Le premier ministre libanais Hassan Diab, en poste depuis sept mois, a officiellement annoncé ce lundi 10 août la démission de son gouvernement, près d’une semaine après l’ahurissante explosion au port de Beyrouth qui a fait au moins 160 morts, plus de 6000 blessés, et détruit une partie de la capitale.
Le chef du gouvernement, qui se présente comme indépendant, a rendu la classe politique traditionnelle responsable de ses échecs, fustigeant la «corruption» ayant conduit à «ce séisme qui a frappé le pays». «Aujourd’hui, j’annonce la démission de ce gouvernement», a-t-il dit dans un discours télévisé adressé aux Libanais.
Démissions en série
Depuis plusieurs jours déjà, le gouvernement libanais faisait face à la colère du peuple dans des manifestations toujours plus soutenues, mais largement réprimées par les forces de sécurité. Un policier a trouvé la mort dans des heurts à Beyrouth le 8 août et plusieurs centaines de contestataires ont été blessés.
Face aux manifestants, qui réclamaient «vengeance» et des comptes à la classe politique, pas moins de quatre ministres du gouvernement Diab ont démissionné ces derniers jours : le ministre des Finances Ghazi Wazni, la ministre de la Justice Marie-Claude Najm, la ministre de l’Information Manal Abdel Samad et le ministre de l’Environnement Damianos Kattar.
Les autorités, accusées de corruption, de négligence et d’incompétence par la rue – dans la continuité de la contestation populaire déclenchée le 17 octobre 2019 – n’ont d’ailleurs toujours pas répondu à la principale question : pourquoi une énorme quantité de nitrate d’ammonium était entreposée au port, au beau milieu de la ville ?
La déflagration, d’une violence inouïe, a effectivement été causée par 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées depuis six ans au port de Beyrouth «sans mesures de précaution», de l’aveu même du premier ministre Hassan Diab.