Rêve de Coupe ? (Par Ndao Badou le Médiateur)

Les compétitions de coupes ont ceci de particulier, elles se déroulent dans une période déterminée, généralement de courte durée, et les matchs se suivent à une cadence rapprochée. Les compétiteurs sont dans un état de stress que seules, des relations établies de longues dates entre les coéquipiers peuvent à aider à surmonter et d’autre part, les mécanismes hérités d’une pratique commune depuis des années. Les équipes qui gagnent ces tournois, sont généralement des équipes soudées composées de joueurs qui ont eu à évoluer ensemble depuis des années, qui se connaissent donc, chacun, connaissant les points forts et les faiblesses de son vis – à vis.
Depuis la nuit des temps, dans l’histoire des équipes, l’ossature de l’équipe majeure, appelée équipe nationale s’est faite autour de deux ou trois formations évoluant dans un même championnat ou de coéquipiers qui sont ensemble depuis les petites catégories en équipe nationale, cadets, moins de 20 ans, équipe B, puis A. que cela soit en coupe du monde, continentale, aucune sélection, fut – elle, de meilleurs joueurs du monde, n’a pu gagner une compétition.
Quelques exemples depuis 30 ans :
En coupe du monde : les cinq derniers vainqueurs de la coupe du monde sont toutes, des équipes ‘’locales’’, c’est-à-dire, des équipes dont leurs ossatures sont articulées autour de 2 équipes, lesquelles équipes, sont en tête du championnat national de leur pays. Les joueurs n’étant pas forcément les meilleurs du monde, mais, l’équipe, si. Les 3 derniers vainqueurs de ce trophée que sont l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, présentaient toutes, des équipes ‘’locales’’. Les équipes faites d’une sélection des meilleurs joueurs mondialement connus, comme le Bresil et l’Argentine perdent depuis une quinzaine d’années. Et quand elles gagnaient, c’était parce qu’elles avaient une équipe nationale articulée autour des meilleures équipes du championnat. Depuis que leurs joueurs sont éparpillés dans le monde, bien, qu’ils soient en tête d’affiche du football mondial, ces pays ne gagnent plus de titre de coupe, même au niveau continental.
En Afrique, le constat est plus clair. Les quatre équipes les plus titrées sont des formations purement locales avec des équipes nationales qui ont fait le parcours initiatique de cadets à séniors. L’équipe la plus titrée de la CAN, l’Egypte était bâtie autour de deux équipes. A un moment de son histoire, cette équipe ne comptait qu’un joueur expatrié. La Côte d’Ivoire a formé ses joueurs depuis le centre ‘’Sol Béni’’ d’où sont sortis la plupart de ces jeunes qui ont remporté la dernière coupe d’Afrique. Le Cameroun, le Ghana et le Nigéria ont misé sur les centres de formations qui donnent des pousses capables de sortir de jeunes équipes nationales qui grandissent. Et on se met à s’étonner sans que cela nous serve de leçon, de voir la Zambie, le Burkina et autres pays Maghrébins se hisser au niveau du toit du football Africain lors des joutes continentales. Ce n’est nullement pas un hasard.
Chez nous, au Sénégal, la meilleure équipe que nous ayons jamais eue, qu’on appelle ‘’l’équipe de 2002’’, n’est pas née, en 2002, elle est née en 1994, avec Otto pfister. Et elle a obéi aux normes. Des joueurs sortis du centre Aldo Gentina, des équipes du Jaraaf, de la JA avec un championnat relevé qui avait réussi à placer une équipe en finale de Coupe d’Afrique. Otto avait réussi avec les équipes locales à mettre en place deux équipes nationales A et B. C’est cette équipe construite avec des locaux, des jeunes sortis de Aldo Gentina comme Henry, Tony, etc.. et quelques Senefs (Sénégalais de France) comme Fadiga et El Hadj Diouf, qui est allée au Nigéria d’abord, au Mali, ensuite et en coupe du monde en 2002. Ce fut la seule équipe du Sénégal à avoir respecté les normes. Depuis, on est retourné aux tâtonnements, au pilotage à vue et aux objectifs à très courts termes alors que tout le monde sait qu’une objectif de coupe, c’est au moins 10 ans pour une équipe.
Tout cela pour dire que, la meilleure sélection de bons joueurs n’est pas forcément la meilleure équipe sur le terrain. Depuis 2002, le Sénégal a les meilleurs joueurs sur le papier, mais la mauvaise équipe sur le terrain, et chaque année, on reprend les mêmes erreurs et on recommence. Un ensemble de joueurs, certes talentueux, mais, incapables d’être une équipe. C’est comme les greffes, ça tient un moment, mais, jamais longtemps. On avait une opportunité avec l’équipe olympique, si tant qu’on préfère les raccourcis, on pouvait la garder, et en faire l’ossature de notre A nationale pour le moindre mal. Mais, en vérité, tant que nous n’aurons pas un championnat fort avec deux ou trois équipes qui peuvent aller loin dans les compétitions de clubs continentaux, on sera toujours dans la sélection nationale. Tant que nous continuerons de glaner le moindre joueur qui fait des résultats dans le monde et qu’avec ce ramassage, on veut atteindre des buts, on y arrivera jamais. Et on sera toujours à dire que DIEU en a décidé autrement, mais les ‘’gosses’’ ont fait ce qu’ils devraient faire. Et on attendra la prochaine fois qui, évidemment, ne sera jamais la bonne.
Pour nous en convaincre, le Cameroun qui a tenu en échec et battu le Sénégal des stars, est presque une équipe entièrement locale. Regardez les autres équipes qualifiées, vous serez plus convaincus.
Dans ce pays, tant que nous ne partirons pas de la base pour construire, dans quelques domaines que ce soit, on n’arrivera à rien. Rien ne peut tenir sans des fondations solides.

1 COMMENTAIRE
  • diallojrahm

    bravo Badou. rien à ajouter. Mawade disait toujours que le grenier de l équipe A devait être l équipe B qui elle devait avoir une ossature locale.

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