Invité à commenter la course à la présidence de la Fédération sénégalaise de football, Harouna Deme, premier vice-président de l’Association nationale de la presse sportive (ANPS), a livré une analyse mesurée, mais sans détour, sur les profils en lice, les rapports de force, et surtout les urgences qui attendent le futur patron du foot sénégalais.
« Sur le plan intrinsèque, les profils se valent. Mais dans les faits, deux ou trois candidats se dégagent, si l’on regarde la facture-bilan de chacun », estime-t-il vendredi sur la Rfm. « Le président sortant part avec une légère avance, mais il devra composer avec un contexte bien plus complexe qu’en 2021, où l’unité avait été un facteur décisif de sa large victoire. Depuis, des soutiens clés ont pris leurs distances, et certains nouveaux visages pourraient bien créer la surprise. »
Saluant la maturité affichée par certains candidats, Harouna Deme souligne :
« On voit émerger des prétendants qui, ces quatre dernières années, ont adopté une posture de dirigeants responsables. C’est un signe encourageant pour le futur du football sénégalais. »
Il rappelle également l’attention internationale que suscite cette élection :
« L’élection à la Fédération est l’une des plus disputées, mais aussi l’une des plus observées, jusqu’au sein même de la FIFA. Les enjeux dépassent largement le cadre local. »
Concernant le président sortant, le confrère Deme se veut prudent mais lucide :
« Son retour aura un impact sur l’équilibre du Manko. Après l’échéance de 2019, des failles sont apparues, des voix se sont dispersées. Aujourd’hui, l’unité est à reconstruire. Le collectif doit s’exprimer, au-delà des postures individuelles. »
Mais au-delà des stratégies électorales, l’essentiel est ailleurs, martèle le journaliste sportif.
« Quel que soit le vainqueur, il devra impérativement s’attaquer au chantier du développement du football local. On ne peut plus se satisfaire de résultats en sélection nationale alors que nos clubs, nos championnats, peinent à exister. »
Harouna Deme alerte sur l’écart grandissant entre les succès des Lions et la réalité des terrains locaux:
« On a gagné des titres chez les séniors ,et chez les jeunes… et pourtant, cet argent n’a pas irrigué le football de base. Le championnat national manque cruellement d’attractivité et de moyens. Les présidents de club tirent la langue, faute de soutien clair de la Fédération comme de l’État. »
Autre priorité selon lui : le développement du football féminin.
« Aujourd’hui, les filles ne sont pas payées, les transferts se font dans l’opacité. Il faut structurer ce secteur comme il se doit. »
Enfin, Harouna Deme insiste sur la formation des cadres techniques :
« La direction technique nationale doit être renforcée. On commence à voir les fruits d’une structuration, mais il faut aller beaucoup plus loin si l’on veut former une génération d’entraîneurs capables de porter nos clubs et nos sélections. »