ARTS DYNAMIQUES ET /OU DE LA SCENE
NDJAAR-YEEMU : Hier, lueurs et leurres du théâtre
La région de Diourbel a remporté le premier prix de la compétition théâtrale. C’était, lors de la récente édition du FESNAC, tenue à KAOLACK(Saloum), du 09 au 12 décembre2015. Un développeur de la culture vient de procéder à une introspection sur la trajectoire sinueuse de certains arts de la scène, comme la danse et le théâtre. A ce titre, il projette un regard critique sur les chemins tortueux et plein d’embuches du quatrième (4ème) art dans le comté du BAOL. Notamment, il considère cette réussite comme un oasis de spectacle dans un désert artistique de la localité « ru rurbaine » de Diourbel.
L’odyssée du théâtre, populaire dans la capitale (Peey en wolof lebou) du royaume du Baol, révèle une période faste, entre 1965 et 1985, énonçait Amadou Diop, un acteur culturel résidant au quartier Medinatoul communément désigné Keur Guu Makk. La réflexion s’inspire de la désaffection manifestée par les autorités publiques (locales et administratives. Celles-ci avaient brillé par leur absence à l’occasion de la cérémonie de commémoration de la journée mondiale du théâtre dans l’après midi du 27 Mars 2001, regrette un acteur local. En effet, les deux troupes de théatre les plus dynamiques et actives de la commune rurale organisaient un podium théâtral Centre Culturel Régional.
C’était devant un public clairsemé, constituait de férus de théatre sur planche. La programmation alternait des chœurs, des sketches et des ballets puisés des riches répertoires du noyau artistique de l’association pour le développement du Medinatoul. A côté des prestations de haute facture, émergèrent par une excellente occupation scénique des artistes de la troupe « NDONGOY BAWOL ». Celle-ci représente la branche artistique de la section régionale de l’Association pour le Développement de la Promotion Culturelle, dont le siège social se trouve à Guediawaye, dans la banlieue dakaroise.
Le réquisitoire amer et acerbe de Monsieur Diop emporte les assentiments de Babacar Sall, le manager de « NDONGOY BAWOL » et de feu Fadel Agne, une icône de la vie culturelle à Diourbel. Au reste, lesdits responsables des activités d’animation de la vie culturelle, à l’instar du Festival régional de musique traditionnelle, effectuèrent un diagnostic sans complaisance des « mots et autres maux » du panorama culturel écarlate. L’appréciation, évaluation reste centrée essentiellement sur le théâtre.
Dans une approche dialectique, voire autobiographique, ils esquissèrent l’historique du théâtre populaire marquée par l’idéologie mouride ; se fut un vecteur d’homogénéisation de cet espace régional. Au surplus, la pertinence et la cohérence de leurs analyses conclurent que les effets de ce pan de l’éducation sociale sur les populations généralement rurales. Ces dernières s’imprégnaient des valeurs de mysticisme soufi, renchérit un historiographe ; cet homme de culture est perçu comme une référence intellectuelle, pertinente sur l’étude des particularismes, des pesanteurs sociologiques et des permanences psychologiques des « peuples » du Baol.
Poursuivant, les interlocuteurs cités plus haut adoptent un style oratoire et/ou aratoire pour expliciter leur amertume. Aussi, précisent-ils que l’essor de cette « industrie culturelle » tient, en partie, à l’implantation spatiale très étendue (géographiquement lâche et dispersée). Des écoles coraniques cohabitent avec d’autres établissements humains d’éducation islamique : « DAARA ». Partant, ces organismes socio-éducatifs servaient de véhicule, de propagation, d’une idéologie, d’amour du prochain, de tolérance, d’hardiesse, d’habileté, de solidarité et de dévotion. Pour ce faire, le regain du théâtre populaire, et son corollaire d’épanchement du mouvement de danse de masse « TAXURAN » demeure un puissant levier d’enracinement, voire d’identité régionale.
Les tendances lourdes de la vie sociale et religieuse d’un spécialiste de la sociologie des terroirs et de la quotidienneté inspirent les réflexions de Amadou Diop et les autres responsables de compagnies de quartiers. En ce sens, ils focalisaient leur argumentaire sur les raisons du recul de la créativité artistique ainsi que des difficultés de la pratique du théâtre populaire dans la cette partie de la région agrométerorologique du Centre-Ouest.
Qui plus est, ils suggèrent quelques facteurs déterminants susceptibles d’enclencher un nouvel envol. Et, les perpétrants dégagent des pistes à explorer pour mettre sur orbite et maintenir en axe le théâtre de la région sur la grande scène du THEATRE TOTAL ET SEMI-PROFESSIONNEL.
Auparavant, les personnes ressources, citées plus haut, retracèrent l’odyssée du théâtre populaire Le tableau panoramique pointait sur les principaux vecteurs de l’expansion artistique que furent les troupes de quartier et d’associations confrériques.
La liste commence par « CAADA-ci » de médinatoul qui occupait le sommet, en 1979. Au fait, la troupe « RENAISSANCE » crée par un infirmier Cheikh Mboup et le communicateur traditionnel Samba Awa NDIAYE(animateur à la chaine régionale RTS Diourbel) forgea l’admiration ainsi que le respect du public et des connaisseurs du théâtre à Diourbel. De même, le théâtre historique de la compagnie « COOSAAN » dominait les autres sur les planches. Durant la décennie 70, la maitrise poétique jaillissait de l’esthétique (vêture, coiffure, gestuelle) d’artiste-vedette-(des olympiens transmetteurs d’influences) comme Demba Tacko. Ses prouesses et sa présence scénique contribuèrent largement à l’éclatant succès de la pièce intitulée la bataille de « SOMB »
En revanche, l’emprise du passéisme dans la nature du théâtre d’antan augurait une plongée et/ou une plombée de l’activité théâtrale à Diourbel, reconnaissent la plupart des amateurs interrogés, d’ailleurs, Amadou Diop invoqua une raison importante de dépréciation de cet art. Selon lui, elle s’articule autour des méfaits de la partition de la grande région de Diourbel en deux circonscriptions administratives distinctes : Diourbel et Louga. Cet éclatement d’un espace harmonisé de par la culture arachidière (bassin arachidier) et complémentaire avec la zone sylvopasorale (djolof) enclenche le déclin des parodies artistiques. La cadence théâtrale et l’intensité musicale avec les groupes peulhs des vieilles africaines « RITI » du Ferlo. La célèbre troupe de mélodie musicale peulh « NJAAY NAYBE », de Daara Djolf, constitue une des reliques de notre patrimoine immatériel.
L’avènement des convergences culturelles, en tant que substrat de la préservation de diversité culturelle, appelle une confection d’une lettre sectorielle de politique culturelle adaptée et agressive. A cet effet, les axes, les orientations prendraient en compte le regroupement des activités de célébration relative aux journées internationales de la danse, du théâtre et du patrimoine culturel. Tout comme, le retour du théâtre scolaire va puiser aux sources des enseignements pratiques des leçons de morale et d’instruction civique
Amadis DIAGO DI GEET NDAR
Bon Guett NDarien
Felicitation