Syrie : Témoignages poignants sur le massacre de Hama de 1982

En février 1982, la province de Hama en Syrie a été le théâtre d’un massacre où les forces du régime de Bachar al-Assad ont visé sans distinction chrétiens et musulmans. Selon des témoignages recueillis par Anadolu, ce massacre, qui a duré 26 jours, a entraîné la destruction de nombreuses maisons, lieux de travail et de culte appartenant à des chrétiens, dont le nombre est estimé entre 5 000 et 10 000 personnes.

Parmi ces lieux de culte, l’église Seyyidet Duhul, construite au Ve siècle, a été dynamitée par plusieurs tonnes d’explosifs. Elle fut l’une des trois églises détruites et a été reconstruite en 1993 grâce à des donateurs. Aujourd’hui encore, certaines maisons du quartier chrétien de Medina à Hama portent les stigmates de ces attaques.

Jihad Kerbuc, habitant de Hama, a raconté les horreurs vécues pendant ces événements. Ancien directeur d’une institution publique, il a perdu sept collègues musulmans. Gagné par la terreur et la tristesse, Kerbuc a quitté la Syrie pour vivre à l’étranger des années durant. « Lorsque l’armée est entrée dans la ville, nous avons été encerclés avec des lance-roquettes… Nous nous sommes cachés dans la salle de bain pour sauver nos vies », a confié Kerbuc à Anadolu.

Kerbuc évoque aussi la solidarité qui s’est renforcée entre musulmans et chrétiens face à l’adversité : « Aucune distinction religieuse n’a été faite parmi nous (lors du massacre), mais nous n’avons pas subi beaucoup de pertes parce que la population chrétienne de Hama était peu nombreuse. »

Archmandrid Sefroniurs, abbé de la cathédrale orthodoxe grecque Saint-Georges, qualifie le massacre de 1982 d’« attaque systématique ». En décrivant le ciblage délibéré des lieux de culte, il dénonce la destruction d’édifices religieux et le pillage des œuvres d’art au sein des églises détruites.

Sous le régime de Hafez al-Assad, les forces ont initié l’assaut contre Hama fin janvier 1982 pour mater le soulèvement des Frères musulmans. Selon le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR), environ 40 000 civils ont trouvé la mort dans cette répression, principalement à travers des attaques et exécutions massives. Nombreux sont ceux dont on ignore le sort aujourd’hui, les familles étant toujours sans nouvelle de leurs proches disparus. 88 mosquées et trois églises ont été endommagées ou détruites.

Ce contenu a été préparé en nous basant sur les informations fournies par nos confrères de Anadolu.