Isaac Yankhoba Ndiaye est l’un des rares professeurs à pouvoir se targuer de faire l’unanimité ou presque, auprès même de ses propres étudiants. Et malgré les années qui passent, cette réputation reste intacte dans les murs de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques comme en dehors. De lui, les étudiants ne se lassent jamais. Hier comme aujourd’hui, « Jacob », comme on l’appelle affectueusement, est dans tous les cœurs.
En 2006 déjà, le Président Kéba Mbaye lui décernait ‘« le Prix de l’applaudimètre ». Il réagissait ainsi, suite à sa brillante présentation par le Professeur, à l’occasion du Discours inaugural. Des années plus tard, le natif de Thiès fait encore trembler l’applaudimètre.
Entre Jacob et les étudiants, c’est une relation particulière connue au-delà des limites de la faculté de Droit, en raison de ses vertus pédagogiques bien au-dessus de la moyenne. Aussi bien en amphi qu’en dehors, le doyen Jacob était prêt à répondre aux multiples sollicitations des étudiants. Il a toujours été une énorme source de motivation et d’espoir. Et les anecdotes ne manquent pas pour saluer la « bonté » et la « générosité légendaire » du professeur émérite.
A la faculté de Droit, même les membres du Personnel Administratif, Technique et de Services n’ignorent cette qualité dont les étudiants sont les meilleurs juges. « Lorsque vous entendez des applaudissements nourris dans l’amphi, ce n’était même pas la peine de demander. On savait que c’est Jacob qui faisait son cours avec les étudiants. Il a une relation extraordinaire avec eux. Même après son cours, ces derniers le suivaient jusque dehors pour lui poser des questions. Il en a toujours été ainsi ». Cette empathie a su traverser bien des générations d’apprentis juristes. Certains, devenus des collègues, s’émerveillent toujours de la constance du Professeur.
Adulé par des générations d’étudiants, Jacob est également respecté et aimé par ses collègues et congénères pour sa maitrise exceptionnelle des sciences juridiques. Parler de l’universitaire Jacob, pour le Pr Ndiaw Diouf, c’est loin d’être chose aisée, « tant les contributions qu’il a apportées à la science juridique, les services rendus à l’université et à la société sont immenses ». Ayant consacré sa thèse de troisième cycle à l’université de Poitiers au Droit social, Jacob a embrassé, de par ses enseignements et ses travaux, presque toutes les branches du Droit : Droit du travail, droit de la famille, droit des obligations, même le droit constitutionnel.
Panafricaniste convaincu, Jacob a contribué à l’enseignement de plusieurs générations de juristes dans tous les pays du continent. Remarquable universitaire, il est connu de tout l’espace africain francophone, en raison de ses riches et fructueux enseignements dans toutes les grandes universités francophones, particulièrement à l’#UCAD dont il est non seulement le serviteur, mais aussi l’un des plus vaillants ambassadeurs’’. Plus qu’un simple lieu de travail, l’Université est en effet sa seconde résidence.
Issus de la même promotion avec d’illustres autres personnalités dont les magistrats Cheikh Tidiane Coulibaly, Demba Kandji, Henry Grégoire Diop, l’avocate Maitre Borso Pouye, pour ne citer que ceux-là. Pourtant, dans son cursus, rien ne le prédestinait au Droit. Il a même été orienté à la faculté des Lettres, après le baccalauréat. « C’est en allant voir Demba Kandji que le cours m’a séduit et j’ai décidé de le rejoindre ». Par le hasard également, il est devenu chargé des cours en droits des obligations, alors qu’il était spécialisé en Droit du travail. « Le chargé de ce cours devait partir et on me l’a proposé », confie-t-il simplement.
Fils du Cheminot, Issakha Ndiaye, Jacob a grandi à Thiès, entre les cités Pilon et Ballabey. Aujourd’hui encore, malgré les nombreux titres et grades, il est resté profondément attaché à son terroir, très fidèle en amitié. Très humble, l’ancien assesseur avait l’habitude de dire à ses étudiants, « je ne suis pas plus intelligent que vous. L’avantage que j’ai par rapport à eux, c’est juste d’être né avant vous, à une époque où on n’était pas assez nombreux… » Ayant connu tous les honneurs, l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel n’en aime pas moins les choses terre à terre.
Il est « une exception à tous points de vue ». Ce témoignage est revenu plusieurs fois, à l’occasion de la cérémonie de remise de Mélanges en son honneur, intitulés « Le droit africain à la quête de son identité ». C’est dans une salle archicomble, comme lors du fameux discours de 2006, qu’il a été célébré par ses pairs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, particulièrement de la faculté des sciences juridiques et politiques.
Longue vie Professeur. La communauté universitaire vous est reconnaissante!
Jeudi Patrimoine /Université Cheikh Anta Diop