Sukuk : Le Sénégal trace sa voie vers une finance éthique

Dans un contexte où les États cherchent des solutions de financement innovantes, le Sukuk s’impose comme une alternative crédible aux emprunts obligataires traditionnels. Il s’agit d’un instrument financier adossé à des actifs tangibles, sans intérêt, conforme aux principes de la finance islamique.
Un succès fulgurant, mais des questionnements persistants
Lors de sa première émission, le Sénégal a levé plus de 405 milliards de francs CFA en seulement 15 jours, dépassant largement les 150 milliards initialement visés. Fort de ce succès, l’État ambitionne de mobiliser au moins 600 milliards de francs CFA dans les cinq prochaines années grâce à ce mécanisme.
Pourtant, malgré cet engouement, tout le monde n’est pas convaincu par ce mode de levée de fonds. Certaines voix s’élèvent pour proposer d’autres alternatives pour soutenir la croissance des économies islamiques, arguant que le Sukuk n’est ni une obligation classique, ni une action boursière, et reste encore mal compris par une partie du public.
Des freins à l’adhésion populaire
Le gouvernement, qui a suivi l’opération avec intérêt, regrette que de nombreux citoyens n’aient pas pu souscrire, souvent pour des raisons éthiques ou par manque de familiarité avec les instruments financiers islamiques. Beaucoup de Sénégalais expriment pourtant leur désir de participer au développement économique du pays via des solutions alignées sur leurs valeurs religieuses.
Une solution adaptée à un financement durable
Le Sukuk se distingue par sa capacité à mobiliser des ressources sur le moyen et long terme pour des projets spécifiques, notamment dans les infrastructures, l’énergie ou l’éducation. Il peut prendre plusieurs formes juridiques selon les contrats islamiques sous-jacents (Ijara, Mudaraba, Murabaha, etc.).
Entre 2014 et 2022, les émissions de Sukuk ont permis de mobiliser près de 1100 milliards de francs CFA sur les marchés financiers, confirmant leur pertinence dans les stratégies de développement.
Un cadre réglementaire renforcé
L’adoption en septembre 2022 d’un cadre réglementaire spécifique au Sénégal est venue renforcer cette dynamique, en facilitant la structuration et l’émission de Sukuk par les États comme par les entreprises. Cette évolution ouvre de nouvelles perspectives pour le financement de projets à fort impact socio-économique et environnemental.
L’État prêt à aller plus loin
Lors d’une récente intervention, le Premier ministre a laissé entendre que le gouvernement étudie la possibilité d’émettre de nouveaux Sukuk dans le cadre des prochaines programmations budgétaires, soulignant l’intérêt croissant pour les investissements éthiques et socialement responsables.
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