Dans une tribune publiée par le journal Sud Quotidien, Samba Niébé BA propose une réflexion sur les programmes scolaires, qu’il décrit comme le reflet des visions du monde, des ambitions et des contradictions d’une société. Il y analyse leur rôle dans la construction de l’identité collective, de l’époque coloniale aux défis posés par la mondialisation et le numérique.
Selon l’auteur, les programmes éducatifs ne sont jamais neutres mais constituent des « instruments de formation de l’esprit collectif ». Il rappelle que l’école coloniale, par exemple, était conçue pour former des commis au service de l’administration métropolitaine, en valorisant la culture du colonisateur au détriment des savoirs locaux. Cette approche, centrée sur des enseignements comme « nos ancêtres les Gaulois », est présentée comme un outil d’aliénation culturelle.
Avec les indépendances, une nouvelle dynamique a été enclenchée, visant à décoloniser les contenus en valorisant les langues africaines, l’histoire locale et les savoirs endogènes. Cette volonté de réappropriation culturelle se matérialise encore aujourd’hui sur le continent. À titre d’exemple, le Ghana a récemment décidé que l’enseignement primaire se ferait désormais en langues locales, une démarche qui s’inscrit dans cette logique d’enracinement.
Samba Niébé BA souligne que les défis actuels, tels que l’intelligence artificielle et les mutations sociales, exigent une adaptation constante des programmes. Il plaide pour un équilibre entre « un enracinement local et une ouverture universelle », afin que l’éducation ne soit pas déconnectée du vécu des élèves. Il met cependant en garde contre les réformes qui se limitent à des « ajustements techniques ou à des emprunts étrangers sans réelle adaptation contextuelle ».
Pour l’auteur, la finalité de l’éducation ne doit pas seulement être d’instruire, mais aussi « d’éveiller, relier, construire des citoyens libres, critiques et solidaires ». Il conclut en affirmant que la refonte des programmes scolaires est fondamentale, car, selon ses termes, « chaque programme scolaire est un projet de civilisation » qui façonne le type d’homme et de société pour l’avenir.
