Souvenirs-CAN 1968 en Ethiopie: A une minute près, tout s’écroule…

Le deuxième jet, après la CAN 1965 de l’histoire entre le Sénégal et la CAN qui a toujours tourné en eau de boudin le plus souvent parle de l’épopée de 1968 en Ethiopie.  

La 6ème édition de la phase finale de la CAN, disputée du 12 au 21 janvier 1968 en Ethiopie, regroupe huit (8) équipes réparties dans deux groupes de quatre. Le Sénégal est logé dans le groupe B basé dans la ville d’Asmara (actuelle capitale de l’Erythrée qui s’est depuis émancipée de l’Ethiopie), en compagnie du Ghana, du Congo Brazzaville et du Congo Kinshasa.

De l’avis des témoins de l’époque, cette équipe, sous la coupe du trio Lamine Diack (DTN) – Mawade Wade (entraîneur) – Joe Diop (entraîneur adjoint), est l’une des plus talentueuse de l’histoire du football sénégalais.

D’entrée, le Sénégal rate de peu la victoire face au tenant du titre, le Ghana, qui a finalement arraché le nul (2-2). Les protégés de Mawade Wade mènent au score à deux reprises (sur des réalisations de Doudou Diongue, puis de Yatma Diop), mais se font rejoindre. La seconde égalisation ghanéenne est intervenue à deux minutes de la fin du match, sur une glissade de feu Issa Mbaye. La seconde sortie des «Lions» est sanctionnée par une victoire contre le Congo Brazzaville (2-1), sur des réalisations de Yatma Diop (27e) et Yatma Diouck (86e). Pour leur dernier match de groupe face au Congo Kinshasa, les «Lions» ont juste besoin d’un match nul pour se qualifier en demi-finale. Mais ils sont battus dans les ultimes minutes du match (1-2) par les Congolais, qui seront sacrés champions d’Afrique, moins d’une semaine plus tard.

Plus que l’élimination, c’est surtout les circonstances dans lesquelles elle est intervenue qui ont marqué les esprits. A une minute de la fin du match, alors que le Sénégal tenait la qualification pour les demi-finales, son gardien de but, feu Amady Thiam, capte une balle devant un attaquant congolais. Mais croyant avoir entendu un coup de sifflet de l’arbitre sanctionnant une charge irrégulière contre lui, il pose la balle à terre pour l’exécution du coup franc. L’opportuniste Tshimanga en profite pour mettre la balle au fond des filets. Battu sur le fil (1-2), le Sénégal est éliminé de la compétition au premier tour. Après l’expédition d’Asmara, le Sénégal va connaître une traversée du désert qui le privera de CAN pendant dix huit (18) ans.

Louis Camara en action (photo)

Comment il s’est qualifié

Guinée / Sénégal 3-0

Sénégal / Guinée 4-1 (Buts : Baye Moussé Paye (2), Demba Thioye et Louis Camara)

Liberia / Sénégal 1-1 (But : Yatma Diouck)

Sénégal / Liberia 4-1 (Buts : Louis Gomis, Baye Moussé Paye, Petit Guèye et Yatma Diouck)

A égalité de points avec la Guinée, un match d’appui est organisé entre les deux pays. Il a eu lieu à Dakar, selon la volonté guinéenne.

Le 22 octobre 1967 à Dakar, le Sénégal bat la Guinée 2-1 (Buts : Louis Gomis et El Hadji Sarr).

Phase finale

Sénégal / Ghana 2-2

12 Janvier 1968 à Asmara

Buts : Doudou Diongue (10e) et Yatma Diop (65e) pour le Sénégal ; Osei Koffi (63e) et Wilberforce Mfum (87e) pour le Ghana.

Sénégal : Amady Thiam – Yérim Diagne, Moustapha Dieng, Issa Mbaye, Alioune «Petit» Guèye – Louis Gomis, Louis Camara – Pape Ndiaye, Baye Moussé Paye, Doudou Diongue, Yatma Diop.

Sénégal / Congo Brazzaville 2-1

14 Janvier 1968 à Asmara

Buts : Yatma Diop (27e) et Yatma Diouck (86e) pour le Sénégal

; Foutika (31e) pour le Congo Brazzaville.

Sénégal : Amady Thiam – Yérim Diagne, Moustapha Dieng, Issa Mbaye, Alioune «Petit» Guèye – Louis Gomis, Louis Camara – Pape Ndiaye, Baye Moussé Paye, Yatma Diouck,

Yatma Diop.

Sénégal / Congo Kinshasa 1-2

16 Janvier 1968 à Asmara

But : Yatma Diouck  pour le Sénégal ; Mantantu

et Tshimanga ( sp) pour le Congo Kinshasa.

Sénégal : Amady Thiam – Yérim Diagne, Moustapha Dieng, Issa Mbaye, Alioune «Petit» Guèye – Louis Gomis,

Louis Camara, Pape Ndiaye, Baye Moussé Paye, Yatma Diouck, Yatma Diop

L’entraîneur : Mawade Wade

Après le séminaire national des entraîneurs sénégalais tenu en décembre 1966, l’équipe nationale est confiée à Mawade Wade (entraîneur national) et Joe Diop (son adjoint), avec Lamine Diack (actuel président de la Fédération internationale d’athlétisme) comme Directeur technique national (DTN).

Ce staff de forte personnalité a réussi à mettre en place un jeu collectif bien huilé basé sur la défense en ligne. Non pas pour mettre l’adversaire en hors jeu, mais pour récupérer rapidement le ballon et porter rapidement le danger dans le camp adverse.

Le Témoin: Yatma Diop, attaquant Sénégal de 1968

«On pouvait être champions d’Afrique»

«A Asmara, le Sénégal disposait d’une de ses plus grandes équipes, capable de remporter le trophée. Je crois que si nous avons raté le coche, c’est dû à deux facteurs principaux.

L’absence de quatre de nos meilleurs éléments. Nous disposions de deux grands gardiens d’égale valeur : feu Amady Thiam et Toumani Diallo. Ce dernier se singularisait par son calme et sa sérénité. Il était tout simplement difficile à battre. Lamine Diack l’avait surnommé Zig (un personnage de bandes dessinées) pour son agilité. Malheureusement, à quelques jours de la compétition, il s’est blessé à l’entraînement. On avait également perdu Doudou Diongue, victime d’une agression lors de notre premier match contre le Ghana. Mon ami feu Matar Niang, alors l’un des meilleurs n°10 d’Afrique, n’avait pas effectué le déplacement à Asmara. El Hadji Sarr, lui aussi, était absent. Mawade Wade (coach des Lions) parlait même de poisse. Face au Ghana, nous avons ouvert le score par Doudou Diongue et les Ghanéens ont égalisé. J’ai doublé la mise. Mais à 2 minutes de la fin du match, sur une glissade de feu Issa Mbaye, le Ghana a encore égalisé. Pour notre deuxième match, nous avons étrillé le Congo Brazzaville par 3-0. Le dernier match nous a opposé au Congo Léopoldville (devenu Zaïre puis RD Congo). Alors que le nombre d’expatriés était limité – j’étais le seul dans notre équipe – les Congolais en avaient aligné quatre ou cinq venant principalement de la Belgique. On avait besoin d’un nul pour passer, mais on a pris un but à quelques secondes de la fin. Une véritable oeuvre inachevée. Le fait qui m’a humainement marqué lors de cette expédition en Ethiopie est que nous étions adoptés et supportés par la population d’Asmara par le fait que majoritairement musulmans, nous nous rendions à la prière à la mosquée.»

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