Sénégal : le CNCR appelle à une gestion autonome des coopératives agricoles

Le ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage du Sénégal envisage de développer des coopératives agricoles à travers tout le pays pour atteindre l’objectif de souveraineté alimentaire. Cependant, Sidy Ba, porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), a mis en garde contre le risque de reproduire les erreurs des années 60. Cette recommandation insiste sur le fait que la création et la gestion de ces coopératives doivent rester entre les mains des organisations agricoles professionnelles.
L’initiative, bien que prometteuse, n’est pas nouvelle dans le pays. En effet, la première vague de coopératives agricoles avait émergé dans les années 60 mais leur succès fut limité, principalement en raison de problèmes de gestion. « De 1960 à 1980, l’État contrôlait et gérait ces coopératives. Cependant, le désengagement étatique dans les années 80, accompagné des plans d’ajustement structurel, a marqué le déclin des coopératives agricoles », explique Sidy Ba.
Cette même décennie a vu la dissolution de la direction des coopératives et la création de coopératives au niveau de chaque communauté rurale, organisées en sections villageoises. « Ces structures n’ont pas réussi à tirer parti des productions agricoles, car elles ne bénéficiaient ni aux traitants ni aux grands commerçants. Elles avaient été formées pour permettre aux paysans de gérer eux-mêmes la collecte et la commercialisation de leurs produits », ajoute-t-il.
Ce que l’État tente actuellement de réaliser ressemble fortement aux méthodes passées. Pour éviter de répéter ces erreurs, l’État doit, selon Sidy Ba, « laisser les organisations professionnelles agricoles prendre elles-mêmes l’initiative de créer et de gérer leurs coopératives. Des initiatives existent déjà, et l’État doit les épauler plutôt que de diriger la création de nouvelles structures. » Il précise en outre qu’il est crucial pour l’État d’accompagner ces initiatives, qui ont déjà une forte présence en milieu rural, plutôt que de les supplanter par de nouvelles institutions.
Le porte-parole du CNCR soulève également un point important en déclarant que « le bien commun n’est pas souvent bien géré, une leçon que les paysans ont déjà apprise dans les années 60 ». Il préconise que les initiatives qui existent soient renforcées pour encourager un développement endogène des terroirs, au lieu de s’appuyer exclusivement sur les structures venues de l’extérieur. Sud Quotidien a relayé ces propos de Sidy Ba, mettant en lumière les défis auxquels le secteur agricole sénégalais continue de faire face.
Est ce que la gestion du CNCR n’est pas pire que celle passée de l’état. Un groupe d’individus affairistes ne fait que profiter des paysans au noms desquels le CNCR attire des fonds des bailleurs qui finissent pour l’essentiel dans leur pôche.