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Macky Sall a gagné. Et après ? Question pertinente, par la réponse de laquelle le Président réélu ancrera ses ambitions étatiques pour le Sénégal.
Et dans les nombreux possibles qui s’offrent à son choix qui est plus que dilemme, se déclinera le cap vers lequel voguera la Nation-bateau. Et à ce propos, nous sommes à un tournant inédit de gestion étatique d’un Président qui, au terme des cinq qui suivent, ne se présentera pas au suffrage des citoyens. et qui, ainsi, devra affiner sa succession, laquelle se dessinera dans la composition du nouveau gouvernement.
Changera-t-il son équipe qui a gagné, pour l’avoir réélu ? Redistribuera-t-il les cartes, poreux aux agrégats politiques qui suintent des voix qu’il a territorialement obtenues durant cette joute électorale ? Telles sont, nous semble-t-il, les questions qui doivent meubler sa solitaire posture présidente.
Et pour cause, assuré de ne plus se présenter, la tentation serait grande pour lui, de se la jouer pépère et au terme de ce mandat, faire valoir ses droits à une retraite paisible, loin des tourmentes partisanes. Mais ce mandat, parce que dernier, pour lui, l’affaiblit et le renforce. Assurément, le Président Sall est dans cette incertaine dualité d’un coach qui est sûr de ne plus tenir les rênes de son équipe, qui fait donc l’expérience de la finitude du pouvoir qui, en fait n’est que délégation. Ainsi, quel pouvoir aura-t-il de contrôler le choc des ambitions qui naîtront dans son parti et sa coalition ? Pourra-t-il maintenir l’unité du Benno bokk yaakar ? Aux réponses à ses question, on saura si le Sénégal va entrer dans une ère de gestion technocratique ou politique, de logique réalisatrice ou de récompense politicienne.
En plus clair, va-t-on partager le gâteau, primant les lieutenants des localités aux plus gros scores – Fouta-, renforçant ceux des terres de débâcle – Thiès et Zinguinchor- ? C’est cette configuration qui se lisait entre les lignes de son discours à la veille des Législatives, lorsqu’il enjoignait ses seconds politiques de gagner leurs localités au risque d’être démis. Mais, le discours tenu récemment, où il disait ne voir ni vainqueur ni vaincu dans la Présidentielle 2019, appelant même au dialogue ses adversaires, bouleverse les paradigmes analytiques.
Récompense politicienne ou impératif étatique, l’ambivalence des deux discours instille un sème dans sa gouvernance : le parti avant la patrie ou la patrie avant le parti ?
Sa réponse actée à cette question, ce dilemme fera son avenir d’homme d’Etat ou d’homme politique.
Bon quinquennat Mister Président !
Le partage du gateau