« Les Tribunes des rencontres internationales : Victimaire des dirigeants africains ? »

« Les Tribunes des rencontres internationales : Victimaire des dirigeants africains ? »

Dans l’antiquité, on donnait le nom de victimaire au prêtre qui était chargé de l’exécution des victimes lors des sacrifices. En s’inspirant de ces pages sombres de l’histoire de l’humanité, on pourrait qualifier la tribune des Nations Unies comme le nouveau victimaire des chefs d’Etat africains. On se rappelle le regretté Momar El Kadhafi déchirant la Déclaration de la Conventions des NU à cette tribune. Hier, c’était autour du PM intérimaire du Mali de s’adosser à la posture de la victime pour lancer des diatribes dans tous les sens.

Ce qui réjouit beaucoup d’Africains dans ce pamphlet, c’est qu’il a pulvérisé les codes diplomatiques qui enferment les Africains dans les geôles de la périphérie de l’histoire du monde. Mais ce qu’on peut craindre, c’est de voir un tel discours, fouettant la fierté et s’appuyant sur l’émotion, enfermer les Africains dans les geôles psychologiques de victimes ad vitam aeternam. Nous avons passé trop de temps et dépensé trop d’énergie à crier notre sort sur tous les toits, à nous apitoyer sur le sort que la France nous a réservé dans l’histoire de nos rapports avec elle. A force de persister dans ce genre discours qui montre l’Africain comme une victime, on risque de lui ôter toute force mentale pour se poser comme source de solutions rationnelles à ses problèmes.

On n’explique pas dans la colère, on ne fait pas le monde avec des complaintes : il faut affirmer la personnalité du continent en dehors des schémas du dominé, de la victime des intrigues occidentales. Il y a un discours destiné à la mobilisation des foules et un discours propre à l’affirmation d’une identité fière et forte. Trois phrases simples pouvaient résumer l’explication de la situation actuelle du Mali : « Nous avons des amis et des partenaires, mais nous sommes une nation libre, souveraine. Nous sommes jaloux de notre souveraineté comme les autres pays l’ont été durant la guerre contre le nazisme. Que tout le monde s’efforce donc à comprendre que nous ferons tout le nécessaire pour préserver l’unité et l’intégrité de notre nation sans compromettre les droits humains ».

Mon ressenti personnel est que le PM intérimaire a donné trop de place et de poids aux intrigues du gouvernement français et a manqué de hauteur en voulant coûte que coûte opposer le terme « juste malienne » à sa création infantile « junte française ». Cette posture revancharde d’un homme fâché montre que les intrigues de la France sont encore mal digérées par la junte. La tribune des NU doit désormais être un lieu d’expression de la personnalité des Africains et non un lieu de complaintes, de jérémiades. La fin de la domination française se joue d’abord dans nos esprits, il faut nous débarrasser de nos chaines mentales et arpenter les voies du FAIRE au lieu de rester sur les basfonds de la complainte.

L’esclave auteur de la civilisation et qui est devenu le maître du maitre a murit son « grisou dans le secret de sa nuit » (R. Depestre « Minerai noir ») de labeur et de recherche des lois de la nature pour recréer et réformer la culture. Ce qu’on a à faire n’a pas besoin d’être dit en longueur et bruyamment. Il faut arrêter de crier notre « tigritude », il est temps de sauter sur notre proie et de la dévorer (Soyinka). Et pour dire encore un mot sur le sentiment antifrançais qu’on cherche à développer chez les jeunes, il faut préciser que c’est d’une « science » anti-impérialiste dont nous avons besoin pour faire face à toutes les oligarchies étrangères.

* Par Alassane K KITANE

5 COMMENTAIRES
  • 6a323²42

    From Cheikh Diouf in Paris.
    Vraiment certains journalistes sénégalais nous font la honte :Dés qu’une personne prend la parole en critiquant l’attitude française en Afrique ça vous met en colère vous mettez debout pour défendre la France sans se donner la peine d’analyser objectivement si les propos sont fondés ou non .
    A mon avis je pense que la majorité des journalistes sénégalais et hommes politiques (au pouvoir actuel) ne font aucun effort intellectuel pour connaître les problèmes qui opposent les DEUX autorités maliennes et françaises..
    Il serait temps de se réveiller et contribuer à l’effort collectif qui vise à nous faire respecter à ce que nous prenons nos responsabilités,à ce que nous gérons mêmes nos biens, notre vision du monde, notre sécurité , notre indépendance. Il est temps qu’on sache qui nous veut du bien et qui lance des Slogans vides de sens qui n’ont qu’un but ENDOIR les africains (francophone((( terme que je n’aimme)).
    Faisons le bilan sommes nous sortis de la pauvreté ? Dans quel domaine sommes nous bien placés pour que les autres nous en veulent ?
    On est à la queue des autres nations.
    Malgré tout cela vous ( certains journalistes) nous poussez à s’accrocher aux opprimés d’hier et complices de nos émissions d’aujourd’hui !!

  • Farouk Alpha

    Remèdes pour dilater le masculinité
    +229 56 02 49 82

  • kali

    j ai peur pour l Afrique. des jeunes délinquants qui dirigent (Mali, guinée..) et des jeunes délinquants qui aspirent à diriger ( Sénégal…) l Afrique n a pas besoin de ça. Elle a besoin de grands dirigeants avec un bagage intellectuel.

  • ASS

    Alassane, s’il y a quelqu’un qui joue à l’enfantillage c’est bien la France qui n’a rien à dire que de qualifier des dirigeants de pays libre et souverain, légitimé et adoubé par son peuple, de JUNTE.

    • Lamine Diop

      Alassane a entièrement raison !

      Le Mali, incapable de bouter les islamistes hors de son territoire est entrain de mener ses citoyens en bateau en leurs faisant croire que tout le malheur du pays vient de la France.

      Ces soldats de salons ont joué et perdu.
      Le temps est venu de reconnaître qu’ils ne sont pas là solution aux problèmes du Mali.

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