Des journalistes venus de plus d’une dizaine de pays africains ont convenu samedi à Grand-Bassam (Sud-ouest d’Abidjan) de la nécessité de mettre en place un réseau en vue d’approfondir la réflexion sur l’industrie du tabac sur le continent.
Selon l’Aps, ‘’Le réseau devrait permettre en réalité la création d’une plateforme d’échanges entre journalistes africains’’, a précisé le journaliste sénégalais, Aliou Goloko, lors du séminaire sur le thème : ‘’Comprendre l’environnement règlementaire du tabac en Afrique : Enjeux, Perspectives et quels rôles pour les médias ?’’
Des acteurs de l’industrie du tabac, des organisations de lutte contre le tabagisme et des experts de la sécurité ont pris part à cette rencontre organisée par le Groupe AllAfrica Global Média, éditeur du site allafrica.com et leader mondial de la distribution électronique d’informations sur l’Afrique.
Ce séminaire se tient en prélude de la prochaine Conférence des Parties à la Convention Cadre de l’OMS sur le Contrôle du Tabac (COP7) prévue du 7 au 12 novembre 2016 en Inde.
Aliou Goloko a souligné que l’objectif vise à amener les médias africains à prendre part au débat mondial portant sur la réduction de la nocivité du tabac et le trafic illégal du tabac notamment dans la zone sahélo-sahélienne.
Il a relevé l’enjeu économique de l’industrie du tabac ‘’en tant que pourvoyeuse de taxes importantes, en tant qu’employeur de beaucoup de personnes et de familles’’.
Le journaliste a fait part également de ‘’l’enjeu de santé publique que peuvent causer les méfaits du tabac’’, en faisant valoir que la future plateforme permettra aux journalistes africains de poser le vrai débat et à surtout identifier les vrais experts pour éclairer l’opinion sur certaines questions.
Cet atelier n’est rien d’autre qu’un coup monté par Philip Morris et les autres compagnies de tabac pour répandre leur désinformation. J’espère que dans le groupe au moins un journaliste a ouvert les yeux et s’est rendu compte qu’il était victime d’une grotesque tentative de manipulation. J’espère qu’au moins un d’entre vous s’est rendu compte qu’il n’y avait quasiment pas un mot de vrai dans ce qu’a dit le représentant de Philip Morris, qu’il ne faisait que répéter comme un perroquet la grossière propagande de sa compagnie.
S’il était possible de piéger les journalistes de la région aussi facilement, cela signifierait qu’il n’y a plus de journalistes. Car c’est justement le signe d’un bon journaliste de flairer instinctivement ce type de manœuvre. C’est le signe d’un vrai journaliste de ne pas se laisser manipuler. Un vrai journaliste sent tout de suite que quelque chose est louche dans tout ça (même si tout parait étrangement normal). Ça peut même lui donner l’idée d’une enquête, d’une vraie enquête de vrai journaliste. Il s’interrogerait sur les motivations réelles qu’il y a derrière cette affaire. Il se demanderait naturellement d’où provient l’argent qui a servi à financer cet atelier. Il vérifierait les informations auprès d’autres sources avant de les reproduire comme si c’était des faits indiscutables. Il serait totalement interloqué par la pression mise sur lui pour l’obliger à taire les noms des participants de l’industrie du tabac – censure sous le prétexte d’une quelconque règle britannique totalement sortie de son contexte – et refuserait de se plier à une telle exigence contraire à la déontologie de la profession.
Réveillez-vous, mesdames et messieurs les journalistes, ne soyez pas dupes de cette manœuvre, refusez de servir de pions à une industrie meurtrière, qui ne fait que semer la désolation, la misère et la maladie en Afrique – son « importance économique » n’est qu’un gigantesque mensonge. Comportez-vous en journalistes, en vrais journalistes, faites honneur à la profession, conservez votre capacité critique, et votre indépendance de jugement. Mettez votre compétence au service de l’information du public, pas à celui de la désinformation propagée par une industrie toxique. Et commençez par prendre pleinement conscience que cet atelier de Grand Bassam était un vulgaire piège dans lequel on a voulu vous entraîner…