Contribution: Le civisme, une école à la prussienne
L’on a coutume de dire que « quand l’eau précieuse se verse, on ne perd pas de temps à se lamenter, on recueille plutôt le sable avide qui la boit ». Sénégalaises et sénégalais, le ton est déjà donné, depuis l’année dernière, par le président de la République quand il avait invité ses concitoyens à la levée des couleurs et au respect des symboles de la République. Ce fut un signal fort à l’endroit de tous pour un retour à une école à la prussienne en vue de promouvoir les valeurs dans toute leur globalité. En effet, dans le Sénégal d’autrefois, l’éducation civique et morale était une discipline, par excellence, qui enseignait des valeurs et des savoirs qui aidaient à la connaissance des institutions de la République, des symboles de la nation pour un comportement responsable des citoyens. Aujourd’hui, force est de reconnaître que bon nombre de sénégalais méconnaissent les symboles de la République.
Dans le passé, on a toujours appris à l’école que «honorer le drapeau, c’est honorer sa patrie » et chaque matin tous les élèves assistaient à la levée des couleurs en entonnant l’hymne national. Et c’est ainsi qu’on inculquait certaines valeurs civiques et morales aux enfants pour leur enseigner les fondamentaux de ce qui fait la force de la République. Malheureusement, quand on fait actuellement le tour de certaines localités, l’on constate que certaines pratiques inhérentes à la vie citoyenne ont tristement disparu au profit d’autres qui sont des contre-valeurs.
Souvent on entend dire «casse tout, c’est l’Etat qui paie», histoire de vous expliquer que l’on a tendance à banaliser le bien commun ou le service public : ce qui est chose gravissime du point de vue disciplinaire. Si nos pays tardent à se développer, il y a quelque part une responsabilité des citoyens qui ignorent que le bien public leur appartient. Très souvent, en cas de grève ou de manifestation, des assaillants prennent d’assaut tout ce qui appartient à l’Etat : ils brûlent, cassent, pillent tout ce qui est à leur portée. On ne pense qu’à soi-même et on ne défend que l’intérêt personnel, bafouant ainsi toutes les règles de politesse et de bonne conduite en société. Donc, un retour aux valeurs de partage et de solidarité est plus que nécessaire, aujourd’hui, pour susciter chez le citoyen le souci de privilégier les intérêts de la collectivité au détriment des siens propres.
Dans cette entreprise, l’Etat, en tant qu’autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble des populations, doit agir de façon plus rigoureuse. Un Etat fort, qui se veut moderne, doit se caractériser par son monopole de la violence légitime, c’est-à-dire l’usage légal de la contrainte sur les personnes. L’un des défis majeurs auxquels le régime actuel devrait s’attaquer, c’est l’éducation des mentalités. Il est regrettable de voir partout, à travers les rues, des gens uriner en plein air, jeter des ordures par-ci par-là, occuper anarchiquement les passages piétons offrant ainsi un décor désolant et hideux à notre cher pays, le Sénégal.
On ne peut pas construire un pays sans construire des citoyens prototypes. Il nous faut un nouveau type de sénégalais inspiré des grands marabouts et fils de ce pays, et non un NTS à la manière dont veulent nous l’imposer les gars de « Yamba Marre » (ils étaient férus du chanvre indien, dans le passé) ou plutôt « Y’en a Khaliss » (ils sont devenus subitement richissimes), ces gens dont les comportements sont aux antipodes des valeurs et vertus cardinales. En définitive, c’est par la connaissance des symboles forts qu’on acquiert une bonne éducation comportementale et c’est par cette même éducation qu’on prend conscience du bien public. Et, sans nul doute, cette dynamique ne peut prospérer que par une conscientisation au niveau scolaire et familial.
Professeur Madiagne TALL
Secrétaire à la communication du CED_DK/CCR
Responsable APR à la Patte d’Oie
Email : tallac.tall@gmail.com