« Voudrait-on laisser à croire qu’au nord de la Casamance il y aurait autant de bases du MFDC que de villages frontaliers ? »

En tout cas, le cannabis, qui y poussait jadis à l’état sauvage, est devenu dans ce qui passait jusqu’alors pour un no man’s land la principale ressource, supplantant ainsi toutes les cultures vivrières cumulées. La Gambie voisine est sinon son seul du moins son principal débouché.

On peut observer le même phénomène dans les îles Karones, à la seule différence que cet archipel paradisiaque de la Casamance n’abrite aucune base du MFDC. Nul en effet ne saurait y être soupçonné d’être un « rebelle ». De sorte que la seule descente policière historiquement notée dans cette localité remonterait aux années 80.

Un jour viendra peut-être où la culture du chanvre indien à des fins médicales sera autorisée au Sénégal. Nul doute que le yamba made in Casamance sera alors de tout premier choix pour les grandes firmes pharmaceutiques.
En attendant, le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), qui ne communique jamais sur le sujet (et quand il s’y essaie il ne le fait que trop mal), continuera d’avoir bon dos dans la lutte contre le trafic frontalier de ce produit illicite.

Bien évidemment, naturellement devrais-je dire, le MFDC ne saurait être considéré ici comme un regroupement d’enfants de chœur.

Simplement, il y a comme une invraisemblance à suggérer que les saisies massives de cannabis, opérées récemment par l’Armée dans les villages de Massaran, Guinée Djadioubé, Elol et alentours et Djoundji, pour ne citer que ces villages frontaliers du nord de la Casamance, que donc lesdites saisies massives de drogue soient considérées comme un coup dur contre le MFDC ; sauf à admettre que l’État était littéralement absent de cette zone jusqu’alors et que le MFDC en était, jusqu’alors donc, l’unique administrateur.

Qu’à cela ne tienne, le résultat déclaré de la dernière campagne militaire de l’Armée dans le nord de la Casamance témoignerait de ce que les cartes y seraient rebattu et le jeu clarifié : l’Armée y serait désormais le seul maître et l’État rétabli dans sa toute-puissance et son autorité régaliennes, tandis que les trafics illicites transfrontaliers n’y seraient plus qu’un mauvais souvenir, au grand soulagement de toutes et de tous.

Aussi, sommes-nous en droit d’espérer que, maintenant que les opérations militaires de l’Armée dans cette zone sont terminées ou en passe de l’être, nous puissions définitivement passer à l’essentiel, soit la résolution politique et institutionnelle du problème éminemment politique et institutionnel de la Casamance.

Jean-Marie François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
Ancien Secrétaire Général du MFDC