Mama Colonelle , l'humanité d'une policière pour redonner goût à la vie

Le documentaire « Mama colonelle » du réalisateur congolais Dieudo Hamadi, présenté dans le cadre du Forum de la 67-ème édition du Festival international du film de Berlin (9-19 février), dresse le portrait d’une policière qui a décidé, dans un contexte particulièrement hostile, de dédier son action à la protection de femmes et d’enfants victimes des violences de la guerre en République démocratique du Congo.

Sur les traces du Colonel Honorine Munyole (la policière), la démarche artistique du cinéaste fait voir les blessures d’une guerre déclenchée il y a une vingtaine d’années et le dénuement dans lequel des femmes et des enfants tentent de remonter la pente, de reprendre goût à la vie et de redonner sens à leur part d’humanité et de dignité souillée et bafouée, indique l’agence de presse sénégalaise.

Dans le Sud-Kivu, où débute le film de 72 minutes, puis à Kisangani où elle est mutée, Mama Colonelle, veuve et mère de sept enfants (quatre biologiques et trois adoptés) apparaît, apparaît, pour les veuves et les orphelins, comme celle qui vient, en plus d’assurer la sécurité, apporter un réconfort moral contribuant à un remembrement d’individus blessés dans leur chair.

Sur fond de croyances religieuses, les enfants auxquels elle apporte son soutien sont accusés de sorcellerie. Dieudo Hamadi a réalisé ce film avec peu de moyens, filmant lui-même. Mais il parvient tout de même à mettre le doigt sur des phénomènes auxquels, malheureusement, les populations locales se sont habituées.

Dans un travail de véritable psychologue, la policière recueille les témoignages les plus poignants sur des sur des histoires de viol, de violences sexuelles, faisant voir l’humanité et la sensibilité d’un agent qui n’en reste pas moins l’incarnation d’une autorité crainte et respectée par ses collègues et les populations, de même que par ceux qui seraient tentés de semer le désordre.

Mama Colonelle se déplace vers les populations, soutient des enfants orphelins ou abandonnés, accusés de sorcellerie, aide à la reconversion de femmes qui avaient presque perdu goût à la vie.

Elle réussit à les mettre ensemble : des enfants qui n’ont plus de mères et des femmes seules qui vont ainsi réapprendre à vivre, à sentir et à donner de l’amour.

À travers ce travail sur une policière, le documentaire de Dieudo Hamadi pose la problématique de la dureté des réalités sociopolitiques, le drame d’une guerre « oubliée », les défaillances de l’Etat dans la protection des citoyens, l’insécurité causée par l’appétit pour les ressources naturelles du Congo, la question du non respect des décisions de la Cour internationale de justice – qui a condamné l’Ouganda et le Rwanda à dédommager les victimes.

Colonel Honorine Munyole que le réalisateur suit de très près, dans son travail et dans ses activités à la maison, est le symbole de personnes qui ont décidé de ne pas céder à la fatalité et de faire plus que le travail pour lequel elles sont payées. Leurs combats quotidiens portent l’espoir et le souci de préserver la dignité humaine.

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