Naufrages en Méditerranée : « La mauvaise politique de jeunesse… »

Une jeunesse, entre l’enclume d’une mauvaise politique gouvernementale et le marteau de tares sociétales.

Un naufrage de plus au large de la mer Mauritanienne, faisant des dizaines de victimes, la plupart de nationalité gambienne et sénégalaise, et qui laisse à constater l’ampleur des catastrophes notés depuis l’avènement de cette forme d’émigration de la jeunesse africaine.

Rappelons qu’en 2018, le Haut Commissariat des nations unies pour les Réfugiés ( HCR ) a estimé à plus de 2260 têtes le nombre de migrants ayant perdu la vie dans la traversée de la mer méditerranéenne pour rejoindre le continent européen.

Et aucune démarche fiable à échelle continentale n’est à la hauteur pour combattre cette problématique.

Au lieu d’arroser l’opprobre sur l’irresponsabilité des jeunes aventuriers, il s’agirait mieux d’observer l’arrière de Sunugaal pour constater l’état pitoyable et désastreux de son gouvernail, représentant la marge jeune du pays en quête désespérée d’une situation socialement stable.

Lutter contre ce fléau de l’émigration, consisterait d’abord à assainir le monde de l’éducation en général par une multiplication des universités publiques, diversifier les domaines de compétences, reformer les programmes d’études à toutes les étapes en élevant les niveaux d’excellence, encourager les activités sportives en offrant à chaque département du pays, un complexe sportif de dernières générations, avant de promouvoir et privilégier les entreprises nationales, qui de suite pourront concourir à débaucher le maximum de sollicitations.

Le prolongement de l’âge de la retraite dans certains domaines d’activité ne favorise aucunement la création d’emplois et constitue l’un des facteurs bloquant le processus de renouvellement de personnels travailleurs.

Ce qui réduirait ainsi de facto la compétitivité des entreprises nationales en interne comme dans le marché extérieur.

Vous aurez beau porté haut le slogan FAST TRACT dans vos discours mais le clientélisme politique, constaté dans l’administration et dans les entreprises nationales fera toujours face à toute volonté et réduire les élans de développement.

Aussi qu’iI est impensable de vouloir maintenir une population jeune dans un environnement sans pour autant mettre en place des conditions et mesures d’accompagnement ou d’épanouissement leur permettant de mieux s’occuper.

Pour ainsi dire, il faut une réelle politique de jeunesse pour espérer vaincre ce phénomène de l’émigration clandestine ce qui, hélas, fait défaut chez nos dirigeants.

Les pays africains souffrent de leur ouverture prématurée au monde des affaires extérieures. Ce qui semble être mettre la charrue avant les bœufs.

Par ailleurs, il est à noter que la quasi-totalité des contrats négociés sont moins avantageux ou parfois même frauduleusement accordés à des multinationales qui dictent leurs règles, suçant la crème économique de nos pays.

Inéluctablement, la corruption et les détournements de fonds publics entraînent des reculs sur l’économie nationale.

Par la même, les projets de prestige ne concourent guère à la création d’emplois, au contraire ils réduisent les possibilités d’investissement sur les enjeux primaires comme la santé, l’éducation et la formation des jeunes.

Désolant que l’Afrique soit le continent qui fournit le plus de matières premières et soit paradoxalement le plus arriéré à cause de la médiocrité de ses négociations qui aboutissent souvent à des retombées moindres qui ne peuvent satisfaire la demande

Il en résulte alors un avantage pour les entités financières comme la Banque mondiale, qui oblige les pays sous développés à contracter plus de dettes à des taux extrêmement élevés. Une façon d’introduire leur volonté dans le fonctionnement étatique des contractants.

C’est ainsi que toutes ces décisions nébuleuses ont une répercussion directe sur le vécu des populations jeunes, laissant place au chômage et au banditisme.

A côté de ces causes pré-citées, viennent les tares sociales comme la marginalisation chez les personnes démunies au sein même de leur propre famille.

Par conséquent, le jeune chômeur n’obtient presque plus de soutien moral de la part de ses proches et est souvent sujet de dénigrement de mépris et est écarté de tout par les siens pour trouver refuge auprès de mauvaises tentations qui finalement, le conduisent à la dérive.

A défaut de grives et se contentant de merles, le jeune chômeur choisira cette dernière voie: les embarcations clandestines s’ouvrent à lui, comme une possibilité de rejoindre l’ Eldorado et prendre sa revanche sur un présent difficile et malheureux.

En somme, le phénomène des embarcations n’a toujours pas obtenu une solution durable.

Et aussi inquiétant qu’il puisse être pour l’Europe, il est important que les occidentaux sachent que la fermeture des frontières et la surveillance des côtes ne peuvent solutionner ce problème.

Seul un partenariat à part égale pouvant faire bénéficier aux pays africains une maîtrise de leurs charges, est la solution.

Si la jeunesse africaine profite des retombées économiques du continent par l’acquisition d’un emploi à la hauteur de ses compétences, il ne serait plus question pour elle de s’aventurer sur des terrains aussi dangereux.

Certaines formes de financement comme le DER au Sénégal ne peuvent répondre aux problématiques de la jeunesse d’autant plus que les frais d’embarcations doublent même les sommes proposées..

La question est aussi morale que financière puisqu’il s’agit d’une quête de bien-être à longue durée.

* Papa CISSÉ

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