocus imposé par Israël empêche l’entrée de nourriture, de médicaments et d’énergie, aggravant la crise humanitaire.