Macky Sall : "Si les [candidats] n'ont pas le temps qu'il faut pour faire campagne, ce n'est pas de ma faute"

Dans une interview accordée à la BBC ce 20 mars 2024, le Président sénégalais Macky Sall, dont le mandat se termine le 2 avril, a tenté de clarifier sa position sur diverses crises politiques qui ont marqué les derniers mois de son administration. Le chef de l’État a notamment abordé le sujet du report de l’élection présidentielle et de la loi d’amnistie qu’il a initiée, se dégageant de toute responsabilité dans ces événements.

Le Président Sall a fermement défendu la loi d’amnistie, la présentant comme un moyen de pardon et de réconciliation. Cette loi, selon lui, bénéficie même à ceux qui ont menacé sa vie. Il a expliqué : “Ils ne sont pas en compétition avec moi puisque, depuis très longtemps, au moins depuis juillet et bien avant, je n’étais pas candidat pour un autre mandat en 2024. Maintenant, ce n’est pas parce qu’on est politicien qu’on ne doit pas répondre de ses actes devant la loi. Moi, j’ai vu des responsables politiques qui ont prôné que le président doit être tué devant le palais et son corps sorti dans la rue comme Samuel Doe. C’est cela qu’on vient d’amnistier, pour faire le pardon, la réconciliation et que le pays retrouve la paix. On ne peut pas me faire ce genre de procès. Ça, c’est ce qu’on raconte dans la rue et que l’on veut me coller à la peau.”

S’agissant du processus électoral, le Président a exprimé des regrets quant à l’impossibilité d’inclure certains candidats, comme Karim Wade ou Ousmane Sonko, à cause du timing du report de l’élection. Il a souligné sa volonté d’avoir un processus inclusif et que si aujourd’hui les candidats ont très beu de temps pour la campagne électorale, ce n’est pas de sa faut : “Si on m’avait suivi. Il y aurait eu un processus où tous les acteurs seraient candidats, Sonko serait candidat, Karim Wade serait candidat, ainsi que tous les autres, mais on a dit que le processus était engagé et qu’il fallait le finir. Donc, si nous n’avons pas eu le temps qu’il faut pour faire la campagne, ce n’est pas de ma faute, c’est évident.”

Enfin, le Président Sall a rassuré que l’élection présidentielle se tiendra le 24 mai et a réitéré son intention de quitter le pouvoir à l’échéance de son mandat le 2 avril, indépendamment de l’issue de l’élection. Il a déclaré : “Bien sûr, le pays aura une élection le dimanche 24, si Dieu le veut, j’espère que le processus, tel qu’il a été entamé, va se dérouler dans la paix et la transparence, comme le Sénégal sait faire des élections libres et transparentes. Et après, dès le 24 mars, si un nouveau président est élu, nous aurons la chance que je lui passe le témoin. Et bien, s’il n’est pas élu dès le 24, moi, le 2 avril, je m’en vais, car le 2 avril c’est le terme et je n’entends pas rester un jour de plus, comme je l’ai déjà dit.”