Le rôle de la connaissance et du savoir dans la cité (Par Samba DIAMANKA et Babou SABALY)
A l’échelle locale comme internationale, le sentiment demeure universel que la connaissance et le savoir représentent un facteur fondamental dans la construction et le développement d’une nation.
La puissance d’un pays, d’une région ou d’une quelconque localité repose sur son degré d’intelligence et de formation de sa population. Un territoire donné est susceptible de se priver de nombreux facteurs mais il serait quasi impossible de songer à un véritable développement de celui-ci sans un réel acquis dans le domaine de la connaissance et du savoir.
Dans cette première partie de notre article intitulé « à Kolda, la connaissance et le savoir, relégués au second plan », il est question de mener une réflexion sur le rôle de la connaissance et du savoir dans une cité telle que la région de Kolda.
Il y a de l’unanimité sur le fait que la connaissance et le savoir ont tous les deux un apport considérable dans le rayonnement d’une société ainsi que le plein épanouissement de sa population. C’est par l’acquisition du savoir qu’une localité se construit, se développe, se transforme et se positionne dans les rails de l’émergence. Aussi bien la connaissance que le savoir contribue à booster et à réveiller l’esprit innovateur et créateur d’une cité.
Cependant, force est de constater que dans certaines parties du Sénégal plus particulièrement dans cette région de Kolda, la quête de la connaissance et du savoir tend à être rangée dans l’armoire des oubliettes. La voie de la recherche de connaissance ou du savoir semble être considérée par certains comme une voie périlleuse, glissante et difficile d’accès voire impossible à emprunter.
Au-delà de l’inertie ou l’indolence notée de la part de la jeunesse à s’adonner à la recherche du savoir, il existe une carence notoire de ressources pédagogiques dans la capitale du Fouladou. Or, on a souvent tendance à oublier que l’investissement le plus prometteur et porteur d’espoir que l’on puisse entreprendre pour le devenir radieux d’une localité est indubitablement celui orienté vers l’acquisition de la connaissance et du savoir.
Ceci, faut-il bien avoir le courage de le mentionner, pour la bonne et simple raison que dans un monde profondément et fortement soumis à la concurrence, une localité ne saurait être économiquement et politiquement pesant si elle n’a pas un certain poids dans ce domaine.
Il faut oser le dire et le clamer haut et fort, on ne s’en rend peut-être pas tous compte de l’état de fait mais la machine de production littéraire comme scientifique tourne à contrecourant. La connaissance et le savoir sont dans une triste perte de vitesse à Kolda. Les initiatives d’encouragement de la recherche sont quasi-inexistantes dans cette région.
La situation est alarmante.
Le lamentable constat nous force à affirmer clairement qu’à Kolda, il est plus facile de faire du marathon autour d’un «diambadong» que de se procurer un livre dans une bibliothèque, une librairie encore moins de devoir faire sa lecture et le boucler.
Pourtant, il fut un temps où cette partie du Sénégal était chantée et enviée dans les quatre coins du pays du fait de la fertilité de sa crème intellectuelle qui aujourd’hui se tarit à mesure que l’on remarque un manque de volonté manifeste d’investissement intelligent et structurant dans le domaine de la production et de la transmission du savoir. Au regard de tout cela, une question s’impose: Quelle doit être la posture de nos autorités ?
Commençons cette partie par rappeler un fait inédit qui a véritablement changé le destin des millions de personnes. Nous sommes précisément le 2 janvier 1990 lorsque Léopold Sédar Senghor, Président du Sénégal d’alors, crée officiellement l’Université Gaston Berger de Saint-Louis pour non seulement répondre à un besoin de «fournir à la nation sénégalaise les cadres dont elle a besoin », mais également et surtout pour appuyer «la recherche scientifique au niveau national et international». Que serait Saint-Louis, alors, sans cette université qui, aujourd’hui, fait la fierté de tous les Sénégalais ? La capitale du;Nord aurait-elle toute cette aura dont elle dispose à ce jour ? Combien de Sénégalais et d’Africains ont «réussi leur vie » grâce à cette institution ?
Certes, il est vrai que nos autorités n’ont pas, d’abord, la posture de Senghor parce qu’elles n’ont pas occupé le poste de Président de la République. Mais, elles sont mieux placées que Pape Malick Barros et Sylvia Arthur pour faire quelque chose de grandiose. Le premier est un Sénégalais de 29 ans qui vit à Dakar et qui a mis en place une bibliothèque de « 4.500 livres d’auteurs d’Afrique subsaharienne et d’ailleurs ».
La deuxième, par contre, est une Ghanéenne qui a fondé, elle aussi, une bibliothèque dédiée à la littérature africaine qui dispose, à ce jour, plus de 4000 ouvrages. Pourquoi ce Sénégalais et cette Ghanéenne ont jugé opportun de créer une bibliothèque ? La réponse est simple. Comme Victor Hugo, ils ont compris que « l’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas ».
Mais, comment engraisser ou grossir l’esprit si l’on ne dispose pas de documents, si la ville dans laquelle on vit ne possède pas une bibliothèque digne de ce nom, si la connaissance et le savoir sont relégués au second plan au profit d’activités futiles et lucratives, si nos autorités ne soucient guère à cette assertion de Michel Saint-Denis selon laquelle « Lire, c’est vivre en pleine lumière ? »
Autant dire que vouloir s’abreuver de connaissances et de savoirs à Kolda devient une vraie quête du Graal. Voilà pourquoi, il serait important que nos autorités adoptent une autre posture, qu’elles mettent en avant le savoir et la connaissance dans leurs différents programmes de développement pour faire de Kolda une ville où jaillissent lumière et lueur.
Et pour cela, nos autorités, à défaut de créer une bibliothèque communale ou un centre de documentation, doivent, au moins, penser à équiper, en qualité et en quantité, le centre culturel régional de Kolda. Parce qu’il faut le dire haut et fort sans frémir ni tergiverser encore moins chercher des faux-fuyants le Centre culturel régional de Kolda est aussi pauvre qu’un rat d’église. On y trouve que quelques romans africains et français dont la majeure partie ne sont pas actuels. Ein ce qui concerne les livres méthodologiques et théoriques, ils sont inexistants. Le centre aussi ne dispose que d’un seul dictionnaire de référence (Le Petit Larousse Grand format. Paris : VUEF, 2002).
Alors, comment dans ces conditions peut-ton chasser les ténèbres qui obscurcissent cette province du Fouladou ? Les intellectuels koldois, ceux qui sont encore à l’école, dans les universités, surtout les Mastérants et les Doctorants, peuvent-ils mener à bien leurs recherches dans ce lieu dKie savoirs et de connaissances si pauvre ? Et que dire des jeunes écrivains du Fouladou, ceux-là qui doivent toujours lire pour perfectionner leur plume ? L’absence d’une bibliothèque communale ou d’un centre culturel digne de ce nom ne serait-il pas l’une des raisons qui explique les faibles taux de réussite de nos jeunes apprenants ? Voilà pourquoi, nous interpellons nos autorités.
Nous leur demandons solennellement de faire des efforts ne serait-ce pour doter un lot important de livres à notre centre culturel pour le grand bonheur des écoliers et des jeunes chercheurs koldois. Notre région mérite d’avoir le bonheur de posséder un lieu de recherche comme l’institut Français de Saint-Louis ou à l’image du Centre culturel de Ziguinchor.
Par Samba DIAMANKA et Babou SABALY
Très belle analyse !
La région de KOLDA a besoin être poussée au premier rang. Et pour arriver à cela, il faut que les vrais débats soient posés. La sève de la jeunesse c’est son union pour relever tout défi pouvant participer au procès de sa cité. Notre plus grand problème c’est le fait d’avoir une jeunesse dépourvue de vision et de patriotisme.
On a pas un problème d’éducation parce que ce sont les signes fils de cette région qui remplissent les universités d’année en année, cependant fort est de dire que la jeunesse est vouée à une quête dérisoire de profil. Elle oublie ou ignore son rôle.
Nos ancêtres et parents, nous leur serons toujours redevables du travail remarquable qu’ils ont fait en nous inscrivant dans les écoles religieuses et françaises pour une acquisition de connaissances afin de pouvoir participer aux développements de notre région.
Une belle analyse
Le temps joue en faveur du continent africain à condition qu’il n’y est pas des guerres.
J’ai bien aimé cet article et je pense que les autorités koldoises vont le lire et répondre à cet appel.
Vous êtes une référence aujourd’hui dans la région kolda. Vous êtes conscients des enjeux. Et je pense bien le développement d’une localité repose sur sa jeunesse consciente et bien éduquée. Donc jeunesse koldoise, nourissons nos âmes en lisant beaucoup dans différents domaines.
Et s’ils refusent de réfléchir et s’insultent comment faire pour comprendre comment cette esprit fonctionne dans la nature.?