Quand les crises menacent l’école : la riposte éducative de la COSYDEP

Dans le cadre de ses efforts pour renforcer la résilience du système éducatif sénégalais face aux situations d’urgence, la COSYDEP (Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l’Éducation Publique) a organisé un webinaire national multi-acteurs autour du thème : « Protégeons l’éducation dans les situations d’urgence ». L’événement a réuni plusieurs experts, dont Bouna Ndiaye, représentant de la COSYDEP à Matam, et Mamadou Bassirou Kébé, expert en protection de l’enfant et ancien Directeur de la Protection des Droits de l’Enfant.
Dans son intervention, Mamadou Bassirou Kébé a mis en lumière la fragilité du droit à l’éducation en période de crise. Il a notamment cité les inondations récurrentes au nord et au sud-est du pays, ainsi que les conflits persistants en Casamance, comme des exemples de perturbations majeures de l’accès à l’école. « L’enfant est la première victime dans toute situation d’urgence. Son développement physique, affectif et cognitif peut être gravement impacté », a-t-il alerté.
Selon lui, l’une des principales difficultés réside dans la réquisition des écoles comme lieux d’hébergement temporaire, ou leur fermeture pure et simple pour des raisons de sécurité. Cette situation compromet durablement la continuité des apprentissages.
Mamadou Kébé a insisté sur l’importance d’une approche holistique, c’est-à-dire globale, pour protéger l’éducation dans ces contextes fragiles. Il a défendu un modèle reposant sur cinq piliers : la sécurité physique, psychosociale, sanitaire, numérique et sociale. Ces dimensions doivent, selon lui, être prises en compte pour créer un environnement propice à l’apprentissage, même en période de crise.
« Un enfant qui a peur ne peut pas apprendre. L’insécurité psychologique ou affective peut entraîner des décrochages scolaires, des abandons, voire de sévères contre-performances », a-t-il expliqué. Cette approche englobe également les enseignants, les familles, les communautés et les politiques publiques.
Le webinaire a aussi été l’occasion d’évoquer les limites du système éducatif sénégalais en matière de résilience. L’expert a souligné le manque d’infrastructures numériques, les difficultés d’accès à Internet dans les zones rurales, ainsi que le coût élevé de la connectivité. Il a également pointé le besoin urgent de renforcer les capacités des enseignants à faire face à l’enseignement à distance.
Mamadou Kébé a salué le travail de la COSYDEP, qui a lancé le projet PKT, une initiative inclusive visant à renforcer l’éducation dans les contextes vulnérables. Il a appelé à une coopération intersectorielle impliquant la santé, le numérique, les télécommunications et l’éducation pour une réponse coordonnée et durable.
Enfin, l’expert a rappelé que la protection du droit à l’éducation ne saurait être dissociée des autres droits fondamentaux de l’enfant. « L’interdépendance et l’indivisibilité des droits impliquent que promouvoir l’éducation, c’est aussi protéger, soigner et accompagner l’enfant dans sa globalité », a-t-il conclu, citant les instruments juridiques comme la Convention relative aux droits de l’enfant et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant.