Supperssion poste PM – Doudou Wade : « Est ce que le président de la République a compris l’évolution de sa société? »

Doudou Wade était l’invité de l’émission « Objection » sur les ondes de la radio Sud fm. Il été évoqué, lors de cet entretien la question de la formation du nouveau Gouvernement, avec la suppression du poste de premier ministre…

« J’avoue que j’ai été surpris de la décision annoncée sur la suppression du poste de premier ministre du Sénégal…« , fut la réaction de Doudou Wade qui a donné son avis sur la question.

L’ex-président du groupe parlementaire Libéral et Démocratique, sous le président Abdoulaye Wade qui donne ses raisons avoue avoir été très inquiet quand il a entendu un journaliste de la place, « très averti », selon lui des questions politiques, Momar Seyni Ndiaye poser la question à ses co-débatteurs, aux différents analyste : « Et si Macky Sall supprimait le poste de premier ministre? »

« Et on vient nous annoncer la suppression du poste de premier ministre. C’est possible? Oui c’est possible…« , laisse entendre Doudou Wade. Pour lui, « c’est possible » parce qu’à deux reprises le poste a été supprimé sous, selon lui « des considérations extrêmement différentes… » Il rappelle ainsi que la première fois, ça a abouti à un Référendum.

« Et c’est suite aux événements de 1962, et c’est le peuple souverain qui s’est prononcé pour la suppression du poste de premier ministre.. Oui, il dit qu’il va saisir l’Assemblée nationale, c’est possible. Mais dans notre système de Gouvernance, dans notre régime de 1963 à maintenant, nous sommes dans un système assez hybride. Nous sommes partis, parfois d’un présidentialiste, du semi parlementarisme (…) mais aujourd’hui, il me semble, d’après ce qui a été dit…, après les deux nominations (…) on a un dream team, trois (3) personnes qui centralisent tout sur leurs têtes… (Ndlr: Le président Macky Sall, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Jean Maxime Simon Ndiaye)« , poursuit M. Wade.

A cet effet, il note des conséquences « multiples« . « Du point de vu modification, changement, le Sénégal n’a pas, à une fois, deux fois, à faire disparaître le poste de premier ministre qui est revenu après de multiples difficultés. Supprimé en 63, pour ramener le poste de premier ministre en 1970 il a fallu des passages extrêmement compliqués, difficiles. La situation politique interne, les événements de 1968, les différentes grèves de la Cnts, les difficultés syndicales, les difficultés estudiantines… »

Autant de problèmes qui, rappelle Doudou Wade ont « permis à Senghor de se décharger, de n’être plus en face du peuple, mais de trouver un intermédiaire qui était le Gouvernement dirigé par le Premier ministre… Avec l’arrivée de Habib Thiam en 81 »

Ainsi, après avoir fait un petit historique de notre système, avec le poste de premier ministre qui est devenu, après celui du président de la République, l’élément le plus central, Doudou Wade de poser la question : « Est ce que le président de la République a compris l’évolution de sa société de 2010 à maintenant? »

« En 2007, il y a eu des événements extrêmement importants dans notre pays pour lesquels, je pense que le président de la République n’a pas compris le sens de l’action des populations, de la société civile et des partis politiques. La société civile a beaucoup bougé à partir de 2007 jusqu’à proposer les assises nationales« , rappelle Doudou Wade. Soit une demande supplémentaire de « plus de démocratie, de moins de concentration des pouvoirs et de renforcement des institutions, de partage des pouvoirs, d’équilibre des pouvoirs et la parole aux citoyens… »

« Aujourd’hui nous allons à des présidentielles qui ont été menées de cette manière, pour lui assurer une victoire. Le président s’en sort avec 58% et dit qu’il a compris, qu’il va regarder, qu’il va analyser le message envoyé par 42% des électeurs. Je pense qu’il ‘a pas compris« , regrette-t-il.

Pour lui, pour comprendre cela, il aurait fallu « se délester de certains pouvoirs, partager un certain nombre de pouvoirs, déconcentrer le pouvoir et donner la parole, plus au citoyens et plus à l’Assemblée nationale. D’autant plus que la révision constitutionnelle de 2016 se devait de renforcer le parlement sur le contrôle. La déclaration général du premier ministre, la présence du Pm tous les mois, la motion de censure… »

« Toutes ces questions, aujourd’hui, en principe, je ne sais pas ce que ça va devenir, mais, peut être seront supprimées… Par conséquent, nous allons vers un président de la République hyper puissant (avec ces mesures). Un président de la République qui aura tous les pouvoirs, sans les partager avec qui que ce soit…« , dénonce Doudou Wade. Ainsi, les ministres ne seront que simples exécutants des « instructions » du président de la République.