Casamance: Des agriculteurs se tournent vers le cannabis pour vivre (vidéo)
Le petit village de Kafoutine est la porte d’entrée d’un univers de mangroves, d’un entrelacs de canaux qui s’étend tout le long de la côte atlantique, jusqu’au fleuve Casamance. Ici, le cannabis est une ressource économique essentielle.
La culture est illégale, et pourtant tous les champs sont réservés au chanvre. On peut comprendre. Il se vend 30 euros le kilo contre 70 centimes pour les oignons. « Si tu ne cultives pas (le chanvre), tu ne peux pas t’en sortir », explique à l’AFP un jeune cultivateur. Chaque parcelle peut produire 250 kg par récolte. Et la plante peut donner deux à trois récoltes par an…
Les rares visiteurs témoignent tous de l’omniprésence de cette culture. De gros ballots d’herbe sont stockés dans des hangars dans l’attente des revendeurs. Ces derniers viennent en pirogue chercher la cargaison.
Le trafic de drogue a largement servi à financer la rébellion. Il fournirait entre 60 et 70% des revenus du MFDC. La géographie l’a favorisé. Ainsi, les îles Karones, situées à l’embouchure du fleuve Casamance, sont un terrain idéal pour le trafic.
Terres isolées
Entourées par la mangrove, on ne peut y accéder qu’en pirogue, en parcourant un dédale de canaux. Les forces sénégalaises s’y aventurent peu. Les rares saisies sont pourtant impressionnantes et donnent une idée de l’ampleur du trafic. En 1995, trois interventions permettent de détruire plus de 180 tonnes de cannabis.
Ainsi, grâce à la Casamance, mais pas que, le Sénégal fait désormais partie des plus gros pays producteurs de cannabis d’Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria et le Ghana.