Macky Sall minimise t-il trop son opposition? (Par Amadou Lamine Mbaye)

La journée d’hier a été très mouvementée par la marche de l’opposition réunie au sein de de la coalition « Wattou Sénégal ». Une manifestation qui a mis Dakar sens dessus dessous, le temps d’une chaude après midi. Ils étaient tous là, les figures de proue de l’opposition Sénégalaise : Idrissa Seck, Malick Gakou, Abdoul Mbaye, Mamadou Diop Decroix Pape Diop, et le nouveau venu Ousmane Sonko entre autres.

Face à la portée que pourrait avoir cette marche qui selon Jeune Afrique avait réuni près de 3000 personnes, les forces de l’ordre ont réprimé la manifestation.

En plus des lacrymogènes distillées pour repousser et disperser les gens, il y’a eu des arrestations de certains militants des partis de l’opposition. Encore une fois, la police n’a pas laissé les leaders de l’opposition réussir leur coup en sabotant cette marche qui a fini dans un désordre indescriptible.

Et pendant tout ce temps que la ville de Dakar vivait sous cette tension Macky Sall lui était hors du Sénégal. Le Chef de l’Etat qui est accusé d’avoir donné l’ordre de faire avorter cette marche était à Togo

Il s’était envolé à destination du Togo où il devait prendre part à un Sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) sur la sécurité maritime et le développement en Afrique. Tranquillement, le Président qui comble de l’ironie a attendu le lendemain de cette marche pour rentrer au pays, a sans tambours ni trompette pris son avion comme pour dire qu’il a d’autres chats à fouetter laissant la latitude à son ministre de l’intérieur de « gérer » la situation. Une attitude qui conforte l’idée selon laquelle Macky Sall ne semble accorder aucune importance à son opposition.

Le ton était déjà donné avec son fameux cri de guerre « fagning fagn fagn fagn ko wathiathia ».

‘’Je leur avais dit, lors du référendum, que des fois, ils ont envie de goûter à la défaite. Si je reste dans mon coin, qu’ils me laissent tranquille. C’est mieux. Qu’ils soient patients, le mois de mai prochain, encore moins, celui de juin 2019 ne sont plus loin. Je ne parle pas des élections des hauts conseillers des collectivités locales prévues dans un mois, qui ne sont pour moi qu’un entrainement’’. Le président de poursuivre, encore plus caustique : ‘’J’ai entendu des gens dire qu’ils piaffent d’impatience pour les prochaines joutes électorales. J’ai ri sous cap. Ils verront le jour-j. Car, j’ai confiance aux arbitres qui sont le peuple. Le peuple sait qui est qui et qui fait quoi. Il a goûté à tout le monde. Je m’en limite là, sinon, il y aura des gens qui ne vont pas dormir cette nuit’’, avait déclaré le Chef de l’Etat en mai dernier.

Un sentiment de supériorité que Macky Sall a toujours eu à l’endroit de l’opposition qu’il semble minimiser voire même mépriser.

« Mes principaux adversaires? Ce sont les inégalités sociales, le chômage des jeunes, la situation dans les banlieues ou en milieu rural. Si j’ai des soucis à me faire, c’est par rapport à ces défis, que nous devons impérativement relever. Le reste, c’est de la politique politicienne. », avait -il dit dans une interview avec Jeune Afrique en Octobre 2014.