Burkina Faso : Des manifestants réclament « justice » pour le journaliste Norbert Zongo

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, hier, à Ouagadougou, pour réclamer « justice » dans l’affaire du meurtre du journaliste d’investigation Norbert Zongo, en 1998, sous le régime du président déchu Blaise Compaoré, a constaté un journaliste de l’Afp.

Les manifestants, qui brandissaient des banderoles ou des pancartes où l’on pouvait notamment lire « Vérité et justice pour Norbert Zongo ! » ou « A bas les assassins et les commanditaires », ont effectué une longue marche à travers les artères de Ouagadougou pour exiger que la « lumière » soit faite sur l’assassinat du journaliste burkinabè. A l’origine de la manifestation de ce mardi, le « Collectif des organisations de masse et des partis politiques contre l’impunité » a dénoncé le « silence radio » des autorités gouvernementales.

« Le Collectif se donnera les moyens pour mener des actions fortes afin d’exiger l’instruction sérieuse du dossier Norbert Zongo et compagnons (…) ainsi que de l’ensemble des dossiers de crimes jusqu’ici impunis », a déclaré son président, Chrysogone Zougmoré, qui est également président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (Mbdhp), lors d’un meeting sur la Place de la nation. Dans un communiqué publié, l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (Rsf) demande, « dix-huit ans après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo (…), aux autorités burkinabès d’accélérer la procédure judiciaire, afin que l’assassinat du journaliste soit élucidé et que justice soit enfin rendue ». Rsf rappelle qu’une « décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, en mars 2014, avait, en effet, statué que le gouvernement burkinabè n’avait +pas agi avec la diligence due+ pour élucider l’assassinat du journaliste. Si les familles ont, aujourd’hui, été dédommagées, il reste à rendre la justice ».Sous Compaoré, le dossier Zongo s’était enlisé au niveau judiciaire, la justice ayant déclaré, en 2003, un « non-lieu » en faveur du seul inculpé. La justice a rouvert le dossier à la chute de M. Compaoré fin octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir.
Le 15 décembre 2015, trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de M. Compaoré – dissoute après sa tentative de coup d’Etat mi-septembre 2015 – ont été inculpés par la justice.

Ils font tous partie de « six suspects sérieux » – tous des soldats de l’ex-RSP – identifiés comme étant les personnes présumées impliquées dans l’assassinat du journaliste. Une instruction est en cours et la date de leur procès n’a toujours pas été fixée.