Le chef des putschistes nigériens promet une transition vers un régime civil, après une première rencontre avec une délégation de la Cedeao. Tout en disant privilégier une solution diplomatique, cette dernière a assuré vendredi avoir fixé la date d’une intervention militaire si nécessaire.
Comment désamorcer une menace d’intervention militaire extérieure destinée à rétablir l’ordre constitutionnel ? Promettre une transition rapide, en tout cas en moins de trois ans. Voilà ce qu’a promis, samedi, le général Abdourahamane Tiani, le chef des putschistes qui ont renversé le président Bazoum le 26 juillet au Niger.
Dans une allocution télévisée d’une dizaine de minutes, le nouvel homme fort du Niger a aussi annoncé la convocation d’un « dialogue national » qui devra formuler des « propositions concrètes » sous 30 jours, afin de poser « les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle ».
Mise en garde
L’homme fort du coup d’Etat n’a pas évoqué l’arrivée, samedi, d’une délégation ouest-africaine , qui s’est rendue à Niamey pour trouver une solution diplomatique à la crise au Niger. Il a en revanche mis en garde les pays de Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) contre toute intervention militaire.
Selon lui, l’organisation régionale souhaite mettre « sur pied une armée d’occupation en collaboration avec une armée étrangère », sans citer de pays. Vendredi soir, après une réunion de ses chefs d’état-major durant deux jours à Accra, la Cedeao s’est de nouveau dite prête à utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, indiquant que le jour de l’intervention a été fixé.
Mission diplomatique à Niamey : « La Cedeao ne bluffe pas »
« La Cedeao ne bluffe pas », estime une source généralement bien informée des questions africaines, tandis qu’à Niamey un homme d’affaires explique que « tout le monde prend très au sérieux le risque d’intervention militaire, car la Cedeao joue sa crédibilité face au cinquième putsch de la région ». Ajoutant que « la Cedeao a montré sa détermination par des sanctions bien pires que contre les coups d’Etat précédents, qui touchent même les produits alimentaires et pharmaceutiques ».
La Cedeao dit toutefois croire encore en une issue diplomatique. Samedi, une délégation conduite par l’ancien président nigérian, Abdulsalami Abubakar, a été accueillie à l’aéroport par le nouveau Premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine. Il s’est entretenu avec le général Tiani, samedi après-midi, « Nous sommes prêts à résoudre le problème pacifiquement, mais il faut être deux pour danser le tango », a déclaré Unm Abdel-Fatau Musah.