" Touba, entre spiritualité et réalité : l’urgence d’une gouvernance nouvelle," ( Maï Mbacké Djamil)

 » Chaque hivernage, Touba étouffe sous les eaux et chaque année nous nous contentons d’improvisations.

La réalité est pourtant implacable : la deuxième ville du Sénégal, qui tend à devenir bientôt la première, ne peut plus être gérée par une seule institution territoriale.

Réduire Touba à sa seule dimension religieuse est une erreur lourde de conséquences que nous devons impérativement éviter.

Touba est une métropole nationale avec ses propres défis démographiques, économiques, environnementaux et sociaux.

Chaque Magal, ce sont près de 6,5 millions de pèlerins et environ 400 milliards de flux financiers qui traversent la ville en quelques jours.

C’est tout simplement extraordinaire !

Face à une telle réalité, il est plus que vital de sortir du déni, et dans ce sens, je souhaiterais interpeler directement le Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye.

Il est temps d’organiser les premières ASSISES NATIONALE SUR TOUBA.

Ces assises ne doivent pas être une rencontre de plus, mais le point de départ d’une nouvelle ère de gouvernance pour Touba.

• Elles doivent poser les bases d’un changement profond : introduire un statut spécial pour la ville, diviser le territoire en plusieurs villes ou arrondissements pour répartir les charges et les compétences, et bâtir une administration territoriale moderne.

Il s’agira de refonder des stratégies dans tous les secteurs vitaux à savoir l’économie et l’agriculture pour canaliser les immenses flux, l’environnement pour prévenir les catastrophes comme les inondations, le travail et l’éducation pour préparer les générations futures mais aussi l’urbanisme pour planifier une croissance ordonnée, les transports pour fluidifier la mobilité de millions de personnes, et les finances publiques pour assurer une gestion transparente et durable.

L’économie sociale et solidaire pour renforcer les dynamiques communautaires, l’industrie pour soutenir la transformation locale et créer de l’emploi, et les services pour accompagner l’expansion d’une métropole moderne et répondre aux besoins quotidiens d’une population en pleine croissance.

• Elles doivent déboucher sur la création d’une structure spéciale et indépendante pour le développement et la gouvernance de Touba, chargée de veiller à l’application stricte des politiques, des programmes et des stratégies définis, en disposant de moyens autonomes, d’un mandat clair et d’une capacité de coordination entre toutes les institutions de l’État.

Et parce que le Magal est un événement national d’une dimension exceptionnelle, il est indispensable d’intégrer au sein de cette structure un cadre spécifique de gestion du Magal, en lien direct avec les autorités locales, pour coordonner la sécurité, la logistique, les flux financiers et humains, et garantir que chaque édition se déroule dans la dignité et la sérénité.

Le financement d’un tel projet peut sembler irréalisable aux yeux de certains, mais l’histoire et la réalité du mouridisme prouvent le contraire. La khidma inébranlable des disciples est une force sans égale.

Un simple ndigël suffit pour mobiliser un milliard en une seule journée.

La diaspora mouride, solidement implantée dans toutes les grandes capitales, ainsi que les innombrables keur Serigne Touba à l’étranger, représentent une puissance économique et une capacité de mobilisation exceptionnelles.

C’est sur cette énergie spirituelle et sociale qu’il faut bâtir le nouveau Touba.

La création de la BANQUE DE TOUBA, en lien avec le travail déjà remarquable de Touba Ca Kanam permettrait de canaliser ces ressources, de sécuriser les flux et de les orienter vers des projets structurants et durables.

Ainsi, la force de la foi et du service se transformerait en moteur d’un développement moderne, planifié et autosuffisant : LA KHIDMA!

La dimension religieuse de Touba est sacrée et incontestable, mais elle ne doit pas masquer son autre vérité : celle d’une immense métropole en devenir et appelée à prendre la place de première ville du Sénégal. Refuser de lui donner les moyens de sa dimension, c’est exposer la nation entière à une catastrophe annoncée.

Monsieur le Président de la République, une citoyenne vous demande d’agir. « 

Maï Mbacké Djamil

Expert certifiée en PPP

Expert certifiée en microfinance islamique

DG de YIIW Consulting

Doctorante – Chercheure en Économie Appliquée

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3 commentaires

  1. Un citoyen X

    Celebrons Maï Mbacké Djamil!


    Je tiens à saluer la brillance et la profondeur de ce texte, porté par une jeune dame dont la plume appelle à l’action et à l’espérance. En invitant chacun à relever le défi aux côtés des nouvelles autorités, elle met en lumière une vérité fondamentale : l’éducation francaise/anglaise/chinoise est la clé qui ouvre l’Avenir pour change enfant qui se reveille dans la ville sainte.


    Offrir à chaque enfant une chance par le savoir

    Classic, c’est préparer avec lucidité et courage les générations futures. Ce message est plus qu’un appel : c’est un rappel de notre responsabilité collective.


    Que cette parole forte inspire, rassemble et guide notre engagement pour un avenir meilleur.


    Vivement que les nouvelles autorités vous pretent une oreille attentive.👏


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