Pr Moustapha Samb: « Demander à Macky Sall de couper des têtes pour faire plaisir aux étudiants… »

Le Professeur Moustapha Samb, dans cet entretien avec Senego, s’invite dans la crise universitaire. Pour ce maître de conférence à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Cesti et département de Sociologie), et par ailleurs secrétaire général du Prad, les étudiants doivent rejoindre les amphis, car une année blanche, c’est une année de salaire perdu dans la vie. Et à charge pour l’Etat de tout faire pour que la lumière soit faite sur la mort de l’étudiant Fallou Sène et qu’une une solution plutôt structurelle soit trouvée.

Votre avis au sujet de la  crise universitaire qui a pris des proportions inquiétantes ?

Il y a c’est vrai un gros passif lié à la mort de l’étudiant Mouhamed Fallou Sène. Un décès regrettable pour toute la nation. Le président de la République a pris des décisions importantes pour sanctionner. L’enquête doit se poursuivre pour que l’on puisse savoir les tenants et les aboutissants de cette affaire douloureuse.

Les étudiants doivent à mon avis reprendre les amphithéâtres, car une année perdue est une grosse perte pour un être humain. Il faut qu’ils reprennent le chemin des amphis, car une année blanche, c’est une année de salaire perdu dans la vie. En Europe, les gens terminent leur cursus universitaire et commencent à travailler aux alentours de 25 ans. Une vie humaine est courte donc j’exhorte les étudiants à la reprise des cours, on est au mois de juin et bientôt c’est le début de l’hivernage. Les bourses sont payées, des sanctions sont tombées. Le reste va consister à discuter sur une amélioration des mécanismes de paiement des bourses et surtout sur le réaménagement crédible du calendrier universitaire.

Qui est fautif dans la survenue de ce drame ?

C’est l’enquête qui va permettre de situer les responsabilités. Il s’agira de voir qui a tiré ? Qui a donné l’ordre de tirer ? C’est une situation qui demande une enquête sérieuse. Les étudiants veulent savoir, ils ont raison et je pense que l’Etat fera tout pour que la lumière soit faite sur cette affaire pour qu’on arrête de tuer nos enfants dans les universités. Personne, de tout bord qu’il puisse se situer, n’a le droit de politiser la mort du regretté Mouhamed Falou Sène. .

Et les exigences des étudiants sur le limogeage de certains ministres ?

Je ne suis pas d’accord avec les étudiants sur ce point. On ne peut pas demander à un président de la République de suivre les desideratas des étudiants au point de limoger des ministres sans que cela ne se justifie par des fautes graves. Les étudiants doivent savoir que le temps milite en leur défaveur. Ils doivent poser leurs doléances, c’est leur droit, sans pour autant exiger la démission de ministres qui peuvent ne pas être impliqués. Cette décision d’enlever un ministre relève du pouvoir discrétionnaire du président de la République.

Les étudiants veulent on dirait la tête de leur ministre de tutelle ?

Le ministre MarieTeuw Niane est quelqu’un de très compétent, qui connait bien l’Enseignement supérieur et qui a eu un bilan élogieux. Il n’est pas juste de faire de lui l’agneau du sacrifice.  Je trouve que c’est un très bon ministre et le changement d’hommes ne saurait être la solution aux problèmes de l’université. A chaque fois qu’un secteur traverse des difficultés conjoncturelles, on coupe des têtes pour se donner bonne conscience alors que la solution est plutôt structurelle et doit passer par des rectificatifs liés au fonctionnement du système et à l’efficience de la bonne collaboration entre les différents départements concernés par la mobilisation à temps des bourses des étudiants. Demander au président de la République de couper des têtes pour faire plaisir aux étudiants est une solution de facilité et demain, il ne faudrait pas être surpris que les étudiants, dans une situation de mécontentement exigent le départ du président de la République lui-même. C’est donc une exigence à mon avis capricieuse qu’il faut retirer de la plateforme des étudiants à qui nous souhaitons un retour vital vers les amphithéâtres et éviter de perdre quelque chose qu’on ne pourra jamais rattraper pour le restant de la vie. Nous ne devons pas banaliser la perte d’une année scolaire, sous d’autres cieux, il est impensable d’imaginer une année perdue dans la vie d’une nation qui aspire à l’émergence.

2 COMMENTAIRES
  • tic

    Pourquoi au Senegal on entedn que des Prof. d’Histoire, sociologie, et autres pipo. On en a marre de la litterature.

  • daba

    très bien prof le Sénégal est fier de vous

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