France : Un déficit public record en 2024 inquiète les autorités
Le dérapage des comptes publics français à la fin de l’année 2023 et tout au long de 2024 a atteint un total de 66,8 milliards d’euros, comme détaillé dans une note de la Direction générale du Trésor (DGT) publiée le 20 janvier et divulguée par Mediapart. Ce dépassement est équivalent à plus d’une année de budget de l’Éducation nationale et dépasse les économies prévues par la réforme des retraites visant à repousser l’âge de départ à 64 ans.
En 2023, le déficit s’est élevé à 16 milliards d’euros, augmentant encore à 50,8 milliards d’euros en 2024. Le rapport entre le déficit public et le PIB a ainsi augmenté de 5 % à 5,5 % en 2023, et de 4,5 % à 6,1 % en 2024, bien que ces chiffres soient encore provisoires. Les données définitives seront publiées par l’Insee en mars. Pour faire face à cette situation, le Sénat et l’Assemblée nationale ont lancé des enquêtes pour identifier les responsabilités politiques dans cette dérive.
Au Sénat, la mission d’information de la commission des finances, sous la présidence du socialiste Claude Raynal, a été la première à signaler le risque de dégradation des comptes publics au printemps 2024. Dans le même temps, à l’Assemblée nationale, la commission des finances dirigée par le député LFI Éric Coquerel a créé une commission d’enquête sur la situation, qui auditionnera Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée.
À propos de cette situation, la DGT reconnaît que les effets d’une « situation exceptionnelle sur le plan macroéconomique » en 2023 ont été mal évalués. Cette année-là, deux événements significatifs ont eu un impact : une inflation élevée atteignant 4,9 % et un resserrement monétaire sans précédent. Ces conditions ont entraîné une baisse des recettes, créant un déficit de 20,7 milliards d’euros en 2023.
En 2024, le manque à gagner a dépassé 40,1 milliards d’euros. La DGT précise que cet écart s’explique en partie par la répercussion des problèmes de 2023, les prévisions fiscales s’appuyant sur les chiffres de l’année précédente. Ainsi, une fois encore, la croissance économique escomptée n’a pas été au rendez-vous avec seulement 1,1 % contre les 1,4 % attendus. Les recettes fiscales, telles que l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, ont été sous-évaluées, entraînant un déficit public parmi les pires de l’Union européenne, seule la Roumanie enregistrant un déficit plus important.
La France se place désormais comme le troisième pays le plus endetté de l’Union européenne derrière la Grèce et l’Italie, avec une dette publique atteignant 113,7 % du PIB, soit 3 303 milliards d’euros à fin septembre. Ce rapport a été initialement rapporté par notre confrère Majdi Ismail sur le site d’Anadolu.