Casamance – Mamadou Diamanka : « Me Abdoulaye Wade a chamboulé le processus de Paix… »

Mamadou Diamanka, natif de la Casamance, ancien président du conseil départemental de Kolda revient avec Senego sur la lancinante question de la rébellion casamançaise. Évoquant le processus tant mitigé de la réconciliation plusieurs fois avorté, Monsieur Diamanka indexe Me Abdoulaye Wade et appelle à la ré-implication des entités remarquables du pays, particulièrement celles du Sud. 

Ce conflit ne peut être réglé par les armes ni par les larmes

« On parle dans tous les sens sur le conflit Casamançais. Avec la tuerie de Boffa, beaucoup de personnes se prononcent sur la question, certains même vont jusqu’à proposer l’usage des armes pour venir au bout de ce mal. Je suis un membre actif de beaucoup de rencontres de négociations entre l’Etat du Sénégal et le mouvement Mfdc entre les années 1990 et 2000. Je pense qu’en tant que fils de la Casamance et en tant que témoin de tous les faits, que seule la négociation peut permettre de venir au bout de ce conflit, et pas avec un autre moyen, car l’utilisation des armes pourrait amener à un enlisement de ce conflit », a d’abord indiqué Monsieur Mamadou Diamanka, après avoir prié pour le repos des disparus de Boffa.

« Les gens doivent savoir raison garder sur ce problème. L’Etat du Sénégal, sous Abdou Diouf, et le Mfdc étaient loin dans ce processus de réconciliation. A l’époque, sous l’intervention des différents compartiments du pays, avec l’influence des sages et des identités remarquables du pays comme nous autres, Abdou Diouf avait pu contenir la rébellion en signant et en respectant un certain nombre d’accords qui avaient permis d’obtenir les résultats attendus.

L’usage des armes n’est pas à écarter, mais il faut mettre l’accent sur les négociations

Nous avons participé à plusieurs rencontres, surtout entre 1999 et 2000. Nous pensons que pour arriver à une paix définitive en Casamance, il faut mettre l’action sur les négociations, même si on peut jouer sur les deux claviers. Quelques fois faire appelle à l’usage de la force mais ne jamais écarter tous les éléments qui étaient impliqués dans le processus de réconciliation. Il y a beaucoup de groupes sur lesquels les autorités du Sénégal peuvent s’appuyer.

Nous avons eu des négociations qui avaient connu des progrès à la veille de l’alternance de 2000 avec le Général Lamine Cissé, qui était à l’époque ministre de l’intérieur, avec une délégation du gouvernement du Sénégal, mais aussi l’implication des parties garantes : La Gambie et la Guinée Bissau.  Il y’avait même des observateurs de l’Union Européenne.

Il y avait eu beaucoup de résolutions en différentes étapes qui étaient signées par le biais de ces négociations avec la participation de Abbé Diamakoune, des parties garantes de la Guinée Bissau et de la Gambie. Ces accords commençaient à trouver des pistes pour l’atteinte d’une paix durable en Casamance. Mais brusquement l’Alternance est arrivée et le président Wade, dès qu’il a pris le pouvoir, a écarté proprement tout ce qui était dans le processus de paix en Casamance, en promettant d’arriver à la paix en 100 jours, ce qui n’a pas été fait parce que simplement, dans la précipitation et dans l’euphorie de l’alternance, on a pensé régler le problème d’une manière ou d’une autre avec des messieurs Casamance qui n’ont rien réussis », a expliqué largement l’ancien président du conseil régional de Kolda.

Il y’a des gens qui politisent et qui veulent s’enrichir de cette rébellion

Pour El. Mamadou Diamanka, il ne faut jamais donner à ces personnes malintentionnées, les moyens de rallumer le feu en Casamance. En impliquant les personnes ressources, en premiers les fils de la localité, si l’Etat veut en finir avec ce problème.

A ce propos, il indique : « Il faut faire attention à ceux qui veulent s’enrichir de ce conflit mais aussi à toutes ces personnes qui veulent politiser ce conflit. Et ça c’est ma première approche. Ensuite, il ne faut jamais prononcer des propos incendiaires et impliquer toutes les identités remarquables de la Casamance et du pays tout entier si l’on veut vraiment venir à bout de ce conflit ».

« Nous recelons d’identités remarquables dans le pays. L’Etat du Sénégal doit aller à la recherche de ces identités qui sont prêts à apporter leurs contributions pour la recherche de la paix définitives en Casamance », a-t-il conclu.