Scandale COVID-19: L’impunité ne peut plus être une option

Le Sénégal traverse une crise morale d’une ampleur sans précédent. Alors que la pandémie de COVID-19 frappait notre pays, emportant des vies et paralysant notre économie, certains hauts responsables ont trouvé le moyen de détourner les ressources destinées à la riposte nationale. Le rapport accablant de la Cour des Comptes a mis à nu ce carnage financier orchestré sous le silence complice du régime de Macky Sall.
Pour rappel, près de 1000 milliards de francs CFA ont été mobilisés dans le cadre du Fonds de Riposte et de Solidarité contre les Effets du COVID-19 (le « Force-Covid »). Ce qui devait sauver des vies a, pour certains, servi à engraisser des fortunes personnelles.
Aujourd’hui, plusieurs personnalités sont convoquées par la justice, certaines ont été sommées de payer des cautions de plusieurs dizaines de millions. C’est un premier pas, certes. Mais cela reste largement insuffisant si ces procédures n’aboutissent pas à des sanctions pénales fermes et exemplaires.
Le peuple ne veut pas de procès de façade. Il attend des verdicts, des condamnations, des remboursements. La confiance des Sénégalais en leurs institutions ne pourra être restaurée qu’à ce prix. Car tolérer un tel niveau de prédation en temps de crise, c’est envoyer un signal clair : voler l’État, même en pleine pandémie, est sans conséquence. Et cela, nous ne pouvons plus l’accepter.
Combien d’hôpitaux auraient pu être équipés ? Combien de vies auraient pu être sauvées ? Combien de familles n’auraient pas sombré dans la misère si les fonds avaient été gérés avec rigueur et intégrité ?
Cette affaire est un test pour notre démocratie. Elle met à l’épreuve notre capacité à tourner le dos à la culture de l’impunité qui gangrène notre administration depuis trop longtemps. Il ne s’agit plus d’un simple scandale : c’est un vol organisé, commis pendant une période de détresse nationale, sous le regard passif d’un pouvoir qui a failli à sa mission.
La justice doit frapper fort. Les auteurs de ces détournements doivent être exclus de toute fonction publique, jugés, condamnés, et l’argent détourné doit être restitué au peuple. Faute de quoi, nous continuerons de marcher à reculons, dans une république vidée de tout sens moral.
Le peuple a les yeux ouverts. L’histoire ne pardonnera pas une deuxième trahison.
Par Abdou Lahat Mbacké