Dans un contexte marqué par une volonté accrue de souveraineté, le Sénégal est aujourd’hui confronté à des défis structurels majeurs. Parmi eux, la question de l’urbanisme et des inondations, qui pèsent lourdement sur nos villes, mais aussi la nécessité urgente de relancer une industrie nationale capable de créer de la valeur ajoutée et des emplois durables.
À ce tournant stratégique, la coopération avec le Japon s’impose comme une opportunité historique. En effet, l’archipel nippon, qui a su bâtir sa prospérité sur la rigueur, l’innovation et une planification urbaine exemplaire, offre au Sénégal un modèle inspirant et surtout des partenariats concrets à nouer.
- Répondre à l’urgence urbaine et climatique
Le Sénégal vit chaque année l’épreuve des inondations, révélatrice des limites de son aménagement urbain. Le Japon, de par son expérience dans la gestion des catastrophes naturelles, dispose de technologies de pointe en matière de drainage, d’assainissement et d’infrastructures résilientes. Il est temps pour le Sénégal de sceller un partenariat structurant avec la JICA et les collectivités japonaises afin d’adopter un plan directeur d’urbanisme moderne qui inclut mobilité, logements sociaux, assainissement et espaces verts.
- Relancer l’industrie nationale
Aucun pays ne peut prétendre à la souveraineté sans une base industrielle forte. Le Président de la République ne devrait pas revenir d’une visite officielle au Japon sans avoir signé de conventions industrielles claires et contraignantes. Automobile, électronique, transformation agroalimentaire, pêche et logistique : autant de secteurs où le savoir-faire japonais pourrait s’implanter au Sénégal à travers des zones économiques spéciales et des partenariats public-privé.
- Construire la souveraineté alimentaire et énergétique
Le Japon, malgré un territoire limité, a su assurer son autosuffisance sur des produits stratégiques grâce à l’innovation agricole. Le Sénégal pourrait tirer profit de cette expertise en matière de mécanisation, d’irrigation et de valorisation des produits locaux. Sur le plan énergétique, la coopération pourrait s’étendre aux renouvelables et aux technologies de résilience face au changement climatique.
- Éducation et transfert de savoir-faire
Une coopération solide avec le Japon doit nécessairement inclure la formation. La création de centres d’innovation et d’écoles techniques mixtes permettrait de préparer la jeunesse sénégalaise aux métiers de demain. Par ailleurs, les échanges universitaires et culturels renforceraient les liens humains entre nos deux nations.
Le Japon n’est pas seulement un partenaire économique potentiel : il incarne une vision de rigueur, de discipline et de modernité dont le Sénégal peut s’inspirer pour franchir une nouvelle étape de son développement.
À l’heure où notre pays cherche à concilier souveraineté et prospérité, il revient à nos dirigeants d’inscrire cette coopération dans un agenda ambitieux et concret, où chaque convention signée sera synonyme de transformation réelle pour nos villes, notre économie et nos populations.
Le moment est venu de bâtir avec le Japon une coopération qui dépasse les symboles pour devenir un moteur de notre souveraineté et de notre relance industrielle.
Par Jules Aloïse Prospère Faye
Directeur Général – STRATEGIA AFRIQUE