Me Soumaré: « Cautionner ne signifie pas reconnaître les faits… les familles se cotisent parfois »

Alors que les affaires aux détournements présumés de deniers publics continuent d’alimenter les débats au Sénégal, la libération provisoire de plusieurs hauts fonctionnaires, assortie de cautionnements parfois élevés, suscite l’incompréhension au sein de l’opinion. Certains Sénégalais s’étonnent du train de vie et de la capacité financière de ces cadres à verser d’importantes sommes.

Suite à cette polémique, l’avocat Souleymane Soumaré appelle à la retenue. « Il ne faudrait pas se hâter d’accuser ceux qui ont cautionné de s’être enrichis au-delà de ce que leur statut de fonctionnaire leur permet », avertit l’avocat. Selon lui, dans la majorité des cas, les cautions sont réunies grâce à la solidarité familiale et amicale. « Ce sont les amis et les familles, larges en nombre, qui se sont cotisés et qui ont tapé sur toutes les portes possibles pour rassembler les sommes nécessaires à la libération de leurs proches », précise-t-il, tout en soulignant la difficulté de l’exercice.

L’homme de droit rappelle que le cautionnement est un mécanisme légal prévu pour garantir la représentation d’un mis en cause devant la justice. Il ne saurait être interprété comme une reconnaissance de culpabilité. « Cautionner ne signifie pas reconnaître les faits. C’est un mécanisme de garantie de représentation en justice prévu par la loi pour bénéficier d’une liberté provisoire dans certains cas, le temps de l’instruction du dossier », explique Me Soumaré.

Il ajoute que ce mécanisme existe également pour d’autres infractions, comme l’escroquerie ou l’abus de confiance. Mais s’agissant des détournements de fonds publics, il faut soit contester sérieusement les faits (ce qui reste difficile en début de procédure), soit rembourser ou verser une caution pour espérer la liberté provisoire.

Enfin, Me Soumaré rappelle le principe de restitution des fonds en cas de non-lieu : « Si la personne est déclarée innocente, la justice lui restitue les montants cautionnés. Dans le cas contraire, les montants iront à l’État ou aux victimes ».