Endettement du Sénégal : Légitime ou excessif ? Le Dr Sarr recadre le débat

La récente interpellation du député Thierno Alassane Sall sur ce qu’il qualifie de « recours excessif à l’endettement » continue de faire réagir. Alertant sur la multiplication des émissions d’emprunts, notamment sur les marchés financiers, le parlementaire pointe un risque de surchauffe financière. Mais pour le docteur Seydina Oumar Sarr, économiste, la gestion actuelle de la dette obéit aux règles légales et budgétaires en vigueur.
« Le débat autour de la dette est souvent trop émotionnel », tempère-t-il mardi sur rfm. « Or, juridiquement, le gouvernement agit dans le cadre défini par la loi de finances. »
En effet, rappelle-t-il, la loi de finances adoptée en décembre dernier autorise l’État à emprunter jusqu’à 4 500 milliards de francs CFA sur les marchés financiers. Une disposition clairement inscrite à la page 33 du document budgétaire.
« Cette autorisation vient du Parlement. Tant que l’État respecte cette limite, il est dans son droit. »
Le chercheur souligne par ailleurs que cette enveloppe englobe aussi le remboursement de dettes antérieures, et ne concerne pas uniquement de nouveaux financements.
Emprunter, oui… mais pour quels projets ?
S’il reconnaît la légitimité du recours à l’endettement, le docteur Sarr insiste sur un point essentiel : l’utilisation des fonds.
« L’endettement est justifiable s’il finance des projets à fort impact. Mais pour le moment, nous n’avons pas encore les détails sur les projets concrètement financés cette année. »
Il rappelle que l’évaluation effective dépendra des rapports d’exécution budgétaire à venir, ainsi que de la prochaine loi de finances.
Un bémol tout de même : la lenteur dans la mobilisation des ressources. Selon lui, ce retard a pu limiter la capacité d’action de l’État dans un contexte de tension budgétaire. Mais sur le plan légal, conclut-il, aucun manquement n’est à signaler à ce stade.