Leçons à tirer du scrutin législatif 2024 : Une démocratie sénégalaise en pleine maturation

Leçons à tirer du scrutin législatif 2024 : Une démocratie sénégalaise en pleine maturation

Le scrutin législatif du 17 novembre 2024 au Sénégal constitue un tournant important dans la trajectoire politique du pays, marquée par plusieurs éléments positifs qui méritent d’être analysés à la lumière des évolutions démocratiques récentes. Ce scrutin s’est déroulé dans un climat relativement apaisé, sans recours manifeste aux biens de l’État, sans violences notables, et sans contestation majeure des résultats, soulignant l’évolution du Sénégal vers un modèle démocratique mature. Voici les principales leçons à tirer de ce processus électoral.

1. L’absence d’utilisation des biens de l’État : Un gage de transparence et de loyauté

L’une des caractéristiques les plus remarquées du scrutin législatif de 2024 est l’absence d’utilisation des ressources publiques à des fins électorales, un phénomène qui a souvent marqué les campagnes précédentes dans divers pays africains. En évitant ce recours aux biens de l’État, l’État sénégalais a envoyé un message fort sur la volonté de garantir une concurrence équitable entre les partis et de respecter les principes de la bonne gouvernance.

Cela marque un progrès significatif dans la lutte contre l’instrumentalisation des ressources publiques au service d’intérêts politiques partisans. Il ne s’agit pas seulement d’un gage de transparence, mais aussi d’une démonstration de la maturité de l’élite politique sénégalaise, qui semble prendre conscience de l’importance de préserver l’équilibre des pouvoirs et de promouvoir une véritable compétition démocratique.

2. Une campagne apaisée : un signe de maturité politique

Contrairement à d’autres scrutins en Afrique, qui sont parfois marqués par des violences et des tensions sociales, les élections législatives du 17 novembre 2024 au Sénégal se sont déroulées dans une atmosphère relativement calme. Peu de violences ont été rapportées pendant la campagne ou lors du jour du vote. Ce climat apaisé est à saluer et témoigne de la prise de conscience des partis politiques et des électeurs sénégalais quant à l’importance du respect des principes démocratiques, notamment l’expression pacifique des opinions.

La stabilité politique obtenue est également le fruit des efforts continus du gouvernement pour maintenir une neutralité institutionnelle pendant le processus électoral, en veillant à ce que les forces de sécurité assurent l’ordre sans s’engager dans des actions répressives excessives.

3. L’absence de contestation des résultats : Une confiance accrue dans le processus électoral

Un autre fait marquant du scrutin du 17 novembre 2024 est l’absence de contestation significative des résultats. En effet, contrairement à des élections passées où des recours juridiques et des manifestations de rue étaient monnaie courante, cette fois-ci, les résultats ont été largement acceptés par la classe politique et la population.

Cette absence de contestation reflète une confiance accrue dans le système électoral et les institutions sénégalaises. Cela peut être attribué à plusieurs facteurs : la transparence du processus électoral, l’indépendance de la Commission électorale nationale autonome (CENA) et l’amélioration de la qualité du fichier électoral, entre autres. Les électeurs et les partis politiques semblent désormais croire que les élections sont menées dans des conditions justes et que les résultats reflètent véritablement la volonté du peuple.

4. Une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale pour le parti au pouvoir : Une légitimité renforcée

Les élections ont permis au parti au pouvoir d’obtenir une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale, ce qui lui confère une légitimité renforcée pour la mise en œuvre de son programme législatif. Toutefois, cette large majorité ne doit pas être perçue comme une victoire du « parti unique », mais plutôt comme un signe que les électeurs ont accordé leur confiance à un projet politique cohérent, en particulier dans un contexte de défis socio-économiques.

Ce type de majorité pourrait également permettre d’adopter des réformes ambitieuses et nécessaires pour le développement du pays. Cependant, il est essentiel que le pouvoir au Sénégal continue de promouvoir un dialogue constructif avec l’opposition et la société civile, afin d’éviter tout risque d’isolement politique et d’assurer un équilibre des pouvoirs au sein de l’Assemblée nationale.

5. Le rôle des jeunes et de la société civile : Un processus démocratique renforcé

Il convient de souligner le rôle croissant des jeunes et de la société civile dans ce scrutin. Les jeunes électeurs, conscients des enjeux politiques, ont participé activement à la campagne et à l’expression de leurs choix politiques. De même, les organisations de la société civile ont joué un rôle clé en surveillant le bon déroulement des élections et en facilitant la transparence du processus. Le fait que les jeunes et les acteurs civils aient eu une influence importante sur ce scrutin démontre que la démocratie sénégalaise continue de se diversifier et de se renforcer, avec une implication accrue des citoyens dans le processus décisionnel.

Conclusion

En somme, le scrutin législatif du 17 novembre 2024 au Sénégal offre plusieurs enseignements importants sur le fonctionnement de la démocratie en Afrique. L’absence d’utilisation des biens de l’État, la réduction des violences politiques, l’acceptation des résultats électoraux sans contestation majeure, et l’obtention d’une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale pour le pouvoir en place illustrent un contexte politique favorable à la consolidation des principes démocratiques.

Cependant, les défis restent importants, notamment en matière de gouvernance, d’inclusion politique et de développement économique. La pérennité de cette stabilité dépendra de la capacité des autorités à continuer à promouvoir un environnement politique transparent et inclusif, où les institutions démocratiques sont respectées et où chaque citoyen peut participer pleinement à la vie publique.Le Sénégal, à travers ce scrutin, montre qu’il est possible de progresser vers une démocratie plus robuste, où l’équité et la justice électorale prévalent, et où la confiance dans les institutions est renforcée.

Dr Tabouré   AGNE

Consultant /Enseignant associé des universités

Sine -Saloum et Bambey

agnetaboure@gmail.com

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