Réinventer l’éducation à l’heure du numérique : La vision humaniste de Mariane Diokh

Lors de son intervention remarquée à la cérémonie de remise des prix du Concours général sénégalais 2025, Mme le Professeur de Philosophie Mariane Diokh du lycée Sagata Djolof a mis en lumière, avec une rigueur pédagogique et une profondeur philosophique, les trois grands enjeux de la transformation éducative contemporaine. À l’heure où le numérique et l’intelligence artificielle bouleversent les pratiques d’enseignement et d’apprentissage, elle a lancé un appel vibrant à penser cette mutation non comme une fin en soi, mais comme une opportunité au service de l’humain.

L’enjeu humaniste : recentrer l’éducation sur l’Homme
« L’éducation, c’est dompter l’animal en l’homme », a rappelé Mme Diokh, citant les philosophes, pour souligner que former un esprit critique, éthique et responsable demeure la finalité ultime de tout système éducatif. Face à la tentation d’un tout-technologique, elle a insisté sur le rôle de l’école comme rempart contre la déshumanisation.

    « Il faut préserver la prééminence de l’humain sur les technologies numériques. Le risque est grand de tomber dans une forme de dépendance cognitive, où les outils prendraient le pas sur l’exercice critique de la raison », a-t-elle averti. À l’inverse, la transformation éducative devrait viser à faire advenir un être humain accompli, au sens moral, intellectuel et citoyen, capable de conjuguer intelligence humaine et intelligence artificielle dans une perspective éthique et solidaire.

    L’enjeu de l’accessibilité et de l’inclusion : faire du numérique un levier d’équité
    Loin de se limiter à un progrès technique, la numérisation de l’éducation doit corriger les fractures existantes, non les accentuer. Mme Diokh a plaidé pour un accès équitable aux technologies éducatives, notamment dans les zones rurales, auprès des publics en situation de handicap ou issus de milieux défavorisés.

      Elle a évoqué à ce titre l’exemple de l’Université Maseno au Kenya, qui a permis à des élèves malentendants de suivre les mêmes enseignements que leurs camarades grâce à des technologies d’assistance adaptées. « Nous devons créer des environnements inclusifs où chaque élève, quelle que soit sa condition, bénéficie d’un apprentissage de qualité », a-t-elle martelé. Cela passe, selon elle, par des politiques publiques cohérentes, un investissement dans les infrastructures, et un partenariat renforcé entre l’école, les familles et la société civile.

      L’enjeu éthique et des valeurs : pour une souveraineté numérique enracinée
      Face aux promesses, mais aussi aux périls de l’intelligence artificielle, biais algorithmiques, surveillance, dépendance cognitive, Mme Diokh a défendu l’urgence d’un encadrement éthique des usages du numérique en éducation. Elle a insisté sur la nécessité de bâtir une gouvernance numérique fondée sur la transparence, la responsabilité et la justice, tout en rappelant le rôle fondamental des enseignants dans la transmission des valeurs et l’éveil à la pensée autonome.

        « Notre école doit refuser une soumission passive aux logiques technocratiques », a-t-elle affirmé. Elle a proposé l’élaboration d’une charte nationale pour une souveraineté numérique s’appuyant sur les valeurs culturelles endogènes telles que « Nitté », symbole d’une humanité partagée.

        En dernière analyse, Mme Diokh a exhorté toutes les parties prenantes à « conjuguer l’audace technologique à la sagesse humaniste » pour bâtir une éducation plus inclusive, plus équitable et plus humaine. Une école du XXIe siècle ancrée dans ses valeurs, tournée vers l’avenir, et capable de transformer en profondeur la société.

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        Un commentaire

        1. Clean bandit

          Ah, ah, ah ! Les maîtres du monde conçoivent des IA pour faire le contraire.


          Le Sénégal s’est toujours couché devant la volonté des maîtres du monde.


          Donc l’avenir du système éducatif sénégalais sera tragique.


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