Madiambal Diagne dévoile le rôle de S. Mountakha dans la reprise de contact entre Amadou Ba et Macky Sall

Le livre « Amadou Ba, la dernière marche » de Madiambal Diagne, est un récit captivant sur la vie politique d’Amadou Ba, Premier ministre du Sénégal et candidat à la présidentielle de 2024. Cette œuvre, préfacée par Mamadou Diagna Ndiaye, décrit l’ascension de Ba, depuis son rôle d’inspecteur des impôts jusqu’à son implication dans les sphères politiques hautes. Elle explore ses relations complexes avec le président Macky Sall, les défis de sa position de ministre, et son implication présumée avec le parti Pastef d’Ousmane Sonko.

L’ouvrage dépeint Amadou Ba comme un acteur clé dans la politique sénégalaise, ayant joué différents rôles majeurs sous la présidence de Macky Sall. Il révèle comment Ba, même en tant qu’opposant à Abdoulaye Wade, a été bien perçu par Macky Sall, qui avait prédit de le nommer ministre des Finances. Cette prédiction s’est concrétisée, bien qu’après quelques rebondissements politiques. Ba a su s’imposer, devenant un « super-ministre » de l’Économie, souvent en désaccord avec d’autres membres du gouvernement et Premier ministre.

Voici les bonnes feuilles du livre « Amadou Ba, la dernière marche » de Madiambal Diagne, paru chez ‘Les éditions du quotidien’:

«Macky Sall et Amadou Ba»

«Amadou Ba a aussi la chance d’être bien perçu par Macky Sall, même du temps où il est opposant du Président Abdoulaye Wade. Lui-même se plait à rappeler qu’il prédit dans une boutade, de faire d’Amadou Ba son ministre des Finances, une fois au pouvoir. Veut-il tenir cette promesse dès l’entame de son premier mandat à la tête du pays ? Dans l’ouvrage ‘’Macky Sall, Derrière le masque’’, publié le 11 septembre 2023, je rappelle qu’Amadou Ba est pressenti pour être membre du premier gouvernement du Premier ministre Abdoul Mbaye formé le 3 avril 2012. Abdoualye Daouda Diallo lui ravit alors la place. « (…) Quand Macky Sall lui demande de s’engager en politique à Dakar dans les rangs de l’Apr, Amadou Ba accepte volontiers et installe sa base au cœur du populeux quartier des Parcelles assainies. Résultat des courses : il se trouve davantage dans la ligne de mire de ses détracteurs qui sont tapis autant dans les arcanes du pouvoir que dans les travées de l’opposition.

«Super-ministre de l’Economie qui fait ombrage» aux Pm

Il prend cependant de plus en plus de la place et se distingue comme le rival de tous les Premiers ministres, Aminata Touré ou Mahammed Boun Abdallah Dionne, et de tous les autres aspirants à la primature. Défaut suprême : il a le cran de refuser des passe-droits à ses collègues du gouvernement, quand bien même ce n’est pas toujours de son propre chef. Infamie supplémentaire : son ministère se renforce, de nouvelles attributions héritées de la suppression du ministère du Plan et de l’aménagement du territoire que dirige un temps Abdoulaye Bibi Baldé… Amadou Ba devient dès lors un super-ministre qui fait ombrage : non seulement il garde les clés du coffre-fort de l’Etat mais, en plus, le Plan Sénégal émergent (Pse) inévitable dans l’action gouvernementale, conçu et porté par ses équipes, lui donne davantage de pouvoirs. Le chef de l’Etat finit par entendre ses récriminations et décide de scinder le portefeuille en deux départements : celui de l’Economie et du plan, qu’il confie à Amadou Hott, et celui des Finances et du budget qui revient, une nouvelle fois, à Abdoulaye Daouda Diallo. Il n’empêche que la plupart des observateurs prédisent sa nomination à la primature.

A la surprise générale, le chef de l’Etat supprime le poste de Premier ministre. Amadou Ba atterrit donc aux prestigieuses Affaires étrangères. Moins d’un an après sa nomination, la covid fait son apparition. Amadou Ba est au front : il coordonne le retour des Sénégalais dans les premières zones atteintes, le rapatriement des corps des victimes, l’appui de nos compatriotes à l’étranger.

(…)

«Nous étions étranges aux Affaires étrangères»

Le contexte de la covid 19 qui empêche les déplacements internationaux ne permet véritablement pas à un ministre des Affaires étrangères de marquer la scène internationale. Il fait long feu à ce nouveau poste, emporté par le remaniement gouvernemental du 1er novembre 2020. Babacar Mbaye ‘’Chopard’’, son attaché de cabinet, ironise : ‘’Nous étions étranges aux Affaires étrangères’’. Amadou Ba n’apparaitra presque plus dans les manifestations et activités publiques. C’est sa traversée du désert.»

Comment Serigne Mountakha a renoué le contact entre Amadou Ba et Macky Sall

Le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké l’encouarge particulièrement à garder cette posture stoïque et silencieuse. Ils nourrissent une vieille et longue relation. Amadou Ba tisse depuis plus de trente ans des liens avec l’actuel khalife général des mourides, qui datent du temps où il est un jeune inspecteur des impôts en poste à Diourbel. L’affection de Serigne Mountakha pour lui est de notoriété publique. Quand Amadou Ba sort du gouvernement en 2020, le guide religieux n’a de cesse de lui conseiller d’attendre son heure, sans broncher. A un moment, Amadou Ba éprouve des difficultés à joindre directement le président Sall. Il s’en ouvre à Serigne Mountakha qui le rassure : ‘’Je vais m’occuper de cela. Vous êtes une bonne personne.’’ C’est ainsi que le contact se renoue entre le président de la République et son collaborateur.»

«Le boulet Ousmane Sonko»

A la création de Pastef d’Ousmane Sonko en 2014, les observateurs sont nombreux à identifier une proximité entre Amadou Ba et ce nouveau parti politique. L’idée largement reçue est que c’est l’outil ou l’instrument politique à la disposition d’Amadou Ba, à qui on commence à prêter déjà des ambitions présidentielles. Le fait que ce parti soit né principalement des flancs du Syndicat autonome des agents des impôts et domaines, une administration dont Amadou Ba est encore le directeur général quelques mois auparavant, semble l’accuser. Et puis, la plupart des dirigeants du parti sont soit ses étudiants à l’Ena, soit ses collaborateurs proches.

«Amadou Ba suggère une affectation ou une rétrogradation au lieu d’une radiation de Sonko»

«Amadou ne fera rien pour démentir ces allégations. Bien au contraire, il aura un comportement qui laissera dubitatif pour ne pas dire suspect. Il a dans son entourage des conseillers comme El Hadji Dialigué Ba et Papa Oumar Diallo, membres fondateurs de Pastef. Il entretient aussi des relations très proches avec Abdourahmane Baldé dit Doura, lui aussi membre de Pastef et lié en affaires à Ousmane Sonko. Et comme si cela ne suffisait pas, Amadou Ba cherche à éviter à Ousmane Sonko la radiation du corps des inspecteurs des impôts et domaines. Le ministre de l’Economie et des finances préconise une mesure de sanction administrative pour punir le récalcitrant syndicaliste inspecteur des impôts qui viole allègrement les règles professionnelles et déontologiques. Il suggère une affectation ou une rétrogradation, au lieu d’une radiation purement et simplement comme le décidera finalement le président Macky Sall, après avis d’un conseil de discipline. Le chef de l’Etat peut compter sur un Premier ministre qui s’appelle Mahammed Dionne, qui tient à ‘’régler son compte à cet arrogant d’Ousmane Sonko’’ et qui accuse ouvertement le ministre de l’Economie et des finances Amadou Ba de collusion avec l’ennemi.»

(…)

«Des membres du gouvernement évitent d’informer le Pm des procédures contre Sonko»

«L’insistance des accusations ne semble pas étrangère au limogeage d’Amadou Ba du poste de ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. ‘’Le Palais’’ est assurément acquis à cette rumeur. Le temps faisant son œuvre, il sera réhabilité et de quelle manière : Amadou Ba devient le Premier ministre. Il n’empêche, la suspicion nourrie quant à des relations entre Amadou Ba et Ousmane Sonko est telle que, même Premier ministre, il est victime d’ostracisme de la part de certains membres du gouvernement qui évitent de l’informer des procédures contre le leader de Pastef». (…) Son silence sur cette question devient assourdissant à un point tel que le président Sall lui demande d’animer une conférence de presse, le jeudi 15 juin 2023, avec quelques ministres, pour évoquer la situation de l’actualité nationale, suite aux émeutes de juin 2023, ayant provoqué seize morts et plusieurs arrestations de manifestants. Il fera le service minimum.»

Avec Emedia.sn

1 COMMENTAIRE
  • limbir

    Ki dou wadji fenafenafen ba gnoul kouuk dimbalima nguir yalla bahi fennnn

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