En présentant son plan de redressement économique et social, le chef du Gouvernement Ousmane Sonko a annoncé une augmentation de cent pour cent de la taxe sur le tabac ; une déclaration à saluer à sa juste valeur.
Je rappelle que le Sénégal est membre de l’UEMOA et de la CEDEAO. Dans ces espaces précités, la taxation du tabac obéit à des règles communautaires fondées sur des directives. Pour l’UEMOA, le taux plancher est de quinze pour cent et le taux maximum de quarante-cinq pour cent. Pour la CEDEAO, le taux plancher est de quinze pour cent et le taux maximum de cent pour cent.
Relativement à l’application de ces directives sur la taxation du tabac, je souligne en passant qu’il n’y a pas de contraintes exercées sur les États, notamment sur le choix d’une directive ou d’une autre. Les pays membres de la CEDEAO ou de l’UEMOA sont libres d’appliquer celle qu’ils souhaitent : soit la directive de l’UEMOA, soit celle de la CEDEAO.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, dans la présentation de son plan de redressement économique et social, en déclarant taxer le tabac à cent pour cent, montre que le choix du Gouvernement est clair : il applique la directive de la CEDEAO. C’est tant mieux ! Si la mesure est appliquée, le Sénégal aura réalisé un pas décisif et historique qu’il faut applaudir des mains et des pieds, quelles que soient les raisons qui ont conduit à cette prise de décision extraordinaire, inédite, qui sera donnée en exemple à la postérité pour des générations d’acteurs de promotion de la santé et de lutte contre l’épidémie de tabagisme.
En effet, l’augmentation de la taxe sur le tabac n’est pas nouvelle. L’État a toujours augmenté la taxe sur le tabac pour renflouer ses caisses. C’est logique et normal, on peut le dire. Aujourd’hui, l’augmentation a un autre objectif : préserver les générations présentes et futures des méfaits directs et indirects du tabagisme sur la santé.
Concrètement, cette mesure fiscale et financière vise à empêcher les jeunes d’entrer dans le tabagisme — car on ne commence jamais à fumer à l’âge adulte, c’est scientifiquement établi, sans débat —, à dissuader les anciens fumeurs de recommencer, et à inciter les fumeurs actifs à arrêter.
L’augmentation de la taxe sur le tabac, c’est bien. Mais c’est beaucoup mieux — et de loin — quand la taxe est répercutée sur le prix de la cigarette, car l’industrie du tabac a tendance à jouer sur sa marge bénéficiaire pour éviter de répercuter l’augmentation sur le prix final. Ainsi, elle maintient les prix au même niveau qu’avant l’augmentation. Ce scénario, s’il venait à se présenter, serait, à mon humble avis, une catastrophe prévisible et évitable pour la santé publique. Le Gouvernement doit, par tous les moyens, empêcher sa survenue.
En somme, trois effets concomitants sont attendus de cette augmentation par le Gouvernement de la taxe sur le tabac de cent pour cent :
- Une augmentation des recettes fiscales, conformément à l’objectif général du plan de redressement économique et social ;
- Une augmentation du prix de la cigarette ;
- Une diminution du taux de tabagisme, chez les jeunes comme chez les adultes.
Attention ! L’industrie du tabac est rusée, intelligente, forte, puissante et cynique. Elle ne manquera pas de saisir, dans les prochains jours ou semaines, le président de la République ou le Premier ministre pour faire reculer ou retarder l’application de l’augmentation de la taxe sur le tabac, avec de faux arguments tels que : les pertes d’emplois que cela entraînerait, l’augmentation de la contrebande ou encore la menace de délocalisation de leur usine.
Au total, la lutte contre l’épidémie de tabagisme est une question de volonté politique. Comme le disait l’autre, il faut applaudir Ousmane Sonko sur ce point. Si la mesure est appliquée, ce sera une première dans l’histoire du Sénégal.
Bravo !
Vive le Sénégal !
Vive la République !
Qu’attendent-ils pour taxer l’alcool? Les deux vont assez souvent ensemble.