COP21: Les intérêts contradictoires de l’Afrique, Par Mamadou BADIANE

Tout le monde s’accorde sur les surenchères prêtées à l’avènement de la 21ème conférence des parties qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre à Paris. D’aucuns pensent que cet événement enregistrera les négociations de la dernière chance pour trouver des accords qui vont limiter les effets du réchauffement climatique anthropique. Un sommet salutaire à l’aune d’un tournant décisif au regard, d’abord, des incertitudes qui planent sur l’identité du prochain locataire de la maison blanche, de ce que sera son engagement sur la question climatique, mais ensuite, des disponibilités de l’empire du milieu, la chine, et du Pape François à prendre fait et cause pour une solution urgente, collective et radicale de la problématique des émissions de gaz à effet de serre.

En prélude à la Cop21, et face à Princesse ABZE DJIGMA, représentante secteur privé Africain, le Président Macky SALL, rappelant son discours aux nations-unies à l’endroit des partenaires du nord, disait : ‘’(…) Nous pouvons renoncer à ces énergies mais pourvu qu’on nous compense la perte de compétitivité due à ces énergies nouvelles et renouvelables (…) Alors qui va prendre en charge ? On ne va pas renoncer pour simplement dire que nous sommes de bons élèves. Si Paris n’est pas un succès, je vous garantis que ça va être la course aux charbons’’.

Cette allusion du Président de la CEDEAO faite au financement du climat à travers un fonds vert signifie, de façon explicite, que l’Afrique était prête à soutenir, éventuellement, des accords allant dans le sens de la réduction des émissions de carbone du continent.

Pour rappel, la Cop3 en 1997, avec le protocole de Kyoto, faisait injonction aux Etats signataires de réduire leurs émissions de gaz à hauteur de 5% d’ici 2012 par rapport à leur niveau de 1990. Washington avait refusé de signer les accords de Kyoto parce que les USA avaient un taux de croissance à tendance haussière au même titre que la Chine du reste. Et pourtant ces deux pays, à eux seuls, capitalisent 38% des émissions de gaz mondiales.

L’Afrique serait-elle obnubilée par un fonds compensatoire au point de vouloir renoncer à son industrialisation, à une forte croissance ? L’occident s’est développé faisant fi des considérations climatiques. Pourtant, Our commun futur, le rapport de Brundtland portant recommandations relatives à l’environnement mondial date  d’une trentaine (30) d’années.

Tout porterait à le croire en écoutant le Président Sénégalais : ‘’(…) Il faut qu’on alimente ce fonds à hauteur minimal de cent (100) milliards de dollar et ce n’est pas négociable. Si ce n’est pas fait, nous ferons comme tout le monde parce que nous avons une ambition de développement’’. Et si demain ce fonds était alimenté, Monsieur le Président, aurions-nous toujours cette ambition de développement ?

Par ailleurs, les changements climatiques peuvent générer des impacts socio-économiques néfastes sur les populations mondiales et principalement sur les plus vulnérables notamment sur celles des pays du Sud. Autrement dit, ils peuvent rendre volatiles les précipitations, impactant gravement les agricultures fragiles de nos Etats avec un lot de conséquences contraignantes pour tout développement.

Face à ce dilemme, l’Afrique gagnerait à faire bloc à Paris, non seulement, pour que les grands pollueurs alimentent le fonds vert mais surtout sans prendre aucun engagement de réduction de ses émissions de gaz parce qu’elle a besoin de s’industrialiser, de croissance forte donc d’énergies à moindres coûts pour atteindre ses objectifs de développement.

Mamadou BADIANE

Responsable GRAND PARTI DTK

Wasquehal, Lille

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