Afrique: Makhtar Diop liste les facteurs qui freinent le développement de l’agriculture

Afrique: Makhtar Diop liste les facteurs qui freinent le développement de l’agriculture

Dans un entretien accordé à Forbes Afrique, Makhtar Diop a confié que l’Afrique fait face à plusieurs facteurs qui freinent le développement de l’agriculture. Le directeur général de l’IFC (Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale dédiée au financement du secteur privé) a essayé d’expliquer les défis majeurs entravant le potentiel agricole de l’Afrique.

Selon lui, l’agriculture est généralement perçue, dans ce continent, comme un secteur risqué, sans collatéral ni garantie, notamment avec les fluctuations climatiques qui affectent les productions.

« De plus, les banques traditionnelles de développement qui financent l’agriculture sont souvent sous-capitalisées. Et l’essentiel de leurs financements est dévolu aux cultures de rente (cacao, arachide, etc.), ce qui laisse très peu d’argent pour financer les autres filières de type légumes, céréales ou légumineuses, dont la valeur ajoutée est pourtant beaucoup plus élevée. Deuxièmement, on fait face à un problème d’infrastructures dans le secteur, et l’évacuation de la production constitue un problème dans la plupart des pays africains. Les programmes de pistes rurales restent insuffisants pour améliorer la situation, et l’évacuation reste globalement contrainte par le manque d’infrastructures adaptées », a-t-il confié dans l’interview exploitée par Senego.

L’ex vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures ajoute qu’il y a « un gros problème d’accès à la terre avec une réglementation autour de la propriété dont les régimes varient selon les pays, et qui génère souvent de nombreux conflits. Dans les pays francophones, le défaut, c’est que l’État, avec la loi sur le domaine national, est propriétaire de la terre et la donne aux communautés. Bien sûr un certain nombre de réformes ont été engagées, mais aucune n’a été menée à bien pour trouver le bon équilibre entre la petite propriété paysanne et la grande culture commerciale. Or, pour développer un pays, il faut les deux : la petite production paysanne, particulièrement importante dans le contexte africain, qu’il faut intégrer aux chaînes de valeur, mais aussi l’agriculture commerciale, qu’il faut aussi attirer et pour laquelle les questions liées à la gestion de la terre sont essentielles ».

Le Sénégalais dit également avoir observé un problème de technologie et d’innovation. Car, souligne-t-il, l’agriculture en Afrique est encore largement le fait de petits producteurs n’ayant pas les ressources nécessaires pour investir dans une technologie qui leur permettrait d’accroître leur productivité.

« Autre point important, le cadre réglementaire et les politiques économiques, qui ne sont généralement pas très stables. Or avoir un minimum de visibilité est particulièrement important pour les investisseurs sur le long terme dans un secteur où le retour sur investissement est long. Ce manque de stabilité affecte donc les capacités et la volonté de certains investisseurs de financer l’agriculture. Autre point lié aux infrastructures et à l’accès au marché, le manque de services de vulgarisation, dit agricultural extension services [ensemble des organisations qui facilitent et soutiennent les personnes engagées dans des activités agricoles pour résoudre les problèmes et obtenir des informations, des compétences et des technologies afin d’améliorer leurs moyens de subsistance et leur bien-être, NDLR]. C’est généralement l’État qui s’en charge, mais avec des moyens limités, ce qui ne permet pas aux paysans d’avoir le service nécessaire pour pouvoir augmenter leur production et leur productivité. Sans compter que le niveau de formation et d’éducation dans le monde rural étant beaucoup plus bas que dans le monde urbain, on a affaire à des gens moins qualifiés et donc moins aptes à adapter ces technologies et ces techniques si importantes pour le développement de l’agriculture. Et tout cela, malheureusement, dans un contexte où l’inégalité des genres est encore forte – particulièrement dans le secteur rural –, privant les femmes de l’accès à la terre et du capital nécessaire pour intégrer certains segments de la production agricole ».

5 COMMENTAIRES
  • Abdoulaye

    Il faut subventionner la production et non les intrants.

    • Delengue

      Et si on subventionnait les deux : production et intrants ?

    • Delengue

      Et si on subventionnait les 2 ? Production et intrants?

      • Abdarrahmane Dieng

        Mr pas besoin de être expere pour comprendre pourquoi toutes les banques st étrangères elles Marocaines Françaises et se sont ces qui inondent nos pays leurs produits Agricoles Toxiques.

  • Gabo

    Ce qui tue l’agriculture c’est surtout le manque de subvention de l’état aux agriculteurs ! Le gouvernement doit y aller progressivement en ciblant principalement au moins pour ce quinquennat la culture et la transformation sur trois produits essentiels le riz, l’huile et le sucre essentiel pour notre alimentation. Nous devons déjà viser l’auto suffisance sur ces trois produits.

Publiez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *