Après avoir analysé l’interview du chef de mission du FMI au Sénégal, nous avons eu peur ! (Vidéo)

L’interview accordée ce jeudi 6 novembre 2025 à nos confrères de l’Agence de Presse Sénégalaise par Édouard Gemayel, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal, se voulait rassurante. Mais derrière les mots soigneusement choisis et les formules diplomatiques, son discours soulève de graves inquiétudes sur la lecture que le FMI fait de la situation du pays, sur les priorités qu’il impose et sur sa complaisance vis-à-vis d’un scandale financier d’une ampleur inédite en Afrique de l’Ouest : celui des dettes cachées héritées du régime de Macky Sall.

Gemayel parle d’une « dette non dévoilée » ou « dette cachée », en minimisant presque la portée du scandale, alors qu’il s’agit d’un véritable séisme budgétaire et politique. Selon les chiffres reconnus par les autorités elles-mêmes et confirmés par le FMI, près de sept milliards de dollars ont été contractés entre 2019 et 2024 sans enregistrement officiel, c’est-à-dire en dehors des circuits légaux de la dette publique. Ce n’est pas une simple erreur comptable, mais un acte grave de dissimulation financière ayant faussé pendant des années la perception réelle de la santé économique du Sénégal. Le chef de mission du FMI parle pourtant d’un « miss reporting » et d’un ensemble de « mesures correctrices », évitant soigneusement de nommer les responsables politiques de cette manipulation budgétaire. Or tout le monde sait que ces dettes ont été contractées sous la présidence de Macky Sall et que son gouvernement a sciemment maquillé les chiffres pour maintenir une image artificiellement saine auprès des bailleurs de fonds.

Ce ton aseptisé, cette prudence de langage du FMI sont d’autant plus troublants que la gravité du scandale ne souffre aucune nuance. Parler d’« esprit de transparence » et de « bonne gouvernance » pour qualifier la période actuelle, tout en fermant les yeux sur les responsabilités de l’ancien régime, relève d’une incohérence flagrante. Le FMI, qui reconnaît pourtant que cette dette cachée est « sans précédent en Afrique », se garde bien de demander des comptes. Cette attitude nourrit un sentiment d’impunité et pose une question de fond : comment espérer une gouvernance nouvelle si les institutions internationales continuent de banaliser les tricheries du passé ?

Sur le plan économique, le discours de Gemayel, en apparence technique, porte lui aussi les germes de plusieurs dérives potentielles. Il salue la « résilience » de l’économie sénégalaise, parle d’une croissance « forte » estimée à 8 %, et affirme que le pays est « sur la bonne voie ». Mais cette lecture optimiste se heurte à une réalité bien plus nuancée. La croissance évoquée repose sur le démarrage des activités pétrolières et gazières, des secteurs extrêmement volatils et exposés aux fluctuations internationales. Elle ne reflète pas la situation sociale réelle du pays, marquée par le chômage des jeunes, la pauvreté urbaine et la dépendance alimentaire. Derrière les chiffres flatteurs, il y a une économie encore fragile, peu diversifiée, et profondément inégalitaire.

Le FMI se félicite également de la réduction du déficit budgétaire, passé de 13,5 % à 7,8 % du PIB en un an, et projette 5,4 % pour 2026. Ces objectifs peuvent séduire sur le papier, mais leur faisabilité repose sur des hypothèses fragiles : une forte hausse des recettes fiscales, l’introduction de nouvelles taxes et la réduction massive des subventions, notamment dans le secteur de l’énergie. Le FMI lui-même reconnaît qu’il a invité les autorités à être « plus conservatrices » dans leurs prévisions, signe que le scénario actuel est sans doute trop optimiste. Ce type d’ajustement, déjà expérimenté ailleurs, risque de peser lourdement sur les ménages sénégalais, surtout les plus modestes.

Gemayel parle de « baisse conséquente » des subventions énergétiques, de l’ordre de 30 à 40 %. C’est là l’un des passages les plus dangereux de son discours. Derrière cette formule technique, il faut comprendre une probable hausse des prix du carburant, de l’électricité et des transports, dans un contexte où le pouvoir d’achat est déjà laminé. L’économiste tente d’adoucir son propos en évoquant une enveloppe de 35 milliards de francs CFA pour soutenir les ménages vulnérables, mais cette compensation reste symbolique : elle ne couvrira qu’une infime partie des pertes subies par la population. En d’autres termes, les ménages paieront l’austérité imposée au nom de l’équilibre budgétaire.

Ce choix de réduire les dépenses sociales et les subventions pour plaire aux critères macroéconomiques du FMI traduit une vision purement comptable de l’économie, coupée des réalités du terrain. Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, à la tête du pays depuis mars 2024, devront composer avec cette pression extérieure tout en préservant les promesses sociales faites aux Sénégalais. L’équation est délicate : comment rétablir la confiance, assainir les finances et soutenir les plus pauvres sans retomber dans le cycle d’endettement et de dépendance qui a marqué l’ère Macky Sall ?

Le discours de Gemayel passe aussi sous silence la dimension politique de cette crise. En insistant sur la « bonne entente » entre le FMI et les autorités actuelles, il semble ignorer le climat de méfiance populaire vis-à-vis des institutions financières internationales, souvent perçues comme les architectes de politiques d’austérité socialement destructrices. En se contentant d’un ton neutre et administratif, le FMI risque d’apparaître une fois encore comme un partenaire indifférent aux réalités sociales et démocratiques du pays.

Cette complaisance, conjuguée à un optimisme économique fragile, crée un cocktail dangereux. Le FMI donne le sentiment d’accompagner un processus de “normalisation comptable” là où il faudrait une refondation institutionnelle profonde. Il parle d’« audit » et de « publication » de la dette comme si cela suffisait à tourner la page, alors que le problème central reste celui de la responsabilité politique et du contrôle démocratique.

Le Sénégal n’a pas seulement besoin de redresser ses comptes ; il doit restaurer la confiance. Et cette confiance ne viendra ni des rapports d’experts ni des courbes de croissance, mais de la justice, de la vérité et de la transparence sur les fautes du passé. Tant que le FMI continuera de ménager la diplomatie au détriment de la vérité, il contribuera, malgré lui, à prolonger le cycle des illusions financières et à rendre plus incertain l’avenir économique d’un pays déjà fragilisé par dix années d’opacité budgétaire.

Le nouveau pouvoir, qui se présente comme celui de la rupture, devra donc aller au-delà de la technicité rassurante du FMI : il lui appartient désormais de transformer ce discours de façade en véritable redressement, où la transparence et la justice comptable ne seront plus des slogans, mais les fondations d’une souveraineté économique enfin réelle.

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19 commentaires

  1. Enfin un article qui souligne la GRAVITE de cette dette cachée!! Oui il s’agit bien d’une dette sciemment cachée. Mais on dirait que Macky Sall a drogué ou envouté les sénégalais. Tout le monde fait comme si ce n’est pas trop grave, il y’en même qui théorise comme quoi « il ne fallait pas le relever!! Pour moi tout ce qui défende cette posture sont soit issu de famille de dérobeurs ou ont trinqué.

    Si on considère les conclusions/decisions du conseil constitutionel publiées avant les lections présidentielles, il n’est pas normal que le CC ne soit pas intervenu pour qu’on clarifie cette HOLD UP national.

    L situation est très très grave, un pays normal se serait soulevé pour que lumière soit faite. En France pour moins que ça le ministre du Budget fût condamner, des maires envoyés en prison et un président d’abord sous bracelet électronique… shit hole country


  2. Quand on cache les rapport rien ne peut être claire. bandit ignorant. FMI Dana lén déf nini mbam même si c’était cache on la mis dans les besoins des senegalais wayé foo fék kou dioudou si pauvre day sokhor ba lor bobam mo takh ma naw chinois yi europin boulen beuga fonton nu tégal sa ndaye. bandits salté


  3. Dites moi un seul pays que le fmi et la banque mondiale ont reussi a,developper.

    Le colon a transféré l instrument de domination a ses organisation sataniques


  4. Si les faits décrits sont avérés, il est permis de se poser la question de savoir quelle est la responsabilité du FMI et de ses experts. Le président Macky Sall conteste ces déclarations qualifiées de non sens. Le fait de désigner un cabinet d’avocats et d’économistes de très haut niveau pour contester les accusations, doit être pris au sérieux .N’allons pas vite en besogne.

    En tant que profane, je me pose la question de savoir qui a finance la dette « cachée » et comment il va être remboursé, cette question me taraude l’esprit.


  5. Macky Sall fut président avec le désir funeste de détruire complètement le Sénégal. Comme s’il devait se venger d’un tort que nous lui avons fait sans nous en rendre compte


  6. Le mensonge est la pire des prisons…Le Senegal a pris la ferme decision de sortir de ce piége. Toutes ces malversations ne seraient pas possible sans des agents véreux du fmi.

    C’est comme si l’honnêteté ne paye plus.


  7. Ils ne parlent que de la dette et ne font pas de comparaison aux multiples réalisations qui la justifie,le fmi sait qu’il n’ y a rien de grave mais diplomatiquement il ne veut pas gêner les nouvelles autorités qui veulent s accrocher à un soit disant scandale pour atteindre le président Macky Sall


  8. A ces analyses, il manque l évaluation de l actif.

    On ne parle pas des réalisations de l ancien régime. D importantes infrastructures ont été réalisées et soulagent les populations quelque part. Aujourd’hui on ne peut plus se passer du TER et du BRT. les autoroutes sont au plan économique et social d une importance capitale

    Des nouveaux hôpitaux ultra modernes continuaient à pousser un peu partout dans le pays.

    Les problèmes financiers qui font l objet d un debat depuis des mois proviennent d un discours politique que le FMI ne peut évoquer. Diplomatie oblige. Le FMI n a fait aucune étude pour se prononcer valablement sur la situation actuelle du pays. Jusqu’en 2023 le FMI qualifiait le Sénégal de bon élève. Sur quelle base ?

    Arretons ces histoires et mettons nous au travail. Le FMI. la Banque mondiale et les autres partenaires n attendent que ça. Gemael dans ce climat politique ne sait pas quelle tenue porter. Je suis Qu il regrette ses sorties à chaque fois.

    Reconcilions nous et mettons nous au travail derrière les autorités légalement élues. Que chacun fasse son travail. A l administration de faire sereinement son travail. A la justice de juger selon les lois du pays et aux législateurs de légiférer en fonction des priorités du pays. Ci jamm la lepp xecc.


  9. Le FMI est tout aussi responsable que l’ancien gouvernement. C’est pourquoi il cherche à minimiser. Le peuple sénégalais doit protester vigoureusement contre cette institution. Nous devrions refuser de reconnaître cette dette et de la payer tout court.


  10. Moi je rigole quand je vois qu’après tout ça Macky a le kilo de rêver encore de redevenir Président du Sénégal un jour…

    Mais on se fout de qui là ?

    Son temps est passé et il faudra qu’il finisse ses jours en taule et basta !!!! Lui et son orchestre…


  11. Gni séne thiép done toy grâce à Macky ou grâce à ceux qui étaient pendus, accrochés ou couverts par Macky: Sortez! On ne vous entend plus quand c’est le FMI qui confirme ce vol qui est une haute trahison dans un pays où une grande partie de la population a du mal à joindre les deux bouts.

    Même pas honte.


  12. Pourquoi jusqu’a present aucune action nest entame pour une inculpation pour haute trahison? Pourquoi les peines ne sont pas reviser pour incluse la pendaison pour la haute trahison? Pourquoi la justice est lente? On ne detruit pas un pays et avoir droit a la parole.

    IL Y A DES DELITS QUI NE PEUVENT ETRE PAYE QUE PAR LA PEINE DE MORT.


    • Il faut comprendre que les mensonges sont plus rapides mais la vérité arrive tôt ou tard . On attend toujours les rapports et depuis 2017 tous Nada . LE FMI est étonné de voir tout ce montant caché sans preuves. C’est inédit


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