« Ecole sénégalaise : des efforts faits, d’autres à faire encore »…

Les élèves vont reprendre le chemin des établissements scolaires. C’est une occasion pour nous de souhaiter une bonne année à toute la communauté éducative. L’école sénégalaise, de par son importance capitale dans le développement de la nation, mérite toute l’attention de la part des différents acteurs : Etat, collectivités territoriales, enseignants, élèves et parents.

Depuis notre accession à la souveraineté internationale en 1960, l’école sénégalaise a connu des hauts et des bas qui ne l’ont pas empêché cependant d’être une véritable pépinière de cadres ayant étalé partout dans le territoire national et dans le monde leur savoir et leur savoir-faire.

Dans un contexte de compétition et de concurrence créées par la mondialisation, nous devons jeter un regard sur les efforts déjà faits par les pouvoirs publics pour l’école et les défis à relever pour une amélioration de la prise en charge de l’éducation de nos enfants qui constituent l’avenir de notre chère nation. Qu’est-ce qui a été fait ? Qu’est-ce qui reste à faire ? Jetons un petit regard sur la situation de la prise en charge de la question éducative depuis 2012 avant de nous pencher sur les efforts qui doivent être faits pour une éducation de qualité dans l’élémentaire, le moyen et le secondaire.

I. DES EFFORTS FAITS DEPUIS 2012

Depuis 2012 et l’élection du président SEM Macky Sall à la tête du pays, un accent particulier est mis sur le renforcement de la carte scolaire pour faciliter la formation des enfants. Pour une meilleure qualité du service public de l’éducation, il a été décidé la systématisation des contrats de performance dans les établissements scolaires et des plans d’action qualité dans les inspections.
Pour éradiquer les abris provisoires dans le moyen secondaire, plus de 65 milliards de FCfA sont déjà investis. Le résultat se traduit par une baisse de la proportion d’abris de 18 % en 2012 à moins de 7 % en 2019. L’Etat a déjà procédé à la construction de 1003 collèges, 845 blocs scientifiques dans les lycées et CEM, 1672 blocs d’hygiènes, 340 écoles élémentaires, 36 lycées et 185 daaras, sans compter le programme de 6300 salles de classe déjà entamé.

Pour booster l’enseignement des sciences et de la technologie, un montant de 8 milliards est prévu pour la construction de 20 BST dont 7 sont déjà réceptionnés et la réhabilitation des 8 BST qui existaient avant 2012. 800 millions sont déjà dégagés pour concevoir des Ressources numériques en philosophie, en mathématique et en sciences physiques pour les classes de Terminale principalement (2 000 appareils : tablettes, ordinateurs, mallettes pédagogiques, serveurs).

Le sous-secteur de l’élémentaire accueille 7 800 salles de classe et 1 114 blocs d’hygiène pour un coût de 49,5 milliards de FCfa. 6 500 000 manuels scolaires et cahiers d’intégration sont distribués gratuitement pour un coût global de 8,6 milliards. Pour la correction des disparités régionales, 200 nouvelles écoles élémentaires sont construites dans les 25 départements les moins scolarisés et 49 collèges clés-en-main sont créés au niveau des zones frontalières.

La lutte contre les violences faites aux filles est une priorité du Gouvernement, d’où la création de bureaux genre dans les seize Inspections d’Académie du Sénégal pour sensibiliser sur les différentes formes de violence envers les filles. A cela il faut ajouter le relèvement du taux de recrutement des enseignants, l’augmentation des effectifs de personnels enseignants de 7 481 enseignants et la transparence plus soutenue dans les concours, devenus plus rigoureux.

Le secteur de l’éducation a également enregistré des avancées importantes dans la satisfaction des revendications des enseignants, à savoir :
– l’indemnité de logement qui augmente substantiellement avec : 40 000 francs de plus (15 000 francs en octobre 2018, 10 000 francs en janvier 2019 et 15 000 francs en janvier 2020) ; ce qui portera le montant de l’indemnité de logement des enseignants à 100 000 francs ;
– le projet de mise en application des passerelles professionnelles ;
– l’accélération de la signature des actes d’avancement et de reclassement ;
– la démocratisation véritable du mouvement des enseignants ;
– la tenue à date échue des élections de représentativité ;
– le Grand Prix du Président de la République pour l’Enseignant ;
– la célérité dans le paiement des indemnités de déplacement et de correction des examens (en 2018, les indemnités liées aux examens sont pays dès le mois d’octobre, une première au Sénégal). 41,2 milliards de francs CFA ont été payés aux titres des engagements du gouvernement pour le secteur de l’enseignement sans compter les 8 milliards payés aux titres des cotisations sociales.

Cependant des efforts doivent encore être faits. Face à la demande de plus en forte, à l’exigence des syndicats d’enseignants en ce qui concerne leur carrière et à la nécessité d’une adéquation du système éducatif avec le marché de l’emploi, que faut-il améliorer ?

II. D’AUTRES EFFORTS À FAIRE POUR AMÉLIORER L’OFFRE ÉDUCATIVE

L’augmentation des possibilités d’absorber le nombre croissant d’élèves est un défi de taille. La construction de nouvelles infrastructures scolaires doit connaître un coup de fouet, surtout dans le domaine de la rapidité d’exécution des chantiers car la population, par sa croissance toujours élevée, n’attend pas. Cette construction de nouvelles écoles doit se soucier d’une bonne répartition géographique pour une carte scolaire équilibrée.

Un autre défi, de taille lui aussi, est la gestion de la carrière des enseignants qui a longtemps fait couler beaucoup d’encre, avec les enseignants décriant les lenteurs administratives qui retardent les avancements et les rappels de toutes sortes. Pour un règlement rapide de cette question, il suffit de rompre avec la traditionnelle centralisation administrative par la mise en place de directions régionales qui prendront en charge la question des avancements, notamment le recueil des dossiers des agents, leur traitement et leur acheminement vers le ministère de la Fonction publique et du Renouveau du Service public pour signature. Ce serait un gain de temps pour les pouvoirs publics et moins de dépenses, d’absences et de peines pour les fonctionnaires qui ne déserteraient plus leurs lieux de travail pour s’occuper de leurs actes.

Un autre défi à relever est la régularité du contrôle de l’action éducative sur le terrain. Cela passe par un renforcement des Inspections d’Académie et des IEF en moyens logistiques permettant une plus grande fréquence des inspections et un plus efficace renforcement des capacités des acteurs sur le terrain qui, souvent, sont laissés à eux-mêmes et font face à des situations complexes.
Il est vrai que l’Etat ne peut pas tout faire, que l’enseignant ne peut pas tout faire, que le parent ne peut pas tout faire. Alors pour tenir les enfants, quelle est la solution ? Elle est toute simple : une alliance stratégique de ce trio d’acteurs.

Si l’Etat, les éducateurs et les parents s’allient, l’éducation de nos enfants ne peut que se porter à merveille. Alors il faut que l’Etat, en tant qu’acteur imprimant le tempo dans le secteur de l’éducation, mette des conditions à mêmes de créer un cadre où l’enseignant et le parent lui apporteraient tout le soutien dont il a besoin. Il faut aussi que les enseignants et les parents cessent de se regarder en chiens de faïence.

Il est temps de rompre avec l’époque où, dans la tête du parent, l’élève est très bon s’il réussit, le maître est mauvais en cas d’échec. Il faut une plus grande présence des parents dans les écoles pour s’enquérir de la situation de leurs enfants. Faudrait-il signaler que dans la plupart des cas, le parent ne va à l’école que quand la progéniture est menacée par une exclusion pour mauvais résultats ou pour mauvais comportement. Il faut que le parent comprenne que l’enseignant est aussi un père social pour les élèves et que la confiance doit être de mise entre ces deux groupes qui doivent être complémentaires.

Enfin il faut que le trio des « trois P » (pouvoirs publics, pédagogues, parents), en charge de l’insertion des enfants dans la société, se fixe sur la cible collective : l’élève. L’Etat fait des investissements énormes pour… l’élève. L’enseignant cherche des connaissances très étendues pour dispenser un enseignement de qualité au profit de… l’élève. Le parent dépense des fortunes pour que son fils devienne le meilleur… élève. Des raisons simples pour que l’Etat, les enseignants et les parents fassent équipe. C’est donc par les efforts conjugués de tous les acteurs que l’école et l’université sénégalaises peuvent nous faire valoir plus de satisfaction à travers un capital humain renforcé dans un Sénégal émergent. En attendant de revenir dans un autre article sur l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, je souhaite une bonne année scolaire à tous !

Mamadou Moustapha FALL, Professeur,
Conseiller technique au Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur ; ministère des Affaires étrangères.
Email : moustaphaby2000@yahoo.fr.

COMMENTAIRES
    Publiez un commentaire