Tuerie de Boffa : La JDS exige le déplacement de Macky Sall à Ziguinchor

La Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme (JDS) se prononce sur la tuerie « incompréhensible » de treize personnes le samedi 06 janvier 2018 dans la forêt classée de Boffa Baillote (dans le département de Ziguinchor) par des éléments armés. Dans une déclaration, Babacar Diop et ses camarades « condamnent jusqu’à la dernière énergie cet acte barbare que rien ne peut ».

Les jeunes socialistes estiment que le président Macky Sall devait se déplacer lui-même pour présenter les condoléances de la Nation aux familles des victimes et, ainsi, joindre l’acte à la parole sur son attachement pour la paix en Casamance comme il l’avait indiqué lors de son discours à la nation du 31 décembre dernier. Ils reviennent également exhortent le gouvernement à concevoir un programme d’urgence pour la Casamance.

In extenso, la déclaration de la Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme (JDS)

 

Dieu sauve la Casamance !

C’est au moment où nous nous apprêtions à rendre publique cette déclaration portant sur les évènements tragiques qui se sont déroulés en Casamance que nous avons appris le rappel à Dieu de Cheikh Sidi Mokhtar Mbacké, le Khalife général des Mourides. C’est une perte immense pour le Sénégal et la Ummah. La Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme (JDS) présente ses condoléances les plus attristées à la communauté mouride et au peuple sénégalais. La JDS exhorte la classe politique à s’inspirer de l’œuvre de justice, d’équité et
d’humilité du saint homme. Cheikh Sidi Mokhtar Mbacké, homme de Dieu et de paix aurait sans aucun doute condamné la tragédie de Boffa Baillote.

La tuerie incompréhensible de treize personnes le samedi 06 janvier 2018 dans la forêt classée de Boffa Baillote (dans le département de Ziguinchor) par des éléments armés a plongé toute la nation sénégalaise dans la consternation. La Jeunesse pour la Démocratie et le Socialisme (JDS) condamne jusqu’à la dernière énergie cet acte barbare que rien ne peut justifier. La vie humaine est sacrée. Mais au-delà de l’émotion que ce massacre a suscitée, le drame révèle la vraie expression  des regrettables conventions hypocrites qui consistent à masquer derrière l’idéal emphatique d’un « Sénégal un et indivisible », la réalité des déséquilibres structurels qui ont fait le lit et continuent d’alimenter la crise sénégalaise en Casamance que la tuerie du samedi dernier vient rappeler. Il n’y a pas de paix sans justice. Malheureusement, le Sénégal est un pays où tout le monde invite à la paix en refusant de parler de justice.

Il faut se féliciter de la convocation immédiate par le Président de la République, Macky Sall d’un Conseil national de sécurité et de la décision qu’il a prise de décréter un deuil national de deux jours pour honorer la mémoire des victimes de l’attaque armée. Mais, les développements qui ont suivi cette mesure symbolique suscitent des interrogations quant à la sincérité des autorités sur le sort des populations du sud du Sénégal.

Nous considérons que, compte tenue de la nature du drame, le Président de la République ne devait pas mandater le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique la mission de venir au chevet des blessés. Il devait se déplacer lui-même pour présenter les condoléances de la Nation aux familles des victimes et, ainsi, joindre l’acte à la parole sur son attachement pour la paix en Casamance comme il l’avait indiqué lors de son discours à la nation du 31 décembre dernier. En vérité, il doit être plus facile pour un président consciencieux et responsable d’aller à Ziguinchor pour compatir avec les populations que d’aller en France pour dire : « Je suis Charlie ». Malheureusement, la France est plus importante que le Sénégal, Paris est plus important que Ziguinchor, la vie d’un français est plus précieuse que celle d’un sénégalais. On s’agenouille devant la France pendant qu’on méprise son peuple.

La JDS demande au Président Macky Sall de faire le déplacement lui-même, le plus rapidement possible à Ziguinchor, pour parler aux familles éplorées et aux populations inquiètes. Ce qui est regrettable, c’est que tout cela se passe dans le silence coupable des autorités de la République. Cet acte qui frise le cynisme n’a pas seulement indigné le peuple Sénégalais, il a révolté toutes les consciences saines. Comment peut-on prétendre que le Sénégal est « une nation une et indivisible » lorsque les dirigeants à qui le peuple a mandaté sa confiance secomportent comme si ce qui se passe dans le Sénégal périphérique n’est qu’un fait divers national ? En vérité, ce mépris vis-à- vis de la périphérie, n’est pas conjoncturel.

 

Il est structurel et se manifeste d’abord à tous les niveaux de la gouvernance, notamment dans l’incapacité des autorités politiques à intégrer les populations de la périphérie, à désenclaver les régions périphériques. Il y a une injustice entre le centre et la périphérie. La crise du lien entre le centre et la périphérie est l’un des principaux éléments déclencheurs de la rébellion en Casamance où le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) lutte depuis trois décennies pour l’indépendance de la région. Ce problème de la marginalisation n’est pas intrinsèque à la population casamançaise. Si l’on met de côté  la revendication indépendantiste, l’on se rend compte que les aspirations du casamançais moyen sont les mêmes que celles du citoyen sénégalais moyen. Incapables de trouver une réponse structurelle à ces aspirations, les autorités réagissent souvent de manière épidermique en tentant d’étouffer dans l’œuf, comme ce fut le cas en Casamance en 1982, les expressions variées des populations dans leur revendication pour plus de reconnaissance et de justice sociale.

 

Le 23 décembre 2008, le jeune Sina Sidibé a reçu une balle en pleine tête au cours d’une manifestation de la population de Kédougou qui était descendue dans la rue pour protester contre la marginalisation et l’exclusion dont leur région faisait l’objet. L’arrestation, puis l’emprisonnement de 29 jeunes à des peines ferme allant de 5 à 10 ans n’était rien d’autre que la manifestation d’un mépris à l’endroit des natifs de cette région qui sombrent dans la pauvreté et le chômage, au moment où l’or de Sabodala leur passe sous le nez sans qu’ils n’en profitent.  En définitive, comme en Casamance et à Kédougou, ce que les populations vivant à la périphérie de l’Etat central demandent, c’est de bonnes écoles, un meilleur système de santé, plus de possibilités d’emploi, et de meilleures infrastructures routières pour relier le centre et la périphérie. Mais les autorités politiques des régimes précédents tout comme celles du Sénégal actuel font la sourde oreille. Les infrastructures d’ostentation que Macky Sall propose aux Sénégalais ne sont pas des ouvrages qui contribuent à l’intégration de la périphérie. En moins de cinq ans, l’Etat a englouti prêt de 2000 milliards entre Dakar et ses environs immédiats.

 

Le financement de l’autoroute à péage « Ila-Touba », longue de 113 km et reliant Touba (centre) à la ville de Thiès, s’élève à 416 milliards de F CFA. Pour une distance de 57 Km, la facture plus que salée des travaux du Train express régional (TER) devant relier l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) à la capitale est de 568 milliards de F CFA. Le comble de l’absurdité, c’est qu’au-delà de l’opportunité contestable de ce dernier projet que Macky Sall décrit comme le plus grand projet du Sénégal indépendant, le chef de l’Etat n’a pas uniquement sauvé l’entreprise française Alstom de la faillite, il a également dépensé plus qu’il n’en faut si l’on se fie à ce qui se passe ailleurs sur le continent. Pendant ce temps, le Sénégal des profondeurs doit encore attendre ou vivre sous des promesses comme le fait actuellement la population casamançaise qui attendent toujours l’émergence des régions sud du pays. L’Etat a abandonné les régions périphériques. Il faut corriger ce déséquilibre afin de renforcer l’intégration et l’unité nationales.  Au-delà de ces considérations, il y a trois préoccupations de fond que l’Etat du Sénégal doit de manière urgente prendre en charge pour pacifier le climat et renforcer la dynamique de paix en Casamance.

 Il faut concevoir un programme d’urgence pour la Casamance. Il est évident qu’un redressement économique et social solide ne peut se fonder sur une paix fragile. Mais aussi une paix solide ne peut coexister avec une économie et un tissu social fragiles. Le promesse faite de créer des zones de revitalisation rurale en Casamance ainsi que des pôles d’excellence rurale en juin 2012 à l’occasion du Conseil des ministres qui s’est tenu à Ziguinchor, le lancement en 2014 du Plan « Casamance: pôle de développement » et l’enveloppe de 360 milliards de FCFA concernant 54 projets ne se sont pas encore traduits en un changement dans le vécu des populations de la Casamance. L’inauguration de deux bateaux destinés à renforcer la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, en plus du ferry Aline Sitoe Diatta qui assurait seul la desserte entre la capitale sénégalaise et la Casamance ne suffit pas. Au-delà du désenclavement fluviomaritime, il faut réorienter la priorité des politiques infrastructurelles vers des ouvrages routiers et un dispositif aérien qui rendent la périphérie plus proche du centre.

 

 Il faut mettre fin au pillage organisé des ressources. La tuerie des treize personnes n’a fait que lever un coin du voile sur le pillage illégalement organisé des forêts en Casamance dont les autorités étatiques sont au parfum. Le 27 mai 2016, El Ali Haidar, l’activiste écologiste sénégalais et pas moins ancien ministre de l’Ecologie, avait révélé – lors d’une conférence de presse à Dakar – des images aériennes prises au cours d’un voyage de recherche montrant des piles de bois coupées en Casamance à environ un demi-kilomètre de la frontière avec la Gambie. Une grande partie de ce bois aurait été vendue à la Chine. Les autorités sénégalaises ont annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre le trafic de bois, mais rien n’est fait pour arrêter cette mafia qui se nourrit de la crise et l’entretien à travers les massacres de civils. Il y a de cela sept ans, dix jeunes garçons du village de Diagnon s’étaient rendus dans la forêt de Bissine pour couper des planches de bois à revendre. Ils ont été tous abattus de manière froide par des éléments armés qui les avaient surpris dans cette forêt. C’est pour dire que le drame du samedi dernier n’est qu’un nouvel épisode d’un rituel sanglant qui risque de continuer si aucune mesure n’est prise.

 

 L’Etat du Sénégal doit garantir la sécurité des personnes et des biens. L’instruction donnée par le président Macky Sall aux forces de défense et de sécurité activement engagées dans cette partie de la Basse Casamance de rechercher les auteurs du massacre de samedi et de les traduire en justice est une réaction épidermique. L’Etat ne doit pas manifester sa puissance sécuritaire que lorsqu’il y a un incident malheureux. Que les treize personnes soient parties en brousse à la recherche de bois au-delà de la zone tampon séparant les positions de l’armée sénégalaise de celles des
combattants du MFDC ne justifie nullement leur mort. L’État doit avoir le monopole de la violence légitime et garantir la sécurité des personne et des bien sur son territoire national.
La JDS appelle à des manifestations dans toutes les capitales régionales pour demander la paix et la justice.

QUE DIEU SAUVE LA CASAMANCE ! VIVE LE SÉNÉGAL !

1 COMMENTAIRE
  • DIOLA

    ARRETEZ VOS JEUX D ENFANTS ,LE PROBLEME DE LA CASAMANCE N EST PAS UN JOUET .
    HONTES A VOUS QUI VEULENTLE CAS DE LA TUERIE UNE RECUPERATION POLITIQUE .
    ALLER CHERCHER DU BOULOT NOURRIR VOS FAMILLES

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