À Paris, Bernard Squarcini, ancien directeur de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), est jugé au tribunal judiciaire pour des accusations de « trafic d’influence passif » et de « compromission du secret de la défense nationale ». Les révélations apportées par Le Monde précisent que neuf autres personnes sont également impliquées dans une affaire mêlant espionnage et luxe.
Bernard Squarcini, surnommé « Le Squale », est soupçonné d’avoir abusé de son poste entre 2008 et 2012 pour favoriser le groupe LVMH, sous la direction de Bernard Arnault. Parmi les accusations, Squarcini aurait utilisé ses équipes pour traquer un maître-chanteur menaçant Arnault. Après son départ de la DCRI, il aurait continué à recueillir des informations confidentielles qu’il fournissait à des entreprises privées, comme LVMH, en échange de rémunérations.
Selon Le Monde, les coaccusés comprennent d’anciens policiers et un préfet, suspectés d’avoir relayé les demandes de Squarcini. Parmi les affaires citées, on trouve une plainte d’Hermès contre LVMH pour « délit d’initié » et « manipulation de cours », qui aurait suscité des actions d’espionnage. Le procès soulève aussi des accusations d’espionnage contre le député François Ruffin et son journal « Fakir », à l’époque où il préparait le documentaire « Merci patron ! ». Les enquêteurs estiment que des infiltrations ont été organisées pour contrecarrer une manifestation lors d’une assemblée générale du groupe en 2013, opération qui aurait coûté plus de 400 000 euros.
Bien que Squarcini soit jugé pour onze chefs d’accusation, LVMH n’est pas poursuivi. Selon Le Monde, une convention judiciaire d’intérêt public, signée en 2021, a évité des poursuites au groupe en échange d’une amende de 10 millions d’euros. Bien que Bernard Arnault, PDG de LVMH, ait été entendu comme témoin en 2019, aucune preuve directe de son implication n’a été trouvée. François Ruffin, partie civile, souhaite son témoignage lors du procès programmé pour les 20 et 21 novembre, cherchant à élucider les missions confiées à Squarcini.
Ce procès, qui se poursuivra jusqu’au 29 novembre, met en lumière les liens complexes entre le pouvoir, l’intelligence économique et les grandes entreprises, soulignant l’absence notable des commanditaires dans cette affaire, selon Le Monde.