Dans une tribune publiée par Sud Quotidien, Mouhamadou Diang Diallo, du Lycée Darou Mouhty, analyse ce qu’il qualifie de « déchéance de la parole publique » à l’ère du numérique. Il y expose les contrastes entre les anciennes formes de reconnaissance basées sur le savoir certifié et l’accès sans filtre à l’expression publique offert par les technologies actuelles.
Selon l’auteur, la reconnaissance sociale était autrefois conditionnée par la bravoure ou une expertise validée par des processus rigoureux, tels que les diplômes universitaires. Cette époque, où une « classe d’érudits » veillait sur la qualité du débat, s’oppose au contexte contemporain. Aujourd’hui, « le premier venu peut se targuer d’être entré dans l’histoire, parce qu’ayant ouvert une page, une chaîne ou un compte qui lui permet, sans aucun contrôle, aucune certification rigoureuse, de distiller ses connaissances ».
Cette situation engendre, selon lui, un « océan d’informations » où il devient difficile de « démêler le vrai du faux, l’utile de la futilité », les jeunes étant les plus exposés. Il déplore que les outils numériques permettent à une « certaine catégorie de personnes » de se présenter en spécialistes, de diffuser des avis peu éclairés et de « déverser une haine mal contenue ». Pour Mouhamadou Diang Diallo, ces plateformes offrent une tribune à des « pensées incendiaires » qui étaient auparavant tues, avec pour conséquence une banalisation de la parole publique qui tend à « séparer les peuples ».
L’auteur rappelle l’influence des réseaux sociaux lors d’événements comme le Printemps arabe pour illustrer leur pouvoir de mobilisation. Il estime cependant que l’on observe aujourd’hui davantage de « dérives ou écarts de langage », citant en exemple les « récentes et multiples interpellations du Procureur de la République » au Sénégal. Face à ce constat, il appelle à des mesures d’encadrement et de formation, notamment à travers l’école, pour un meilleur usage d’internet. L’objectif serait moins d’« entraver la liberté de pensée que de protéger l’écosystème social », un enjeu crucial pour la préservation du vivre-ensemble. Ce dialogue sur les défis actuels est essentiel pour renforcer la cohésion sociale dans le pays.
Mouhamadou Diang Diallo suggère de s’inspirer des restrictions existant dans certains pays occidentaux pour protéger les plus jeunes. Il insiste sur la nécessité de trouver un « juste milieu entre modernité, ouverture, liberté d’expression et préservation du patrimoine inestimable de la vie de communauté ». Cette réflexion sur le rôle de l’éducation face aux défis contemporains rejoint d’autres points de vue selon lesquels chaque programme scolaire est un projet de civilisation.
