La communauté chrétienne célèbre la fête de Toussaint ce mardi 1er novembre. La Toussaint, selon les Saintes écritures, est une manifestation de la communion des vivants avec les disparus. C’est à travers cette fête que l’Eglise catholique rend hommage à tous ses saints. Le cimetière Saint Lazare de Dakar a réfuté du monde ce matin du 1 er novembre. Parents amis, et proches sont venus témoigner leurs gratitudes et reconnaissances à leurs « saints ». Senego, par Ankou Sodjago y a fait un reportage.
Il est 7 h du matin, l’ambiance était a son comble. Difficile de passer sans bousculer ou se faire bousculer. Difficile de passer également entre vendeurs de fleurs, visiteurs et forces de l’ordre -la gendarmerie a été déployée en grand nombre pour assurer la sécurité des lieux-. Un moment de plaisir pour les commerçants.
L’émotion était visible chez les visiteurs
« Nous croyons qu’il y a, dans le Christ, un lien mutuel et une solidarité entre les vivants et les morts. C’est cela, d’ailleurs, que nous exprimons quand nous portons des fleurs et des bougies sur les tombes le jour de la Toussaint », dira Sœur Thérese Djolé, franciscain Missionnaire de Marie. Pour elle, ce jour est un moment de recueillement pour quémander à tous les saints de veiller sur les vivants. « Que le seigneur nous aide vraiment à nous unir à eux pour que la paix règne dans notre pays et dans ce monde », conclut la sœur en Christ.
Christine est présente à Saint Lazare avec des fleurs et des bougies pour démontrer une fois de plus son amour à sa défunte mère.
Madame Josiane Coly épouse Diémé s’est inclinée très tôt sur la tombe de son mari, décédé il y’a six mois. Habillée en noir et un foulard sur la tête, la mère de quatre enfants -trois filles et un garçonnet-, a dû mal à quitter la tombe : le cimetière. « Six mois après son décès, c’est pratiquement une vingtaine de fois que je me rends sur sa tombe », explique t-elle.
Maman Diémé dit avoir ordonné à ses enfants de rester à la maison. Pour elle, ils n’ont pas fini de faire le deuil du père de la famille,« parti très tôt ». « Ma présence à Saint Lazare aujourd’hui est spéciale, car le 1 er novembre marque, le devoir pour nous de garder vivant la mémoire de celles et de ceux qui nous précédent dans l’au-delà. C’est un moment pour nous de lever nos esprits, nos cœurs vers le ciel pour leur permettre d’avoir un repos éternel et de préparer ce lieux saints pour nous autres », espère Maman Diémé.
Les vendeurs de fleurs, bougies …
Il faut dire que la célébration de la fête de tous les saints est une tremplin pour les commerçants. Fleurs artificielles, en pots et naturelles, les artifices, les chapelets -le rosaire-, les bagues, colliers, bracelets, bougies, … Bref tout y était pour attirer l’attention des visiteurs. « A mon épouse, à mon père, à mon cœur chéri, à ma fille ou à mon fils, à toi mon seul et unique ami… », voici quelques écritures sur les artifices. De deux cents (200) à vingt mille (20 000) francs Cfa, les prix varient.
Pour Antoine Diatta, vendeurs juste à l’entrée du cimetière, les clients sont réticents le matin et pourront se manifester dans la journée. « Pour le moment, les clients sont timides, d’autres par contre estiment que nos marchandises sont chères. Alors que nous ne gagnons pratiquement rien avec ses prix fixés. Depuis six (6) heures du matin que nous sommes venus, pratiquement nos poches ne sont pas encore remplies », lance le vendeur d’un air décontracté aux reporters de Senego.
…les peintres et nettoyeurs se frottent les mains
Cette fête, est une occasion pour les nettoyeurs et peintres de se faire de l’argent. Ainsi, sont-ils déployés en nombre dans le cimetière de Saint Lazare pour proposer leur service aux visiteurs. « Nous avons commencé à débroussailler le cimetière depuis près de deux (2) semaines. Ce sont les familles des défunts qui nous ont contacté pour cette opération. Peindre et décorer une tombe coûte entre trois mille (3000) et dix mille (10000) franc CFA, tout dépend des couleurs et de la tombe », affirme le peintre Moussa au milieu de ses pairs autour d’une tombe en passe d’être nettoyée et décorée.
Les peintres et nettoyeurs occasionnels n’en manquent pas
Jean affirme faire le nettoiement lui même pour prouver son amour à sa mère partie dans l’au-delà, il y’a exactement cinq (5) ans. « je suis ici depuis 7 heures du matin pour nettoyer la tombe de ma maman chérie partie nous laisser seuls dans la solitude depuis 2011. J’ai été envoyé par mes sœurs et notre père pour mettre l’endroit au propre avant leur arrivée dans l’après midi. Ensemble nous allons prier de nouveau pour le repos de l’âme de Maman », souligne Jean, avec une voix à peine audible. Le gentleman, Jean ne pouvait plus se retenir, quand il s’adressait à nous. Il a dû laisser filer une goutte de larmes sur ses joues et pourtant il ne pleure pas, l’entretien est interrompu. Comme Jean, d’autres jeunes font le nettoiement des tombes eux-mêmes.
La sécurité était au rendez vous
Près d’une dizaine de camions de la gendarmerie ont été déployés sur les lieux. Approché, un gendarme sous anonymat a confié aux reporters de Senego qu’aucun incident ne s’est produit jusqu’à présent. « Néanmoins nous restons vigilants », dit le Gendarme.
Pour certains visiteurs, après le tour au cimetière, un moment de recueillement sera aussi observé à la maison, où la famille prendra le déjeuner dans une communion de fraternité avant la messe du soir.