Makhtar Diokhané : le présumé cerveau du réseau jihadiste embryonnaire du Sénégal
Comme le révélait Libération, c’est un Sénégalais interpellé à la frontière nigérienne alors qu’il tentait de rallier le Nigéria, qui est au centre du dossier de terrorisme présumé piloté par la Division des investigations criminelles (Dic). Son nom : Makhtar Diokhané
Certains prêcheurs ou marabouts auto-proclamés qui s’empressent de dénoncer les arrestations récentes effectuées par la Police et la Gendarmerie dans le cadre de la prévention contre le terrorisme gagneraient à se taire. En effet, les dossiers pilotés par la Section Recherches de Dakar et la Division des investigations criminelles (Dic) reposent sur des informations en béton qui étayent l’existence d’une filière de financement du terrorisme. Comme nous le révélions, c’est un Sénégalais arrêté à la frontière nigérienne qui se trouve être au cœur de l’enquête de la police judiciaire.
Son nom est Makhtar Diokhané, époux de C. Diokhané – une adepte de la Burqah et du discours radical – placée en garde à vue à la Dic. Contrairement à une idée répandue, les autorités sénégalaises s’intéressent aux déplacements de Makhtar Diokhané depuis juin ou juillet der- nier. Ce, après avoir reçu des informations faisant état de solides liens que ce dernier entretient avec Boko Haram, ce cancer qui gangrène le Nigéria. Tout indique d’ailleurs que Diokhané, qui était sous surveillance rapprochée, allait rejoindre ses «amis» au moment de son interpellation. Arrivé à la frontière terrestre, il ne s’attendait sans doute pas à son arrestation.
En effet, il a été interpellé à la suite de la découverte d’un… faux billet qui se trouvait parmi la liasse qu’il a présenté lors du contrôle à la frontière. Les autorités nigériennes ont de suite in- formé Dakar qui leur a signalé la nature véritable du «colis» dont l’extradition devrait se faire dans les prochains jours. Le Sénégal a adressé une demande, dans ce sens, à Niamey.
Diokhané pris, la police sénégalaise a accéléré la cadence des arrestations pour éviter tout risque de fuites. D’autant que les enquêteurs étaient déjà étonnés par les formes sommes d’argent que le concerné envoyait à son épouse alors qu’officiellement, il n’exerce aucune fonction.
Mieux, Diokhané, via son épouse, finançait plusieurs dahiras qui se distinguaient par des discours extrêmement radicaux. D’ailleurs, plusieurs de ses membres ont dû les quitter après avoir assisté aux premières séances. Il est quand même curieux aujourd’hui que l’interpellation de deux ou trois Imams dans le cadre de ces affaires extrêmement sensibles soit sujette à des sorties exagérées de certains «religieux».
Pourtant, depuis 2014, un Imam est aux arrêts pour des liaisons avec les milieux terroristes sans que personne parmi eux n’en parlent. Boubacar Dianko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait été intercepté par la Direction de la surveillance du territoire (Dst) dans la banlieue de Pikine. En contact permanent avec le mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), Dianko avait été arrêté par les services secrets à la frontière au moment où il rejoignait ses «frères» au Nord-Mali. Des liens ont été établis entre lui et l’émir du Conseil consultatif et porte-parole du Mujao, Abdoul Walid Sahraoui.